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28/01/2015

le blé et les équipages ont été saisis par le brigadier qui a dit que je ne lui avais pas donné assez de blé cette année pour sa cuisine

... Est-ce un tel motif qui a poussé deux policiers à se faire du blé en étant trafiquants de drogue ? une raison alimentaire ? élémentaire mon cher Watson ! Pour tout dire ce sont deux pourris à mettre hors d'état de nuire sans circonstances atténuantes, eux, leurs complices et leurs commanditaires .

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Pour avoir de la galette et être libre, mieux vaut farine que coke !

 

« A Louis-Gaspard Fabry

maire et subdélégué

en diligence

[24 ou 25 janvier 1760]

Monsieur, suivant la permission signée du subdélégué de M. l'intendant du 14 décembre exhibée aujourd'hui au bureau de Saconnex par mon domestique, porteur de cette lettre, j'ai envoyé chercher vingt quatre 1 coupes de blé à Ferney par mes domestiques et mes équipages , le blé et les équipages ont été saisis par le brigadier qui a dit que je ne lui avais pas donné assez de blé cette année pour sa cuisine . J'ai l'honneur de vous en donner avis, en mon nom et en celui de Mme Denis . Le porteur est muni de la permission . Cet excès d'insolence mérite assurément punition . Je vous supplie monsieur de vouloir bien me marquer dans cette petite affaire les bontés que j'attends de vous et d'écrire au bureau de Saconnex de manière convenable . Je vous aurai bien de l'obligation .

J'espère que vous aurez avant Pâques de bonnes nouvelles du mémoire que vous avez bien voulu me confier .

N'aurez-vous point la bonté de m'instruire du parti que vous prenez au sujet de la liberté du pays ? Notre compagnie est toujours prête . Vous voyez qu'il ne serait pas mal de renvoyer les sbires 2 dans les montagnes . »

1 V* avait d'abord écrit 3, rayé

2 Le receveur et le contrôleur de Saconnex, et leurs employés qui se livrent à la contrebande ; voir lettre du 8 février 1760 à JR Tronchin : « L'affaire des sbires de Saconnex est une affaire assez grave . Ces brigands désolent le pays de Gex et molestent beaucoup celui de Genève que je regarde comme le mien . L'insolence et le délit de ces malheureux est aujourd'hui assez bien constaté puisque le receveur et le contrôleur du bureau sont venus l'un après l'autre me signer un désaveu de leur entreprise, et un aveu de leur malversation . »  V* profite de cet incident pour presser l'affaire de la libération du pays de Gex concernant la gabelle .

 

La France a besoin d'une belle campagne pour sa gloire, mais elle a encore plus besoin de la paix pour son argent

... La France se dispenserait bien de toute campagne militaire à vrai dire , gloire ou pas gloire à la clé . Existe -t-il ou a-t-il jamais existé une seule guerre qui ne soit pas une défaite tant du vainqueur que du vaincu ?

rançon de la gloire.jpg

 Ou "comment garnir des cimetières"


« A Jean-Robert Tronchin

à Paris

23 janvier 1760

Vous êtes bien bon,mon cher monsieur, de songer à votre fermier des Délices, au milieu de toutes vos affaires et même des affaires générales, sur lesquelles je ne doute pas que vous n'ayez donné de bons conseils, quoique vous ne vous en vantiez pas 1. La France a besoin d'une belle campagne pour sa gloire, mais elle a encore plus besoin de la paix pour son argent .

Je vois bien,monsieur, que le paiement de mes coupons est un tour de votre amitié ; je vous reconnais bien là ; je n'ai jamais que des grâces à vous rendre . Quant à MM. Tourton et Baure 2, il me semble qu'ils pourraient bien me faire le petit plaisir de me payer ; le ministre de Mgr l’Électeur palatin m'a mandé, de la part de son maître, qu'ils avaient ordre de me payer toujours aux échéances, sans aucun délai . Si vous rencontrez ces messieurs ne pourriez-vous pas avoir la bonté de leur dire que je les supplie d'écrire un petit mot en conformité à M. le baron de Beckers, à Manheim ; je serais fort aise de savoir cette petite affaire en règle . Je vous demande pardon de vous importuner de ces bagatelles, lorsque vous avez tant de choses importantes sur les bras .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

Votre très humble obéissant serviteur

V.

M. le duc de Choiseul m'a accordé une grâce pour un de vos citoyens 3 de Genève, dont je suis très touché . »

2 Banquiers parisiens , dont on entendra parler encore dans la défense de la famille Calas (voir par ex. : http://www.monsieurdevoltaire.com/pages/En_direct_par_VOL... ).

3 Prévost ; voir aussi lettre du 22 décembre 1759 à Tronchin .