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09/01/2015

les dieux ne se mêlent pas des affaires des banquiers

... Pour cela il faudrait d'abord qu'ils existent ! bien qu'il y ait un ersatz de preuve : les paradis fiscaux, où les élus adorent le saint Profit .

Un banquier je crois bien savoir à quoi ça ressemble, mais un dieu : mystère et boule de gomme !

Allah, Yaweh, Vichnou ( la paix), la Sainte Trinité sont bien dignes des contes des Mille et une nuits racontés par leurs prophètes qui n'incitent pas vraiment à la fête . Les dits prophètes feraient un super flop dans la plus minable des téléréalités du style "Devine mon secret" ou "Devine qui m'a emporté au ciel" . Et il est encore des cinglés qui tuent en leur nom !  Comme dit si bien Volti : "quel Jupiter les remettra chacun à sa place?"

 

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 Ni dieu, ni maître

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices 4 janvier 1760
Madame, le paquet de ce banquier 1 que Votre Altesse sérénissime protège arriva deux heures après que je l'eus informée que je ne l'avais pas reçu. Les affaires qu'il discute avec les créanciers de nos quartiers sont un peu épineuses : je les ai vivement recommandées au syndic de Genève. Comment n'aurais-je pas infiniment à cœur, madame, les choses auxquelles elle s'intéresse? Je ne les entends point ; mais je presse comme si je les entendais. Peut-être le syndic de Genève ne les entend-il guère mieux que moi, car on dit que c'est un chaos, et qu'il faudrait un dieu pour le débrouiller; mais les dieux ne se mêlent pas des affaires des banquiers : puissent-ils finir bientôt, madame, les déplorables affaires de l'Europe ! C'est là qu'est le vrai chaos. Les quatre éléments se combattent et sont confondus ensemble ; quel Jupiter les remettra chacun à sa place?
Je crois qu'Arminius est le nom de baptême du prince héréditaire de Brunswick 2. Homère dit quelque part : Il fit trois pas, et au troisième il fut au bout du monde 3. C'est bien aller. M. le prince de Brunswick voyage à peu près dans ce goût.
Hélas! quand pourrai-je, moi chétif, faire cent mille pas pour me faire introduire à vos pieds, madame, par la grande maîtresse des cœurs, pour renouveler à Votre Altesse sérénissime le respect le plus profond et le plus tendre, ainsi qu'à votre auguste maison ?

V.»

2 Il s'agit de Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick-Wolfenbüttel, héritier et successeur du prince Charles ; V* le compare pour ses succès à Arminius, le ce f germain qui vainquit les Romains à la bataille de Teutoburger Wald .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Guillaume-Ferdinand_de_Brunswick-Wolfenb%C3%BCttel

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Teutobourg

3 Homère, L’Iliade, XIII, 20 ; voir Ulysse au royaume de Poséidon : « Il fait trois enjambées ; à la quatrième, il atteint son but, Ægès, où un palais illustre lui a été construit dans l’abîme marin, étincelant d’or, éternel. » : http://expositions.bnf.fr/homere/arret/10.htm

 

Il n'y a que le bonheur de venir vous faire ma cour qui puisse consoler ce pauvre Suisse V.

...

 

 

 

«  A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
2 janvier 1760.
Madame, je reçois dans ce moment, à midi, un instant avant que la poste parte, la lettre dont Votre Altesse sérénissime m'honore, en date du 24 décembre ; mais le paquet qu'elle daigna m'envoyer, le samedi 22, ne m'est point parvenu. Votre Altesse sérénissime a la bonté de me dire qu'elle a dépêché ce paquet assez gros sous le couvert connu : est-ce par un banquier de Francfort ? est-ce par M. de Valdener? Enfin, madame, je n'ai point ce paquet, qui contenait les précieux témoignages de vos
bontés. Je vous avoue que je suis au désespoir. Il n'y a que le bonheur de venir vous faire ma cour qui puisse consoler ce pauvre Suisse V., qui vous sera attaché jusqu'au tombeau avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable. »

 

la notoriété publique ne suffit pas pour constater un droit de haute justice

... Et une interprètation abrutissante de l'islam , -et toute autre déviance religieuse,-  ne donnent pas le droit de vie et de mort sur le reste des humains .

