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26/07/2016

Je ne sais comment votre lettre datée du 26 juillet , ne m'est parvenue que le 19è août

... Ah si Voltaire avait eu le Web à disposition, ce genre de contretemps ne serait -presque- pas arrivé ; je dis presque car il est des pays/des gouvernants qui sont tellement soucieux du bien-être de leurs administrés qu'une admirable censure bloque  Internet .

D'un autre côté, il est heureux que mon philosophe préféré ait abondamment utilisé ce support papier qui nous permet de le suivre au quotidien, qu'aurions-nous s'il n'avait eu que le courriel volatile par essence ?

Mieux vaut un courrier en retard que pas de courrier . Timbre vert, couleur d'espérance , ou timbre rouge, couleur triomphale ? Vive La Poste, jaune et puissante : c'est Froome qui s'y colle jusqu'en 2017 !

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« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille 1

[vers le 22 août 1761]

Je me hâte, monsieur, de répondre à monsieur le contrôleur général 2, et je vous adresse la lettre à cachet volant, afin que vous en jugiez .

Je suis pénétré de ses bontés, et il y a longtemps que je lui suis attaché . Je vous avoue que je suis un peu piqué de ce mot, Corneille ce poète . Il y a longtemps que La Bruyère a dit, Person est un peintre, Pradon est un poète, mais le Poussin est le Poussin, et Corneille est Corneille 3.

Je ne sais comment votre lettre datée du 26 juillet , ne m'est parvenue que le 19è août . Il faut qu'il y ait quelque méprise, ou dans votre date ou dans les courriers . Si vous rencontrez par hasard l'abbé Grizel et maître Le Dains, je vous prie de leur faire mes compliments . Recevez ceux de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

2 La lettre à laquelle V* répond n'est pas connue .

3 Réminiscence de La Bruyère, Caractères : « Du mérite personnel », 24 ; voir : http://short-edition.com/classique/jean-de-la-bruyere/du-merite-personnel

 

Ne pourriez-vous pas nommer des commissaires pour examiner chacun de mes commentaires ?

... Non ? je ne le mérite pas ? je ne suis pas assez subversif ? M. Cazeneuve, merci, vous me rassurez, j'ai eu peur un instant de m'être radicalisé à l'insu de mon plein gré .

Eh ! Mme Sandra Bertin , je n'ai qu'une crainte, c'est que vous témoigniez en ma faveur . Comme toujours, qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son , et gare aux fêlées qui sonnent faux .

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On vous a à l'oeil !

 

 

« A Charles Pinot Duclos

21 auguste 1761

J'ai eu l'honneur, monsieur, de vous adresser l’Épître dédicatoire à la compagnie, la préface sur Le Cid, le commentaire perpétuel sur Cinna et les Horaces ; voici le commentaire sur Le Cid . M. l'abbé d'Olivet en a un qui est un peu plus ample, mais il sera aisé de rendre les deux exemplaires conformes, quand on aura eu la bonté de me les renvoyer . MM. Cramer n'attendent plus que la sanction de l'Académie pour commencer l'impression . Mon parti est pris de commenter toutes les tragédies . Il y aura six ou sept gros volumes, ou huit in-quarto . Comme j'ai fixé le prix à deux louis d'or, il y aurait beaucoup de perte au lieu de bénéfice pour Mlle Corneille, sans le secours que le roi nous donne et sans la générosité des premiers de la nation .

Je ne me mêlerai en aucune façon de ce qu'on appelle improprement souscriptions 1. Quiconque voudra avoir le livre n'aura qu'à envoyer son nom au libraire de l'Académie ou au portier de l'Académie, ou écrire directement à MM. Cramer . Je donnerai mon temps, mon travail, et mon argent, pour cette entreprise et dès que les Cramer auront commencé, le public aura un volume tous les trois mois . Je vous demande en grâce de seconder mon zèle .

Ne pourriez-vous pas nommer des commissaires pour examiner chacun de mes commentaires ? Il me semble que M. Saurin pourrait nous rendre de grands services . Mais il n'y a pas un moment à perdre . Songez que j'ai soixante et huit ans , que je n'ai qu'un souffle de vie et que si je mourais inter opus 2, l'ouvrage irait comme moi à tous les diables .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 Improprement en effet, car le mot de souscription implique proprement une donation ; V* écrit lui-même à la fin des Instructions à Antoine-Jacques Rustan : « Vous vantez avec justice des exemples de bienfaisance que les Anglais ont donnés, et des souscriptions qu'ils ont ouvertes en faveur de leurs ennemis mêmes. » . Voir page 181  : https://books.google.fr/books?id=JQ8-AAAAYAAJ&pg=PA171&lpg=PA171&dq=Instructions+%C3%A0+Antoine-Jacques+Rustan&source=bl&ots=SOUmhlLfFI&sig=UO5vDUAB_uf96ErMxlmYbkN75ZI&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjUqJaBxI_OAhXBAxoKHZgbA1oQ6AEIJzAA#v=onepage&q=Instructions%20%C3%A0%20Antoine-Jacques%20Rustan&f=false

2 En pleine tâche .