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10/06/2016

ils se sont servis de la confession, qui met les sots dans la dépendance des prêtres

... Lesquels peuvent passer pour les psy des pauvres ? Le péché , merveilleuse invention des religieux pour se rendre indispensables, grosses gommes à effacer, au nom de dieu, les fautes répertoriées qu'un peuple abruti reconnaissent servilement .

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La crédulité n'a pas de limite

 

 

« A Jean-Marie Arnoult

Le 6 juillet 1761, à Ferney

Je vous suis obligé, monsieur, des éclaircissements que vous me donnez. Je pensais qu’il n’était pas permis à un official de citer des séculiers sans l’intervention de la justice du roi ; et il est clair que cet imbécile de Pontas 1 rapporte fort mal l’ordonnance de 1627. L’official de Gex est dûment official ; mais je crois qu’il a très indûment instrumenté le 8 Juin. Deux témoins sont prêts à déclarer qu’il les a voulu induire à déposer contre moi. Et de quoi s’agit-il, pour faire tant de vacarme ? d’une croix de bois qui ne peut subsister devant un portail assez beau que je fais faire, et qui en déroberait aux yeux toute l’architecture. Il a fait dire à un malheureux que j’ai appelé cette croix figure ; à un autre que je l’ai appelée  poteau : il prétend que six ouvriers qu’il a interrogés déposent que je leur ai dit, en parlant de cette croix de bois qu’il fallait transplanter Otez-moi cette potence. Or de ces six ouvriers quatre m’ont fait serment, en présence de témoins, qu’ils n’avaient jamais proféré une pareille imposture, et qu’ils avaient répondu tout le contre. Des deux témoins qui restent, et que je n’ai pu rejoindre, il y en a un qui est décrété de prise de corps depuis quatre mois, et l’autre est convaincu de vol.

Au reste, monsieur, je suis bien aise de vous dire que cette croix de bois, qui  sert de prétexte aux petits tyrans noirs de ce petit pays de Gex, se trouvait placée tout juste vis-à-vis le portail de l’église que je fais bâtir ; de façon que la tige et les deux bras l’offusquaient entièrement, et qu’un de ces bras, étendu juste vis-à-vis le frontispice de mon château, figurait réellement une potence, comme le disaient les charpentiers. On appelle potence, en terme de l’art, tout ce qui soutient des chevrons saillants ; les chevrons qui soutiennent un toit avancé s’appellent potence ; et, quand j’aurais appelé cette figure potence, je n’aurais parlé qu’en bon architecte.

J’ai de plus passé un acte authentique par devant notaire avec les habitants, par lequel nous sommes convenus que cette croix de village serait placée comme je le veux. Vous remarquerez encore qu’on ne la dérangea qu’avec le consentement du curé.

Ainsi vous voyez, monsieur, que voilà le plus impertinent prétexte que jamais les ennemis de la justice du roi et des seigneurs puissent prendre pour inquiéter un bienfaiteur assez sot pour se ruiner à bâtir une belle église, dans un pays où Dieu n’est servi que dans des écuries. Ceux qui me font ce procès devraient être plutôt à une mangeoire qu’à un autel. Ils n’ont rien fait depuis le 8 de juin, mais ils menacent toujours de faire, et ils me paraissent aussi insolents que menteurs.

Vous aurez sans doute vu, monsieur, par l’affaire d’Ancian, que parmi ces animaux-là il y en a qui ruent. Si ce curé Ancian esr brutal comme un cheval, il est malin comme un mulet, et rusé comme un renard ; mais, malgré ses ruses, je crois que vous le prendrez au gîte. Je puis vous assurer que lui et ses confrères ont employé toutes les friponneries profanes et sacrées pour avoir de faux témoins ; ils se sont servis de la confession, qui met les sots dans la dépendance des prêtres. Je n’ai point vu les procédures, mais je puis vous assurer, sur mon honneur et sur ma vie, que ce curé Ancian est un scélérat des plus punissables que nous ayons dans l’Eglise de Dieu. Il ne peut empêcher, malgré tous ses artifices et tous ceux de ses confrères, que de Croze n’ait eu  le crâne fendu dans la maison où ce curé alla faire le train au milieu de la nuit la plus noire, avec quatre coupe-jarrets. Je ne veux que ce fait : tout le reste me paraît peu de chose. Le père de Croze peut envoyer aux juges trois serviettes qu’il conserve teintes du sang de son fils ; elles devraient servir à étrangler le curé de Moëns, pourvu que préalablement il fût  bien confessé.

