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05/01/2015

voyez d'un œil tranquille nos énormes sottises

... Si je peux dire qui fait d'énormes sottises, -vous et moi-, je suis en peine pour vous dire qui peut garder un oeil tranquille à cette vue . Dieu ? mon chat ?

 De quoi faire un peu la gueule , quand même !

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

28è décembre 1759, aux Délices

Jouissez de la santé, madame, l'année 1760 , n'ayez point mal aux yeux, comme moi, qui ne peux vous écrire de ma main ; vivez avec votre amie, et avec monsieur votre fils, tant que vous pourrez : voyez d'un œil tranquille nos énormes sottises ; mettez à la tontine, et enterrez votre classe . J'ai envoyé un gros paquet à Collini dans lequel il y a une lettre pour Mgr l’Électeur palatin et une autre pour le valet de chambre favori ; il devrait l'avoir reçu . Les bontés dont vous l'honorez, madame, me mettent en droit de vous prier de l'en avertir .

On dit qu'on a roué le révérend père Malagrida . Dieu soit béni 1. Vous aviez deux jésuites bien insolents, l'un à Strasbourg, l'autre à Colmar 2; M. le premier président votre frère ménageait ces maroufles . Ne sait-il pas qu'ils sont à présent fort au dessous des capucins ? Je mourrais content si la paix était faite , et si je voyais les jansénistes et les molinistes écrasés les uns par les autres .

Mille tendres respects .

V. »

1 V* est ici assez emporté par son aversion des jésuites pour approuver un supplice qu'il dénoncera hautement et avec raison plus tard dans l'affaire La Barre .

2 Jean-Michel Kroust, professeur de théologie à Strasbourg et son frère Antoine, recteur du collège de Colmar ; V* avait eu à faire à ce dernier en 1754 à la suite de l'affaire de Francfort et il l'avait mis en scène au chapitre XV de Candide ( http://www.monsieurdevoltaire.com/article-candide-ou-l-optimisme-chapitre-xv-120076095.html ) . voir aussi la lettre du 26 décembre 1754 à Dupont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/29/nous-ne-pouvons-nous-passer-ni-d-habits-ni-de-livres.html

 Les deux Kroust se retirèrent à Porrentruy pour y mourir, le premier en 1770, François- Antoine en 1776. 

Voir aussi : http://beauchesne.immanens.com/appli/article.php?id=12169

et : https://books.google.fr/books?id=tucAp3o-frAC&pg=PA1781&lpg=PA1781&dq=Jean-Michel+Kroust,+professeur+de+th%C3%A9ologie&source=bl&ots=w1Zf-F0YqQ&sig=NPaDySja-I_OVfBr5JqyFWeyiS4&hl=fr&sa=X&ei=6ZyqVMOoOufN7QaWhIHoDg&ved=0CCwQ6AEwAg#v=onepage&q=Jean-Michel%20Kroust%2C%20professeur%20de%20th%C3%A9ologie&f=false

 

 

à cet âge de 66 ans on joue contre ceux de 60 ans qui auraient dix chances contre moi quatre . Ce n'est pas le jeu

... Heureusement ce cher Volti a vécu encore 18 ans et a inversé la cote en sa faveur, quelques uns en ont fait les frais et ce n'est que justice ; ceux qui se sont réjoui en voyant "Le Viager" avec Serrault comprendront le plaisir de gagner contre ceux qui comptent sur votre mort prochaine .

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« A Ami Camp

banquier

à Lyon

Aux Délices 28 décembre [1759]

Je crois, monsieur, que votre cher et estimable associé sera parti avant que vous ayez reçu ma lettre 1. Je lui souhaite un heureux voyage, et je crois que pour le bien des affaires il faut lui souhaiter un long séjour .

Voici un petit reçu qui nous vaudra 6500 livres en son temps pour joindre à notre magot . M. Tronchin me propose de mettre à la tontine 5200 livres de coupons et 5200 d'argent . Je prendrais ce parti si je n'avais pas soixante et six ans avec une santé faible . De plus à cet âge de 66 ans on joue contre ceux de 60 ans qui auraient dix chances contre moi quatre . Ce n'est pas le jeu . On pourra traiter de la paix cet hiver quoiqu'on ne la fasse pas . On pourra même envoyer des plénipotentiaires et alors les effets publics reprendront faveur . On pourrait alors vendre mes coupons avec une perte médiocre à ceux qui voudront acquérir des tontineries ; et dès qu'on pourra sans beaucoup de perte vendre mes autres effets royaux et verreux 2, on me fera plaisir . C'est ce que je vous prie de mander à notre cher ami . Vous pourriez même lui envoyer ce feuillet . Je n'aime que les prés, et point du tout les loteries et annuités, et suis de tout mon cœur

votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

2 Ancienne forme d'orthographe pour vereux .