Tolérance, quand seras-tu une vertu respectée ?

je suis charlie voltaire a ferney.png

 http://blog.voltaire-a-ferney.org/

 

 

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon.
Aux Délices 2 janvier 1760.
J'ai l'honneur, monsieur, de présenter mes respects à toute votre famille, et à vous surtout, du meilleur de mon cœur au commencement de cette année. J'attends vos ordres pour la conclusion de l'affaire de Tournay 1. Je me flatte que quand vous serez débarrassé des premiers soins qu'exige votre séjour à Dijon, vous voudrez bien instruire le sieur Girod 2 de vos volontés et l'honorer de vos pleins pouvoirs.
Permettez aussi, monsieur, que je vous supplie de me faire communiquer les pièces concernant les droits de la terre. La petite affaire de Panchaud 3 me rend surtout cette communication nécessaire. Vous savez bien, monsieur, que la notoriété publique ne suffit pas pour constater un droit de haute justice. Il faut quelque acte, quelque exemple. Le lieu nommé la Perrière est situé sur un fief de Genève. Il est à présumer dès lors que le seigneur de Tournay n'a pas droit de juridiction dans cet endroit. On dit que, quand il y a eu des catholiques dans ce terrain, ils ont été à la messe à Chambésy. Mais, monsieur, une messe n'établit point une haute justice. Quant à la justice qu'on a rendue au nommé Panchaud, il n'est pas croyable que cet homme ait été condamné à un bannissement perpétuel uniquement pour avoir défendu ses noix. On assure qu'il a été condamné pour des délits commis longtemps auparavant; il est donc de votre équité et de votre intérêt, monsieur, vous qui jouissiez alors de la terre, que les frais ne soient pas exorbitants, et que la haute justice sur la Perrière soit bien constatée. En ce cas, j'y ferai mettre quatre poteaux.
Je suis honteux de vous importuner de ces minuties. Votre Salluste 4 m'intéresse bien davantage, et la lenteur des Cramer m'étonne. J'imagine, monsieur, que vous vous êtes étendu sur de la république, sur le gouvernement de la Mauritanie, sur les changements arrivés dans l'Afrique, sur l'extrême différence des peuples qui l'habitaient alors avec ceux qui la désolent de nos jours, et qui la rendent si barbare. Quelque parti que vous ayez pris, on ne peut attendre de vous que du plaisir et des instructions. Je voudrais pouvoir me rendre digne de votre confiance et de vos ordres ; vous verriez au moins par mon zèle avec quelle estime et quelle amitié respectueuse je vous suis attaché.

 

V. »


 

1 V* répond à une lettre envoyée vers le 20 décembre : « Votre première proposition est, je vous offre 140000 livres . La mienne est : j'en demande 155000 livres . Votre seconde proposition est, partageons le différend . Eh bien soit, partageons . Le différend est de 15000 livres . Le partage est 7500 livres chacun . Or donc reste de votre part 147500 livres . Sur quoi vous en avez payé 35000 livres . Reste 112500 livres . Tous les Bernouilli du monde ne feraient pas une équation plus juste . »

 

 

 

4 De Brosses disait de son livre : « C'est un bâtiment immense dont j'ai recherché les pierres tout l'hiver et que j'ai réédifié de nouveau . Quant à l'autre écrit dont vous parlez, motus : je n'ai point de part à cela ; il ne paraitra jamais de ma façon . Eh que dirait le pieux abbé de La Blétherie ? Que disait le savant comte de Caylus ? Ils brûleraient l'ouvrage en holocauste devant une image du diacre Pâris à califourchon sur un sphinx. » Voir aussi la lettre du 23 septembre 1758 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/mon-grand-plaisir-serait-de-n-avoir-affaire-de-ma-vie-ni-a-u.html

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Philippe-Ren%C3%A9_de_La_Bl%C3%A9terie

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses#.C5.92uvres