Je suppose, monsieur, que vous avez envoyé votre mémoire à M. de Greilly ; c’est encore un curé à relancer. Je vous ai envoyé à la chasse aux prêtres : si vous voulez venir reconnaître votre gibier au mois de septembre, comme vous me l’avez fait espérer, je compte bien que le rendez-vous de chasse sera chez moi.

Je viens d’écrire au bureau des postes de Genève ; pour savoir si ce n’est point quelque prêtre-commis des postes qui a fait la friponnerie de faire payer deux fois le port.

Nota bene que je ne mets point mon curé au nombre des bêtes puantes que vous devez chasser ; je suis d’accord avec lui en tout. Il est très reconnaissant, du moins quant à présent ; et il peut servir de piqueur dans la chasse aux renards que nous méditons. J’ai l’honneur d’être, en bon laïque, monsieur, votre, etc. »

1 Jean-Pontas, casuiste, né en 1638, mort en 1718. Bien connu comme l'auteur du Dictionnaire de cas de conscience, 1715, avec plusieurs rééditions, ainsi que de divers autres traités concernant les sacrements de baptême, d'extrême-onction, etc. Mais il est difficile de voir auqyuel de ces ouvrages V* peut ici penser . Ne sougerait-il pas putôt à celui qu'il a réclamé par sa lettre du 31 mai à Thieriot et Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/il-faut-defendre-les-vivants-et-les-morts-contre-les-gens-d.html

Voir page 2424 : https://books.google.fr/books?id=JwpEAQAAMAAJ&pg=PA2424&lpg=PA2424&dq=Jean-Pontas,+casuiste,+n%C3%A9+en+1638&source=bl&ots=NZrMQDkH6b&sig=lhLXiUgUZ-PS9QdwX5pVAQK1aQY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjPoOOUvp3NAhVCmBoKHXc_CfcQ6AEILDAC#v=onepage&q=Jean-Pontas%2C%20casuiste%2C%20n%C3%A9%20en%201638&f=false

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209866p

et : http://livresanciens-tarascon.blogspot.fr/2012/11/le-dictionnaire-des-cas-de-conscience.html

Voir : https://books.google.fr/books?id=jfWwAAAAMAAJ&pg=RA1-PA266&lpg=RA1-PA266&dq=La+pratique+de+la+juridiction++eccl%C3%A9siastique,+volontaire,+gracieuse,+et+contentieuse,+fond%C3%A9e+sur+le+droit+commun+et+sur+le+droit+particulier+du+royaume,+de+Fran%C3%A7ois+Ducasse&source=bl&ots=M6oGUqBfQD&sig=z2Nih3l5bXHmgWGgo3RHRTN3e4Q&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj1rKDzwJ3NAhWClxoKHVASBI0Q6AEIJTAA#v=onepage&q=La%20pratique%20de%20la%20juridiction%20%20eccl%C3%A9siastique%2C%20volontaire%2C%20gracieuse%2C%20et%20contentieuse%2C%20fond%C3%A9e%20sur%20le%20droit%20commun%20et%20sur%20le%20droit%20particulier%20du%20royaume%2C%20de%20Fran%C3%A7ois%20Ducasse&f=false

 

 

Quoi ! dit Alix, cet homme-ci s’endort Après trois fois ! Ah ! chien, tu n’es pas carme !

... Pour le fun : http://www.rfm.fr/player?stream=5107

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«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 Quoi ! dit Alix, cet homme-ci s’endort

Après trois fois ! Ah ! chien, tu n’es pas carme 1!

