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14/03/2015

mes curiosités sont des charrues et des semoirs ; mais il faut que les princes aient ce que les autres hommes n'ont pas

... Comme des équipes de foot ou des écuries de dromadaires de course ! Pourvu qu'on parle d'eux, ils se fichent pas mal du nombre de pattes de ceux qu'ils payent grassement et enverront à l'abattoir sans murmure au moindre faux pas , car qui paye cash/casse .

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 Futur propriétaire du PSG ?

 

« A Élie BERTRAND.
Au château de Tournay, 14 mars.
Le planteur de choux et le semeur de grains n'a pas oublié, monsieur, d'envoyer en son temps votre lettre à M. de La Tourrette 1. Vous me parlez de fossiles et de curiosités naturelles 2; si je pouvais trouver quelque chose de rare pour le cabinet de monseigneur l'électeur palatin, vous me feriez grand plaisir de me l'indiquer. Je me souviens d'avoir vu à Berne du sable d'une petite rivière qui donne dans l'Aar ; ce sable, vu au microscope, est un amas de pierres précieuses ; n'y aurait-il point encore quelques autres colifichets pour amuser les curieux. Je fais plus de cas, dans le fond, d'un bon champ de blé et d'une belle prairie ; mon cabinet de physique est ma campagne ; mes curiosités sont des charrues et des semoirs ; mais il faut que les princes aient ce que les autres hommes n'ont pas : de belles coquilles du temps du déluge, de belles pierres qui enfermaient un poisson, lequel n'a jamais existé, des congélations qui ne bonnes à rien, quelque animal né avec deux têtes, quelque belle maison de colimaçon. On a raison de rechercher toutes ces drogues, si elles font plaisir.
Je ne crois pas que le Bonneville qui est à Pierre-Encise y soit pour les vers du roi de Prusse ; on le soupçonne de quelque prose; et, pour le roi de Prusse, on le soupçonne d'être fort mal dans ses affaires.
Cet impudent Grasset fruitur diis iratis 3, et, malgré la défense de Leurs Excellences 4, imprime tout ce qu'il veut à Lausanne, sous le nom d'un autre. Ce malheureux m'écrivit, il y a cinq ou six mois, la lettre la plus punissable, signée de son nom, d'une écriture contrefaite et qui n'est pas la sienne. Si jamais je fais un tour à Lausanne, il entendra parler de moi. Adieu, monsieur; ne m'oubliez pas auprès de M. et de Mme de Freüdenrick.

Tuus.

V. »

1 Claret de La Tourrette, naturaliste, né à Lyon en 1729 ; l'un des membres de l'académie de cette ville, et de la Société économique de Berne. Voltaire était en correspondance avec lui depuis la fin de 1754. (Clogenson.)

Voir lettre du 10 mars 1760 à Claret de la Tourrette : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/11/des-hommes-lorsqu-ils-suivent-la-pure-nature-sont-pour-la-pl-5581127.html

2 A la même époque, dans une lettre à Haller, Bertrand , se plaignant du silence de la comtesse de Bentinck à son égard, ajoutait : « Je lui avais fait une collection de fossiles : je l'avais instruite par les yeux ; elle était enchantée de pouvoir étaler sa science aux yeux du conseiller de Baillou [...] »

3 A contre lui les dieux irrités , Juvénal, Satires, I, 49-50 .

4 Le gouvernement de Berne .

 

 

 

Il trouve très bon qu'elle consulte le cousin qui est un peu brutal à la vérité, mais qui comme vous dites à de l'argent et une bonne tête

... Le "cousin" se trouve être Poutine, et "il" le trop célèbre Jean-Marie père de "elle" , la Marine FN que la démocratique Russie  trouve bon de financer, la marine nationale , elle, lui ayant fait faux bond (NB - la France peut s'enorgueillir d'avoir un Mistral qui dépasse les 100 km/h dans la vallée du Rhône et deux Mistral supposés popofs qui servent de pièges à moules dans l'estuaire de la Loire ) .

Je fais des voeux pour que l'on joue le coup de l'Emprunt russe, -de triste mémoire pour mes grands parents,- cette fois ci aux dépens du prêteur soviétique .

 

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 Cousin "un peu" brutal : quelle famille !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Genève 11 mars [1760]

Ma chère et honorée Demoiselle,

J'ai d'abord l'honneur de vous dire que notre famille a reçu une lettre de Mlle Cidefre 1. Son futur n'est point du tout content d'elle . Il trouve très bon qu'elle consulte le cousin qui est un peu brutal à la vérité, mais qui comme vous dites à de l'argent et une bonne tête . Mais nous trouvons très mauvais qu'une fille qui monte en graine et qui a besoin d'être mariée fasse tant la difficile quand on lui veut assurer un très bon douaire . Ma belle Demoiselle vous êtes un grand esprit, vous avez lu les fables de La Fontaine, souvenez-vous de la fable du héron qui refusa de manger une carpe à son déjeuner, et puis une tanche, et une perche et qui finit par être trop heureux de manger un colimaçon !2

Ma chère et honorée Demoiselle, je n'ai d'autre intérêt à ce mariage que le bien des deux parties . Si votre parenté est capricieuse j'en suis bien fâché pour elle . Nous connaissons tout son mérite mais il ne faut pas la gâter . Nous pensions que vous étiez en commerce de lettres avec elle , et que vous pouviez lui faire entendre raison, car nous savons qu'avec tous vos charmes et toutes les grâces de votre esprit, vous avez un très bon cœur et que vous êtes conciliante . Que vous êtes heureuse , Mademoiselle ! vous avez vu tous les talents de l'auguste maison de Saxe Gotha se déployer 3! quel plaisir pour leur adorable mère ! et pour madame la grande maîtresse des cœurs . Monseigneur et madame son auguste épouse ont-ils bien pleuré de joie ? J'en aurais pleuré aussi, moi qui vous parle, si j'avais pu me transporter dans votre charmante cour . Mais j'ai été obligé de rester dans mon village, car les travaux de la campagne, Mademoiselle, doivent marcher les premiers, et vous sentez bien qu'il faut avoir du blé avant d'avoir du plaisir . Nos troupeaux se portent assez bien . Nous lisons les soirs avant de nous coucher . Nous voudrions bien pouvoir vous envoyer les vers moraux qu'on attribue à Sa Majesté le roi de Prusse, mais on les a fait saisir en France et nous n'en aurons pas sitôt un exemplaire .

Le roi d'Espagne chasse les jésuites du Paraguay . C'est du moins une consolation . Le frère Saci, jésuite marchand banquier, a perdu à Paris un gros procès pour une lettre de change de dix mille écus . Cela fait beaucoup de bruit dans l'église de Dieu . Nos chers ministres de Suisse ne perdront jamais tant d'argent .

On paye en France environ le cinquième de son bien pour faire la guerre en Allemagne . Prions Dieu, ma chère Demoiselle . Je suis avec toute ma famille bien humblement votre très humble et obéissant serviteur .

Jacques Lamentier 4

Nous vous prions de vouloir bien Mademoiselle faire rendre ce poulet à la future . »

1 Anagramme de Fédéric, signature du roi de Prusse ; voir la lettre du 24 février 1760 de Frédéric II : page 314 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f328.texte.r=roi%20de%20prusse

ainsi la suite de la lettre est claire ; voir la lettre du 21 mars 1760 à la duchesse  .

4 Comparer avec la lettre du 15 février 1760 à la duchesse , signée Sutamier, si elle est bien lue : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/14/mademoiselle-je-vous-fais-ces-lignes-pour-vous-remercier-de-l-air-gracieux.html