Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/04/2017

Ce qui pourrait m’empêcher d’accepter votre proposition, ce serait la crainte de déplaire à M. l’Inquisiteur de la foi, ou pour la foi, qui a, sans doute approuvé votre édition

... Jean-Luc Mélenchon  a rejoint sans le savoir notre ami Voltaire en interpellant l'outrecuidante et détestable Marine Le Pen lors du débat télévisé d'hier soir avec un  "Fichez-nous la paix avec la religion !" qui reflète réellement l'avis de la majorité des citoyens .

https://www.challenges.fr/politique/melenchon-a-le-pen-fi...

Marine, tu te comportes comme la dernière des lèche-culs, d'une franchise d'âne qui recule , forte en gueule sans plus, une harengère friquée avec une cour de bas-de-plafond . Quoi que tu dises, tu vas perdre . Et Philippe Poutou avec sa franchise , et la majorité, n'ont pas eu peur de toi .

 

 

 

« A Antoine-Ignace Fez

17 mai 1762, aux Délices 1

Vous me proposez, par votre lettre datée d’Avignon, du 30 Avril , de me vendre pour mille écus l’édition entière d’un recueil de mes Erreurs sur les faits historiques et dogmatiques 2, que vous avez, dites-vous, imprimé en terre papale. Je suis obligé, en conscience, de vous avertir qu’en relisant, en dernier lieu, une nouvelle édition de mes ouvrages, j’ai découvert dans la précédente pour plus de deux mille écus d’erreurs ; et comme en qualité d’auteur je me suis probablement trompé de moitié à mon avantage, en voilà au moins pour douze mille livres . Il est donc clair que je vous ferais tort de neuf mille francs si j’acceptais votre marché.

De plus, voyez ce que vous gagnerez au débit du dogmatique ; c’est une chose qui intéresse particulièrement toutes les puissances qui sont en guerre, depuis la mer Baltique jusqu’à Gibraltar. Ainsi je ne suis pas étonné que vous me mandiez que l’ouvrage est désiré universellement.

M. le général Laudon, et toute l’armée impériale, ne manqueront pas d’en prendre au moins trente mille exemplaires, que vous vendez, dites-vous, 2 livres pièce,

ci.                                                60 000 livres.

Le roi de Prusse, qui aime passionnément le dogmatique, et qui en est occupé plus que jamais, en fera débiter à peu près la même quantité,

ci.                                                60 000

Vous devez aussi compter beaucoup sur monseigneur le prince Ferdinand 3 ; car j’ai toujours remarqué, quand j’avais l’honneur de lui faire ma cour, qu’il était enchanté qu’on relevât mes erreurs dogmatiques ; ainsi vous pouvez lui en envoyer vingt mille exemplaires,

ci.                                                40 000

A l’égard de l’armée française, où l’on parle encore plus français que dans les armées autrichiennes et prussiennes, vous y en enverrez au moins cent mille exemplaires, qui a 40 sous la pièce,

font.                                             200 000

Vous avez sans doute écrit à M. l’amiral Anson, qui vous procurera en Angleterre et dans les colonies le débit de cent mille de vos recueils,

ci.                                                200 000

Quant aux moines et aux théologiens, que le dogmatique regarde plus particulièrement, vous ne pouvez en débiter auprès d’eux moins de trois cent mille dans toute l’Europe, ce qui forme tout d’un coup un objet de

.                                                   600 000

Joignez à cette liste environ cent mille amateurs du Dogmatique parmi les séculiers, pose

.                                                   200 000

somme totale                            1 360 000 livres.

Sur quoi il y aura peut-être quelques frais, mais le produit net sera au moins d’un million pour vous.

Je ne puis donc assez admirer votre désintéressement de me sacrifier de si grands intérêts pour la somme de trois mille livres une fois payée.

Ce qui pourrait m’empêcher d’accepter votre proposition, ce serait la crainte de déplaire à M. l’Inquisiteur de la foi, ou pour la foi, qui a, sans doute approuvé votre édition. Son approbation une fois donnée ne doit point être vaine ; il faut que les fidèles en jouissent, et je craindrais d’être excommunié si je supprimais une édition si utile, approuvée par un jacobin, et imprimée dans Avignon.

A l’égard de votre auteur anonyme, qui a consacré ses veilles à cet important ouvrage, j’admire sa modestie : je vous prie de lui faire mes tendres compliments, aussi bien qu’à votre marchand d’encre.4 » 



1 Copie Beaumarchais-Kehl ; édition Réponse de M. de Voltaire au sieur Fez libraire d'Avignon, du 17 mai 1762 (Aux Délices ) ; « Réponse de M. de Voltaire au sieur Fez libraire d'Avignon » dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 15 juin 1762, qui doit précéder l'autre édition de quelques jours .

3 Le prince Ferdinand de Brunswick.

4L'ouvrage auquel se référait Fez était Les erreurs de Voltaire, 1762 . L'auteur, qui restait anonyme était le jésuite Claude-François Nonnotte . L'ouvrage eut effectivement beaucoup de succès, quoiqu'il en existe de plus forts contre Voltaire . L'édition de 1823 en 3 volumes semble avoir été à peu près la quinzième , V* en possédait une de 1766 dans sa bibliothèque sur laquelle il nota « Erreurs de Nonotte » et « livre très impertinent d'un ex-jésuite nommé Nonnotte auquel on a répondu » . Pour que l'on puise mieux apprécier la réponse de V*, voici le texte de la lettre de Fez : « Monsieur, Avant que de mettre en vente un ouvrage qui vous est relatif, j'ai cru devoir décemment vous en donner avis . Le titre porte : Erreurs de M. de Voltaire sur les faits historiques, dogmatiques, etc., en deux volumes in-12, par un auteur anonyme . En conséquence je prends la liberté de vous proposer un parti . Le voici : je vous offre mon édition de 1500 exemplaires à 2 livres la feuille, montant 3000 livres . L'ouvrage est désiré universellement . Je vous offre , dis-je, cette édition de bon cœur, et je ne la ferai paraître que je n'aie auparavant reçu quelque ordre de votre part . J'ai l'honneur d'être avec le respect le plus profond, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur / Fez imprimeur libraire à Avignon / Avignon le 30è avril 62. » Adressé : A monsieur de Voltaire dans son château près de Genève par Genève . »