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23/01/2015

I am indeed yr friend, since you are a man without prejudices, a man of every country / Je suis, à la vérité, votre ami, depuis que vous êtes un homme sans préjugés, un citoyen de tous pays

... "Sans préjugés", "de tous pays" : quel rêve pour quiconque aime la paix et l'union fraternelle .

Mais comme on est loin de cela quand on voit tant d'envie de divisions chez ces humains qui revendiquent quelques arpents d'une terre qui n'a ni Dieu ni maître en réalité et qui aura le dernier mot en recyclant leurs misérables carcasses . Comme on est loin de l'humanisme d'un mien grand-père, né en 1880, et qui a toujours trouvé stupide la notion de frontières territoriales, qui sont loin d'être des garants de paix, qui sont bonnes seulement pour ceux qui ont peur de "l'autre".

 

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C'est mieux comme ça !

 http://www.lepartenariat.org/?option=com_content&view=article&id=15&Itemid=115

 

« A George Keate

You are not, dear Sir, like most of yr countrymen, who forget their friendships contracted in terra so soon as they are pent up in their island. You remember me. I am indeed yr friend, since you are a man without prejudices, a man of every country. Had I not fixed the seat of my retreat in the free corner of Geneva, I would certainly live in the free kingdom of England ; for though I do not like the monstrous irregularities of Shakespear, though I admire but some lively and masterly strokes in his performances, yet I am confident no body in the world looks with a greater veneration on yr good philosophers, on the croud of yr good authors ; and I am these thirty years the disciple of yr way of thinking. Yr nation is at once a people of warriours and of philosophers. You are now at the pitch of glory, in regard to publick affairs ; but I know not whether you have preserv'd the reputation yr island enjoy'd in point of litterature when Addison, Congreve, Pope, Swift, were alive. However, you kan not be so low as we are. Poor France, at the present time, has neither navy, nor money, nor plate, nor fame, nor wit. We are at the ebb of all. I have read the life of Mme de Pompadour, printed at London 1. Indeed, Sir, t'is a scurrilous book. I assure you there is not one page of truth.
Pray, in case some good book appears into yr world, let me be inform'd of it 2.
Adieu, mon cher jeune philosophe, je compte sur votre souvenir, et je vous aimerai toujours.
Yr for ever,
Voltaire

Aux Délices 16 janvier 1760 n.s. ».

1 Communiquée à l'Illustrated London News, par M. John Henderson, esq. (voir la lettre du 20 juin 1759 à Keate : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/07/i... ). L'original, en anglais, est de la main de Voltaire.

2 Traduction: « Vous n’êtes pas, cher monsieur, comme beaucoup de vos compatriotes, qui oublient leurs amitiés contractées sur le continent aussitôt qu'ils sont rentrés dans leur ile. Vous vous souvenez de moi. Je suis, à la vérité, votre ami, depuis que vous êtes un homme sans préjugés, un citoyen de tous pays. Si je n'avais pas fixé le lieu de ma retraite près du libre territoire de Genève, j'aurais certainement voulu vivre dans le libre royaume d'Angleterre : car, quoique je n'aime pas les monstrueuses irrégularités de Shakespeare, je ne laisse pas d'admirer les traits de génie qui brillent dans ses créations; j'ai la certitude que personne n'a plus de vénération pour vos bons philosophes, pour la foule de vos bons auteurs. Voici trente ans que je suis votre disciple dans la manière de penser. Votre nation est à la fois un peuple de guerriers et de philosophes. Vous êtes maintenant au faite de la gloire, quant aux affaires publiques. Mais je ne sais si vous avez gardé la réputation dont votre ile jouissait, sous le rapport de la littérature, lorsque Addison, Congrève, Pope, Swift, étaient vivants. En tout cas vous ne pouvez être aussi bas que nous. Pauvre France! aujourd'hui elle n'a plus ni marine, ni monnaie, ni vaisselle d'argent, ni renommée, ni esprit. Nous sommes au déclin de tout.
J'ai lu la
Vie de Mme de Pompadour, imprimée à Londres. En vérité, monsieur, c'est un livre bouffon. Je vous certifie qu'il ne s'y trouve pas une page de vérité.
Je vous prie, si quelque bon ouvrage parait parmi vous, de m'en informer. »