Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/08/2014

Il me paraît que la dernière comète n'a pas fait grand bruit : on est si occupé des affaires de terre et de mer que les célestes sont oubliées de toutes façons

... Pour s'en convaincre, il n'est qu'à suivre l'actualité telle qu'on peut le voir (et lire) sur : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1910-Monde.htm?rub=2

Qui se soucie de Rosetta la sonde et Tchouri la cabossée ( 67 P/T pour les intimes ) à des milliards de kilomètres de nous ?

Moi ! et quelques autres qui admirent le génie humain capable de réaliser de tels exploits scientifiques et techniques, tant pour le confort et la santé que pour répondre à des questions qui semblent dépourvues d'intérêt à la majorité . Je ne citerai pour exemple que l'invention et la mise au point de la chambre proportionnelle multifils de Georges Charpak qui de la recherche pure de particules sub-atomiques a eu une application médicale qui sauve des vies . 

http://www.leparisien.fr/sciences/espace-la-sonde-rosetta-a-rendez-vous-avec-la-comete-tchouri-06-08-2014-4049347.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.google.fr%2Furl%3Fsa%3Dt%24rct%3Dj%24q%3D%24esrc%3Ds%24source%3Dnewssearch%24cd%3D1%24ved%3D0CB8QqQIoADAA%24url%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.leparisien.fr%252Fsciences%252Fespace-la-sonde-rosetta-a-rendez-vous-avec-la-comete-tchouri-06-08-2014-4049347.php%24ei%3DSYjjU5rfDcbMyAPg54C4Ag%24usg%3DAFQjCNFX8BdcZGQcY84aWvi-zgotZnpu4Q%24bvm%3Dbv.72676100%2Cd.d2k

 tchouri rosetta.jpg

 Qui sait si quelques uns de ses atomes ne sont pas en nous ?

 

 

« A George KEATE ,1
Nando's Koffee-House 5, London 2.
Aux Délices, près de Genève, 20 juin 1759.
Ma mauvaise santé, monsieur, m'a empêché de vous remercier plus tôt; et me prive même de l'honneur de vous écrire de ma main. J'ai lu avec un très-grand plaisir le mémoire contre les Hollandais ; il me paraît aussi bien fait qu'il puisse l'être. Il me semble qu'on n'écrivait point ainsi autrefois ; les affaires publiques étaient traitées ou avec une sécheresse rebutante, ou avec
une emphase ridicule; vous me paraissez aussi bons écrivains que bons marins.
Votre Milton me devient bien précieux puisqu'il vous a appartenu. Je le conserverai comme un monument de votre amitié. J'ai appris par les papiers publics la mort de M. Falkener, 3 mon ancien ami. J'en suis sensiblement affligé ; ce sera une grande consolation pour moi de retrouver en vous les sentiments dont il m'avait toujours honoré.
Il me semble qu'on imprima l'année passée des mémoires concernant la Russie par le lord Withworth 4; si vous aviez un moment à vous je vous supplierais de vouloir bien me dire si ces mémoires sont en effet de ce ministre, et s'ils sont estimés. Je dois supposer, par tout ce qu'on m'en a dit, qu'ils sont assez curieux. Je n'ose vous supplier de me les faire parvenir: il n'y aurait qu'à les envoyer par la poste, par la voie de Hollande, en feuilles, afin que cela n'eût point l'air d'un livre dont la poste ne se chargerait pas. Cet ouvrage m'est plus nécessaire qu'à personne, étant chargé par la cour de Pétersbourg de faire l'histoire de Pierre le Grand. Je commence même à faire imprimer le premier volume; ainsi il n'y aurait pas un moment à perdre. Je ne sais aucune nouvelle de littérature. Il me paraît que la dernière comète 5 n'a pas fait grand bruit : on est si occupé des affaires de terre et de mer que les célestes sont oubliées de toutes façons.
J'ai l'honneur d'être bien véritablement et de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire. »

1 Lettre originale signée, avec cachet IY au dessus d'un 3 dans un cercle, mention « f[ran]co Lugen » .Communiquée à l'Illustrated London News, par M. John Henderson, esq., possesseur de l'original, qui est de la main d'un secrétaire.
— George Keate, écrivain agréable, était né vers 1729 ou 1730. Il avait habité quelque temps Genève, où il connut Voltaire, et, de retour en Angleterre, il resta en correspondance avec lui.

2 Nando's Koffee-House était à la pointe est d'Inner Temple-lane, dans Fleet- street, tout près de la boutique de Bernard Lintot, le libraire. (Voyez Cunningham's handbook of London, page 348 : rechercher « Nando's » dans : http://archive.org/stream/handbookoflondon00cunn/handbookoflondon00cunn_djvu.txt

.)

3 Sir Everard Fawkener est mort le 16 novembre 1758 . http://en.wikipedia.org/wiki/Everard_Fawkener

5 Comète de Halley :http://fr.wikipedia.org/wiki/1P/Halley

 

 

Je suis un vieillard très- indulgent; il faut, en plaignant les malheureux, applaudir à ceux qui égaient de leurs malheurs

... Et me revient aussitôt en mémoire Pierre Desproges qui fit rire avec le cancer qu'il subit courageusement .

 https://www.youtube.com/watch?v=eD8YSBrjqNI

 https://www.youtube.com/watch?v=GmPOq7N6QwM

 pierre-desproges-5853-1200-768-f47a00-3f005f-1-1.png

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 18 juin [1759].1
Madame, j'ai également à me plaindre de la guerre et de la nature. L'une et l'autre conspirent à me priver du bonheur de faire ma cour à Votre Altesse sérénissime ; la vieillesse, les maladies, et les housards, sont de cruels ennemis. J'ai bien peur, madame, que ces housards ne demandent un peu de fourrage à vos États, et qu'ils payent fort mal leur dîner et celui de leurs chevaux. Du moins, madame, votre beau duché (reste d'un duché encore plus beau), n'aura rien à reprocher à la cavalerie française. Je crois que depuis Rosbach 2 elle a perdu l'idée de venir prendre respectueusement du foin dans vos quartiers.
Il me paraît que le roi de Prusse, qui attaquait à droite et à gauche autrefois comme le bélier de la vision de Daniel 3, est totalement sur la défensive. Pour nous, nous sommes sur l'expectative, et Paris est sur l'indifférence la plus gaie. Jamais on ne s'est tant réjoui, jamais on n'a inventé tant de plaisanteries, tant de nouveaux amusements. Je ne sais rien de si sage que ce peuple de Paris, accusé d'être frivole. Quand il a vu les malheurs accumulés sur terre et sur mer, il s'est mis à se réjouir, et a fort bien fait : voilà la vraie philosophie. Je suis un vieillard très- indulgent; il faut, en plaignant les malheureux, applaudir à ceux qui égaient 4 de leurs malheurs.
Je renouvelle mes remerciements très-humbles à Votre Altesse sérénissime ; sa protection, au sujet des paperasses 5 touchant le czar, fait ma consolation. Je me mets à ses pieds avec le plus profond respect.
Le Suisse V. »

1 Voltaire à Ferney la date du 8 juin 1759 .

3 Ceci montre encore une fois une connaissance parfaite de la Bible ; Selon Daniel viii,4, un bélier apparut en songe à celui-ci, frappant de ses cornes vers l'ouest, le nord et le sud , mais un bouc armé d'une seule corne survint, qui frappa le bélier, le jeta à terre et le foula aux pieds .

4 Certaines éditions mettent «  narguent" ou "rient ».