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05/02/2016

Qu'on s'est trompé dans tous ses projets, et que la grandeur est entourée de précipices !

... La grandeur ! la grandeur ! si on peut encore parler de grandeur en parlant de la fonction de président de la république quand on évoque Nicolas Sarkozy Ier ou Fanfoué Hollande . Erreurs dans les projets -quand il y en a -, trouille du précipice qu'est  une non réélection, voila bien ce qui définit nos tristounets dirigeants , actuel et passé  .

Je suis pour la déchéance de présidence en cas d'atteinte à la Nation française , suis-je tenté de dire devant le grand-guignolesque débat sur la reforme de constitution, qui c'est sûr, va permettre aux jeunes de trouver du travail, un travail qui ne les laisse pas crever de faim !

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices 5è février 1761

Madame, pardonnez encore à un pauvre vieillard malade, prêt à quitter le plus misérable des mondes possibles, pour aller voir s'il est digne d'un meilleur ; pardonnez-lui s'il n'écrit pas de sa main à Votre Altesse Sérénissime, et s'il n'ose lui envoyer un paquet, dont le port serait une indiscrétion avec un comte de l'Empire, mais une princesse de Saxe ne prendra pas garde aux frais ; je ne trouve que cette façon de lui faire parvenir sûrement mes hommages . Elle verra par cette quatrième lettre du commissionnaire Oboussier , combien la voie des chariots de poste est infidèle . Si elle daigne envoyer à Mme de Bassevitz un des deux exemplaires, elle prendra la voie la plus convenable, les princes font tout ce qu'ils veulent, et surtout les princesses . S'il en est ainsi, madame, renvoyez donc les huit mille hommes que Votre Altesse Sérénissime nourrit, à moins qu'ils ne vous paient régulièrement . Je suppose que dans de telles circonstances elle a un agent à Paris, et si elle n'en a point, j'ose toujours lui proposer le Genevois Cromelin à très bon marché .

Est-il vrai , madame, que le roi de Prusse soit dangereusement malade 1? est-il vrai que le roi de Pologne soit mort ? Voudriez-vous du trône de Pologne, madame ? Quel pauvre trône ! Et que tous les rois de la terre sont à plaindre ! Je en connais d'heureux que le roi de Danemarck . Je suis persuadé que la grande maîtresse des cœurs est de mon avis . Voyez quelle serait votre situation si la souveraineté de Dresde était restée dans votre branche ! Ceux à qui Charles Quint donna votre héritage, pensaient-ils que l'électorat ferait le malheur de leurs descendants ? Qu'on s'est trompé dans tous ses projets, et que la grandeur est entourée de précipices !

On prétend madame, que la princesse votre fille 2 fera le bonheur d'un prince d'Angleterre, c'est assurément le plus beau présent qu'on puisse faire à cette nation .

Je n'écris plus au roi de Prusse, je renonce à lui, il n'a que de l'esprit, et de l'ambition, il ne m'aidera ni à vivre, ni a mourir ; à mon âge on ne doit s'attacher qu'à un cœur comme le vôtre ; je trouve en vous tout ce que je désire en lui . S'il eût eu vos vertus , je l'aurais adoré . Je ne fatigue point cette fois Votre Altesse Sérénissime d'une lettre pour Mme de Bassevitz, je ne veux d'autre consolation dans ma souffrances que celle de vous ouvrir mon cœur, et de mettre aux pieds de Votre Altesse Sérénissime, mes vœux ardents pour elle, et pour toute votre auguste famille .

Le vieux Suisse V. "

1 La duchesse répondra le 28 février 1761 : « Il n'est assurément pas malade . Il se réjouit à Leipzic de ses exploits, de ses succès . Pour le roi de Pologne j'ignore ce qu'il fait et s'il existe . »

2 En fait , ce fut une autre princesse allemande, Charlotte-Sophie von Mecklenbourg-Strelitz, qui épousa George III le 8 septembre 1761 ; la duchesse répondra d'ailleurs le 28 février 1761 : « Pour ma fille je doute extrêmement qu'elle soit destinée à porter une couronne ou à passer la mer . Il est vrai que depuis la mort du roi George second elle a souvent brillé dans les gazettes , mais […] ces messieurs les gazetiers […] marient et démarient selon leurs fantaisies et sans que leurs oracles tirent à conséquence . J'ai eu cependant la faiblesse de m'en trouver choquée plusieurs fois . Par là même vous jugerez monsieur du peu de probabilité qui se trouve dans cette nouvelle . »

 

Tout doit être sacrifié au bien du pays, et tout le sera sans doute

... J'adore ce futur et le doute introduit par ce "sans doute" qui laissent toute opportunité face au sacrifice pour le bien du pays . On croirait une promesse électorale ; nos élus et futurs élus n'ont malheureusement pas la qualité de Voltaire qui joignit les actes aux paroles . Et les faits montrent qu'il ne suffit pas non plus se targuer d'être d'une promotion "Voltaire" de l'ENA pour être digne de ce grand homme , n'est-ce pas petit François and C°?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d'%C3%A9narques_par_p...

Qu'avez-vous sacrifié pour le bien du pays ?

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En colère, moi ?

 

« A Louis-Gaspard Fabry, maire et

subdélégué

à Gex

Monsieur, si le vent est moins violent dimanche, je vous prie à dîner à deux heures précises ; nous viendrons à Ferney exprès pour vous ; vous ne devez pas douter de mon amitié, et je compte sur la vôtre . L'affaire des marais sera très aisée à arranger, elle est très importante .

Mon malheureux parent qui est paralytique depuis un an, ne l'est que pour être allé à la chasse, auprès de ce marais pernicieux ; on a enterré il y a un mois, à Ferney, un jeune homme que la même cause avait réduit au même état ; un de mes gens a été grièvement malade, tous les bestiaux qui paissent auprès de ce lieu infecté sont d'une maigreur affreuse . Vous savez que le village de Magny est désert ; ce marais fait tous les jours des progrès, et s'étend jusque dans mes terres . La négligence impardonnable des habitants et des seigneurs des environs, mettra enfin la contagion dans une province déjà assez malheureuse . J'en ai rendu compte à monsieur le contrôleur général, et au premier médecin du roi, qui a trouvé la chose très sérieuse . Je vous ai demandé, monsieur, pour commissaire dans cette partie . Je suis très persuadé que vous vous joindrez à nous avec tout le zèle que vous avez pour le bien public . Quelque parti qu'on prenne, je serai très content, pourvu que le marais soit desséché au printemps . Tout doit être sacrifié au bien du pays, et tout le sera sans doute, puisque vous avez la bonté d'entrer dans cette opération absolument nécessaire . Nous vous présentons Mme Denis et moi, nos très humbles obéissances ; soyez persuadé monsieur, que c'est avec les sentiments les plus vrais, et l'attachement le plus sincère, que je serai toute ma vie

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Aux Délices 5è février 1761. »