On me dira : ah tu n’es pas Sophocle.

Ceci, mes adorables anges, est en réponse de la lettre du 30 de juin, dans laquelle vous me reprochez ma glace. Vraiment il n’est que trop vrai que l’âge, les maladies, les bâtiments, les procès, peuvent geler un pauvre homme. J’étais peut-être très froid quand j’ai radoubé Oreste, mais je suis très vif quand vous avez la bonté de le faire jouer ; et cette vivacité, mes chers anges, est en toute reconnaissance, et non amour-propre d’auteur. Cependant, comme cet amour-propre se glisse partout, je vous prierai de faire jouer Oreste une quatrième fois 2, après l’avoir annoncé pour trois, mais en cas qu’elle réussisse, en cas que le public soit pour la quatrième représentation, et qu’elle soit comme accordée à ses désirs. Il se pourra qu’en été trois fois lassent le parterre ; alors je me retirai avec ma courte honte.

J’insiste beaucoup plus sur ce Pantalon de Rezzonico 3 ; c’est un bœuf qui ne sait pas un mot de français, et qui est assez épais pour ne me pas connaître ; mais ce n’est pas à lui que j’écris, c’est au cardinal Passionei, homme de beaucoup d’esprit, homme de lettres, et qui fait de Rezzonico le cas qu’il doit. Il y a longtemps qu’il m’honore de ses bontés. Je ne demande à M. le duc de Choiseul rien autre chose, sinon qu’il ait la bonté de faire donner cours à mon paquet 4. La grâce est légère ; mais je la demande très instamment. M. le comte de Choiseul, protégez-moi dans cette importante négociation.

Je demande trois ridicules à Rezzonico ; qu’il m’en accorde un 5, cela me suffira ; et s’il me refuse, il n’y a rien de perdu, pas même mon crédit en cour de Rome.

Comment, mes procès terminés ! Dieu m’en préserve ! Il faut que madame Denis vous ait parlé de quelques anciens procès. Mais, pour peu que dans ce monde on ait un champ et un pré, ou qu’on fasse bâtir une église, ou qu’on fasse une ode comme M. Le Brun, on est en guerre 6. Mais je ne sais point de plus sotte guerre que celle qu’on a faite aux Anglais sans avoir cent vaisseaux de ligne et quarante mille hommes de marine.

Divins anges, si l’abbé Coyer parle comme il écrit 7, il doit être fort aimable. Mais ma mère, qui avait vu Despréaux, disait que c’était un bon livre, et un sot homme.

La nièce, la pupille, et l’oncle, baisent le bout de vos ailes.

Pour Dieu, que mon paquet parte ; c’est tout ce que je veux, et point de recommandation. Je veux bien être ridicule, mais je ne veux pas que mes protecteurs le soient. Priez M. le comte de Choiseul de faire mettre mon paquet romain à la poste par un de ses laquais. C’est assez pour Rezzonico et pour moi. »



 

 

 

2 Oreste fut joué deux fois seulement en juillet, mais eut quatre représentations en septembre-octobre 1761 .

3 Clément XIII .

4 Choiseul répondit : « A Saint-Hubert ce 25 juillet 1761 . Je ne vous écris pas ma chère marmotte, mais je m'occupe de vos petites affaires ; voilà : 1° Le passeport que vous avez demandé . 2° Le cardinal Passionei est mort , mais j'ai demandé au nonce de me faire tenir ma relique pour votre église avec les authentiques les plus authentiques . 3° Vous proposez deux choses à la cour de Rome qui en la regardent pas:la première de transférer votre cimetière, cela dépend de votre curé et de l'emplacement ; la deuxième de diminuer les fêtes, cela dépend de votre évêque ; de Rome on lui renvoierait ces demandes . Vos souscriptions vont à merveille, dépêchez-vous de faire imprimer . Adieu, je vous aime et vous embrasse de tout mon cœur . »

5 Une relique .

6 Allusion au proverbe : Qui terre a , guerre a .