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09/01/2017

Je me trouve entre la France, l'Allemagne et l'Italie, à portée d'être instruit le premier de toutes les sottises qu'on fait en Europe

... C'est vous dire que les nouvelles quotidiennes ne manquent pas, à prendre ou à laisser, à laisser d'ailleurs le plus souvent .

Voici un illustre inconnu ,-- Martin Schultz, président du parlement européen --,à qui vous pouvez posez moult questions, et vous risquez (je dis bien risquez ) d'avoir quelques réponses après moult réunions de commissions parlementaires et faramineux  gaspillage de temps et papier , la montagne européenne accouchant souvent d'une souris quand elle ne fait pas de fausse-couche .

 Martin Schulz en 2014.

 

 

« A Etienne de Champflour 1

14è janvier 1762, par Genève, aux Délices

Je ne regarde point du tout votre lettre 2, monsieur, comme un compliment du jour de l'an ; elle m'est précieuse ; vous me serez toujours cher, et je désirerai toujours infiniment de vous revoir . Je ne manque jamais de m'informer de vous à tous ceux qui viennent d’Auvergne ; ils savent combien je m'intéresse à vous, à votre fortune, à tout ce qui peut vous intéresser . Je m'imagine qu'on peut être très heureux au pied des montagnes d'Auvergne, car je vous assure que je le suis beaucoup au pied des Alpes . Je passe mes hivers auprès de Genève, et les autres saisons dans des terres assez agréables sur la frontière . On ne peut avoir une position plus convenable à mon goût . Je me trouve entre la France, l'Allemagne et l'Italie, à portée d'être instruit le premier de toutes les sottises qu'on fait en Europe . Je vous demande pardon de vous en dire tant, mais les vieillards aiment à parler . Ce que j'aime bien davantage, c'est de vous assurer des sentiments inviolables avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

2 Cette lettre ne nous est pas parvenue .

 

Mon cher président, je ne suis point paresseux mais j’ai été accablé

... par vos déclarations/déclamations qui me coupent les bras et ne me laissent point de jambes , homme tronc devenu, malheureusement, je ne suis pas de bois et ne possède aucune fente susceptible de laisser introduire la moindre piécette dans ledit tronc , tout au contraire, pour vous alimenter vous m'avez raclé l'écorce (comme dit mon percepteur " on ne peut plus tondre un oeuf"), ça suffit .

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« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

Mon cher président, je ne suis point paresseux mais j’ai été accablé de vers et de prose . Perrin Dandin avait moins de sacs 1. Mon cœur vous a écrit mille fois mais sa main n'a pu encore faire un mot de lettre . Pardonnez-moi je vous en prie .

J'ai été très sensible à la mort de Mme de Brosses 2. Elle était fille d'un homme que j'avais aimé depuis l'âge de sept ans et qui ne m'eût jamais fait un procès pour six voies de bois . J'aurais même écrit au veuf, si le veuf pouvait recevoir mes compliments sans rechigner . J'ai été très fâché contre lui mais je n'ai point de rancune . Je n'en aurai pas même contre ce président Lefranc de Pompignan s'il veut promettre de ne plus ennuyer le public .

Le parlement ne doit plus songer à son procès contre les États 3. Il s'unira avec eux pour donner au roi un beau vaisseau . Je me flatte que mon petit pays de Gex y contribuera pour un cordage . Mais j'aime encore mieux un bon carrosse pour aller vous voir si Corneille m'en laisse le temps , et si je peux avoir la consolation de vous embrasser .

V.

Aux Délices 13 janvier [1762] »

1 Allusion qui vaut autant pour le Perrin Dandin des Plaideurs, de Racine, que celui de Rabelais .

3 Le parlement de Bourgogne avait intenté une procédure contre l'ancien secrétaire du parlement Varenne de Béost , qui avait appelé directement au conseil des finances dans une affaire de taxation que le parlement considérait comme de son ressort . Voir : http://data.bnf.fr/13190639/jacques_varenne_de_beost/

 

Quoique monsieur François soit un ingrat, quoiqu'il ait abandonné

... au moins deux compagnes, sa pétillante Julie pourra-t-elle lui rester attachée ? J'ai comme un doute ; autant que pour la pérennité du mariage de Carla et Nicolas  ( qui cependant pourrait être sauvé par l'âge et les revenus confortables du susdit retraité  Nicolas ).

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François a goûté au fruit de la connaissance , tenté par le P[etit]S[erpent]. Allez, ouste, hors du paradis élyséen .

 

 

 

« A François Tronchin, Conseiller d’État

à Genève

Quoique monsieur François soit un ingrat, quoiqu'il ait abandonné les Délices, on lui fait pourtant les plus tendres compliments . On partage sa joie 1. On l'embrasse de tout son cœur .

Lundi [11 janvier 1762] »

1 Deux documents restituent assez bien l'effet que produisit la nomination de Jean-Robert Tronchin comme fermier général . Le 14 janvier 1762 il écrivait de Lyon au Conseil de Genève : « Magnifiques et très honorés Seigneurs, j'appris vendredi dernier par une lettre de monsieur le contrôleur général qu'il avait demandé et obtenu pour moi l'agrément du roi à une place de fermier général . Je manquerais à mes devoirs et à mes sentiments les plus chers si je ne venais demander très humblement celui de Vos Seigneuries ; c'est par là que cette faveur également inattendue, et distinguée me deviendrait plus précieuse . Je les supplie de croire que les engagements du citoyen seront toujours pour moi les premiers et que mon plus grand désir serait de trouver dans cette place les occasions d'être utile à ma patrie, et d emarquer le zèle et l'attachement respectueux […]. »

Le Conseil demanda qu'on répondit à Tronchin (le 16 janvier 1762 ) « pour lui témoigner la part qu'il a pris [sic] et qu'il prendra à tout ce qu'il pourra lui arriver de satisfaisant et d'heureux et qu'on lui accorde avec plaisir l'agrément qu'il demande »

D'autre part , le 16 janvier, Théodore Tronchin écrivit à son fils : « […] il est sans exemple qu'un protestant et un étranger ait reçu pareille marque de sitinction, bien moins encore qu'il ait obtenu une place aussi lucrative. »

Tronchin remplaçait d'Epinay ; au même moment, La Popelinière disparaissait de la liste des fermiers généraux ne date du 17 janvier 1762 .