30/05/2015
il faut rire, et rire souvent aux dépens des petits persécuteurs et de leurs petits émissaires
... E per fine, je vous aime, révère, admire et regrette, mon très cher Voltaire dont on célèbre la mort ce jour .
Vos conseils font du bien et méritent d'être suivis, ils éloignent la désespérance et rendent plus forts . Votre voix/voie doit être entendue/entretenue encore et toujours .
Una lacrima ...
« A Jean Le Rond d'Alembert
Aux Délices 31 mai [1760] 1
Mon cher philosophe de la secte de Démocrite et qui valez assurément mieux que Démocrite ,
1° Je vous prie de me faire avoir un exemplaire du petit recueil en papier couleur de rose 2 des quand, des si, des pourquoi que je n'ai point vu . Ayez la bonté d'envoyer l'exemplaire à l'Arsenal chez l'ami Thieriot .
2° Je vous jure que jamais Mme du Deffand 3 ne m'a 4 écrit un mot pour vous déplaire .
3° M. Palissot de Montenoy 5 et M. Patu vinrent aux Délices il y a plus de deux ans . M. Palissot me montra une pièce qu'il avait fait jouer à Lunéville ou à Nancy , et qui n'était point celle qu'il vient de donner à Paris . Je l'exhorterai à ne point blasphémer contre la philosophie .
4° Il m’écrivit 6 deux ou trois fois .
5° Il m'a donné un petit coup de patte dans sa comédie au sujet de Socrate .
6° Il ne m'a point envoyé sa pièce .
7° Je vous supplie de recommander à l'ami Thieriot de m'envoyer la préface que je ne connais pas .7
8° Je soutiens qu'il faut rire, et rire souvent aux dépens des petits persécuteurs et de leurs petits émissaires .
9° Patience, patience, ridiculum acri soepius et melius 8. Ce sont intermèdes agréables, et puis il faut le coup de foudre .
10° Je recommande l'union aux frères .
E per fine,9 je vous aime, révère, admire et regrette .
V. »
1 V* avait d’abord écrit 30 .
2 Du pite recueil... rose est ajouté en marge .
3 D’Alembert écrivait le 26 ami 1760 : « Je sais que cette vieille putain de Du Deffand vous a écrit, et vous écrit peut-être encore contre moi et mes amis . Mais il faut rire de tout, et se foutre des vielles putains, puisqu'elles ne sont bonnes qu'à cela . »
4 Suivi de jamais biffé .
5 Sur le manuscrit le nom est écrit très gros, de même qu'à la ligne suivante .
6 V* a d'abord commencé plusieu, rayé .
7 « On dit que Palissot vous a envoyé sa pièce avant qu'elle fût jouée . Il vient d'imprimer une préface où il vous loue à tour de bras [...] . Il ajoute dans cette préface qu'il est en commerce de lettres avec vous, et qu'il s'en fait gloire . Mais, comme vous le dites fort bien il faut rire de tout ; aussi vous ne me verrez plus que rire » ; pour la correspondance avec Palissot, voir la lettre la plus récente du 12 janvier 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/19/tout-ce-qui-me-viendra-de-vous-monsieur-me-sera-toujours-tre.html
Sur la préface, voir la lettre du 31 mai 1760 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/29/faites-moi-le-plaisir-mon-cher-ami-5631086.html
8 Horace, Satires, I, x, 14-15 : la plaisanterie est souvent plus difficile que la hargne .
9 Et finalement .
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Faites-moi le plaisir, mon cher ami ...
... Voltaire, de charmer encore pour très très très longtemps Mam'zelle Wagnière et me permettre d'en être témoin . C'est la seule prière qui me vient spontanément et que je souhaite de tout coeur voir exaucée .
Vous et moi
« A François de Chennevières
[vers le 31 mai 1760]
Faites-moi le plaisir, mon cher ami , de m'envoyer la préface de la pièce contre les philosophes, je vous serai très obligé 1 .
Mme de Bazincour a une bien chétive santé . Vous me mettez du baume dans le sang en me donnant des espérances sur M. le duc de Bourgogne .
Voulez-vous bien épargner encore 24 sous à d'Alembert ? »
1 Il doit s'agir du libelle publié pour la première fois sous le titre de Préface de la Comédie des Philosophes, 1760 ; le sous titre, ou la Vision de Charles Palissot, figure sous le titre de tête . Cet ouvrage fut attribué à Diderot ou à Melchior Grimm . Le véritable auteur était l'abbé Morellet, à qui cette bonne œuvre valut la prison ; voir : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.1998.oferret&part=4814
. Voir lettre du même jour à d'Alembert :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/29/il-faut-rire-et-rire-souvent-aux-depens-des-petits-persecute-5631080.html
et : L’Affaire de l'abbé Morellet en 1760, de Daniel Delafarge, 1912 : pages102-103 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1913_num_4_19_3639_t1_0102_0000_3
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