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17/07/2016

j'abhorre plus que jamais les ennemis de la raison

... Et s'il est une chose qui ne souffre pas d'exception, c'est bien celle-ci . Vous me direz "il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis", et bien je préfère rejoindre le camp des idiots , sans plaisir, mais sans honte , avec même un peu de fierté légitime .

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« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

Le 15 d'auguste [1761] 1

Que les frères m'accusent de paresse, s'ils l'osent . J'ai tout Corneille sur les bras, l'Histoire générale des mœurs, le Czar, Jeanne, etc., etc. et vingt lettres par jour à répondre : et il faut écrire à M. de Lafargue, et je ne sais où le prendre . Il me semble que frère Thieriot sait sa demeure ; il s'agit de ses vers, cela est important . Comment va l'Encyclopédie ? cela est un peu plus important .

Oui, volontiers, que les Sadducéens périssent, mais que les Pharisiens ne soient pas épargnés . On nous défait des chats, mais on nous laisse dévorer par des chiens .

On a eu grande peine à trouver le Grizel que demandent les frères : c'est grand dommage que pour notre édification nous ne puissions pas recouvrer cet ouvrage rare, d'autant plus utile à la bonne cause qu'il rend la mauvaise extrêmement ridicule .

Frère Thieriot est devenu bien paresseux . Un véritable frère ne devrait-il pas avoir déjà envoyé les Recherches sur le théâtre ? Il faut le mettre en pénitence . Il n'est pas permis d'être tiède sur les ouvrages et sur le sang du grand Corneille .

J'embrasse les frères, et j'abhorre plus que jamais les ennemis de la raison et des lettres . »

1 Le manuscrit copie Beaumarchais-Kehl inclut des extraits de la lettre du 20 août 1761 aux mêmes, et on y a aussi incorporé un passage de la lettre suivante : « A Damilaville et à Thieriot [vers août 1761] / […] Je ne sais pas trop comment ira cette entreprise . Pur moi, je ne réponds que de mon travail et de mon zèle tant que je respirerai . J'ai déjà commenté six tragédies . Je m'instruit par ce travail ; j'espère que j'en instruirai d'autres, et que le théâtre y gagnera . Si, comme auteur, je n'ai pu servir ma nation, je la servirai du moins comme commentateur […]. »