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04/01/2015

si les hommes étaient moins fous et moins méchants qu'ils ne sont, chacun cultiverait ses champs sans dévaster ceux de ses voisins

... Sillons célestes, sillons terrestres, lesquels sont les plus faciles à tracer ? lesquels rapprochent le plus les humains ?

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 25 décembre,[1759] et n'a pu partir que le 29.
Madame, j'ai reçu la lettre par laquelle Votre Altesse sérénissime daigne m'instruire que Mlle Pestris approuve mes démarches auprès de son banquier.1 Je crois qu'il ne tient qu'à lui de s'accommoder avec ses créanciers. Il m'a écrit par un correspondant.
J'avoue, madame, que je ne m'entends point du tout à [ces]2 sortes d'affaires. Je ne fais que rapporter des paroles avec simplicité et fidélité, pour le bien de deux ou trois familles. Je sais que je ne suis qu'un pauvre laboureur qui cultive en paix quelques arpents, et qui est fort heureux de manger les fruits de ses terres.
Les affaires de finance me sont aussi étrangères que celles de la guerre. J'ai actuellement environ deux lieues de pays à gouverner, et je ne conçois pas comment on en peut gouverner davantage par soi-même. Mais il me semble que si les hommes étaient moins fous et moins méchants qu'ils ne sont, chacun cultiverait ses champs sans dévaster ceux de ses voisins.
Je ne manquerai pas, madame, d'envoyer par la première occasion, aux pieds de Votre Altesse sérénissime, la copie de la nouvelle pièce 3 que nous avons jouée dans un de mes petits hameaux. Grande maîtresse des cœurs 4, j'implore votre appui; secourez-moi auprès de madame la duchesse, et si je l'ennuie, obtenez ma grâce.
Je souhaite à Vos Altesses sérénissimes, pour l'année 1760, l'éloignement de tout housard, de tout pandour et de tout kalmouk; un bonheur tel que vous le méritez, et tous les avantages qui sont dus à votre auguste maison. Le peu d'années que j'ai encore à vivre seront consacrées, madame, à vous témoigner mon profond respect et mon attachement inviolable. »

1 La lettre du 18 décembre 1759 dit : « La demoiselle Pertriset n'est guère aimable mais son adresse est excellente . Ne vous embarrassez pas de bien ou mal orthographier le nom de Bechtolsheim pourvu que le banquier [Frédéric II] reçoive surement vos avis et qu'il sache en profiter . Il est vrai qu'il semble n'être pas trop bien bien dans ses affaires […] Il y a des heureux hasards […] Il ne faut donc pas encore renoncer à tout remède tant que le malade donne encore des signes de vie […] on l'accuse que le dérangement de ses finances a été en grande partie produit par sa faute mais en même temps l'on assure qu'on lui prête des secours pour pouvoir s'acquitter de ses dettes [...] »

2 V* a omis ce mot .

4 Mme de Buchwald ; voir lettre du 4 octobre 1754 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/09/24/j-ai-peu-de-relations-avec-la-republique-des-lettres-et-des.html