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06/05/2016

Je suis bien malingre mais je tâcherai de vivre jusqu'au mois de septembre pour vous recevoir

... C'est sans doute un souhait que faisait lui aussi ce cher Siné

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« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

Quoique je sente parfaitement mon cher correspondant que ce n'est qu'à vous que je dois l'honneur d'être bourguignon, cependant je crois de mon devoir de remercier l'Académie, et encore plus de mon devoir de faire passer le remerciement par vos mains . Vous avez je crois un confrère infiniment aimable, c'est M. de Quintin 1. Non seulement il m'écrit des lettres charmantes, mais je lui ai obligation . Il mérite bien mes remerciements autant que l'Académie . Vous voilà chargé de ma reconnaissance . J'en aurai bien davantage si vous venez dans mes cabanes . M. de La Marche me le fait espérer . Je suis bien malingre mais je tâcherai de vivre jusqu'au mois de septembre pour vous recevoir .

Vous savez peut-être que j'ai des procès pour le sacré et pour le profane . Puisque je suis en train de m'adresser à vos bontés souffrez encore que je mette dans ce paquet une lettre pour mon avocat, M. Arnoult 2, qui me paraît homme d'esprit .

Mille pardons, et mille remerciements .

V.

9 juin [1761] à Ferney . »

 

 

 

Je suis le martyr de mon zèle et de ma piété : une bonne âme trouve ses consolations dans sa conscience

...

Et quelques martyrs auto-proclamés pour faire bon poids ...

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... totalement dénués de quelque conscience que ce soit , bons pour la trappe et les oubliettes .

 

 

 

« A Jean-Marie Arnoult

Le 9 juin 1761

J'ai fait usage sur-le-champ, monsieur, de vos bons avis et de votre modèle de sommation auprès du pauvre promoteur savoyard et du malin procureur du roi de la caverne de Gex . Je n'ai pu parler de ma nef qui n'étant point encore abattue quand je vous envoyai mes paperasses, rendait mon église très idoine à dire et entendre messe . Car selon Ducasse et selon le droit ecclésiastique on peut dire messe quand la majeure partie de l'église n'est point entamée . Mais ayant depuis fait jeter la nef par terre avec partie du chœur, et ayant rebâti à mesure il n'y avait plus moyen de se plaindre qu'on allât célébrer ailleurs . Je ne prétends point toucher à l'encensoir, mais quand j’aurai achevé mon église, ce sera à l'évêque d'Annecy à voir s'il la veut rebénir ou non, et m'excommunier comme je le mérite pour m'être ruiné à faire des pilastres d'une pierre aussi chère et aussi belle que le marbre . Je suis le martyr de mon zèle et de ma piété : une bonne âme trouve ses consolations dans sa conscience .

En qualité de possesseur de terres et de bâtisseur d'églises, j'ai des procès sacrés et profanes : les prêtres et les huguenots sont conjurés contre moi . Un Mallet vous a consulté, monsieur, pour avoir un chemin à travers mes jardins ; je vous supplie de ne point aider ce mécréant contre moi , et d'être l'avocat des fidèles . Je me fais votre client, et je crois que je vais finir ma vie comme M. Chicaneau, à cela près que je voudrais me loger auprès de mon avocat, comme il se logeait près de son juge,1 et que je n'en peux venir à bout étant obligé de faire ici mon métier de maçon et de laboureur qui va devant celui de plaideur .

J'ai l'honneur d'être, etc. »

 

1 Voir Les Plaideurs, I, 5, de Racine .