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21/04/2017

Plût à Dieu que je puisse voir l’architecte dont je ne suis que le maçon !

... Mon architecte est Voltaire, mais comme il  dit si bien "s'il plait à Dieu", j'aimerais bien vivre jusqu'à poser la dernière pierre du monument de sa correspondance , et alors "ite missa est" .

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« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

4 juin 1762, aux Délices 1

Monsieur, j’ai reçu par M. le prince de Gallitzin la lettre du 19/30 Avril, dont vous m’honorez. J’avais déjà eu l’honneur de vous mander plusieurs fois que M. de Soltikof était parti pour l’Angleterre, qu’il avait écrit à Votre Excellence, et que je n’avais aucune de ses nouvelles.

Je viens d’apprendre dans le moment que la sœur de l’hôte chez qui il demeurait à Genève a reçu des lettres de lui, datées de Hambourg, il y a environ deux mois. Il lui mandait qu’il allait s’embarquer pour la Russie. Il faut qu’il n’ait demeuré que très peu de temps en Angleterre, et qu’il se soit hâté de revenir auprès de vous. Je suppose qu’à présent il est à Pétersbourg. Vous le trouverez instruit dans presque toutes les langues de l’Europe, et je suis persuadé encore que votre excellence n’aura pas perdu le fruit de ses bienfaits.

Il n’en est pas de même de M. de Puskin : on prétend qu’il est en prison à Paris pour ses dettes. Je ne regrette point les deux mille ducats qu’il m’apportait ; mais je regrette infiniment les médailles 2 qui faisaient une suite complète, et qui servaient à l’histoire de Pierre-le-Grand. Je garde la lettre pour M. de Soltikoff, afin de la lui envoyer , en cas qu'il ne soit pas en Russie, et que je puisse découvrir sa demeure . Mais je me flatte qu'il fait à présent sa cour à Votre Excellence, qu'il profite de vos bontés et de vos conseils ; et j'aurai l'honneur de vous renvoyer la lettre, au premier ordre que je recevrai de vous .

Vus avez dû recevoir plusieurs lettres de moi, monsieur, par M. de Czernichef, plénipotentiaire à Vienne, mais comme vous ne m'en avez jamais accusé la réception , je vous écris par duplicata . Une copie passera par Vienne, et l'autre par la poste ordinaire . Votre Excellence peut m'adresser les paquets qu'il me destine, par un banquier de Pétersbourg, correspondant du banquier Duval, citoyen de Genève . Je crois même que ce correspondant demeurant à Pétersbourg, s'appelle aussi Duval 3, et c'est le propre frère du Genevois .

Je vous réitère, monsieur, les assurances de l’envie extrême que j’ai de finir l’Histoire de Pierre-le-Grand à votre satisfaction. Tout malade que je suis, tout surchargé du fardeau des commentaires sur Pierre Corneille, je me livrerai à Pierre-le-Grand. Plût à Dieu que je puisse voir l’architecte dont je ne suis que le maçon !

Je serai toute ma vie, avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres,

monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 On connait une copie contemporaine signée avec en-tête « p[ou]r duplicata » qui est donc bien le duplicata mentionné dans la lettre . Le passage Je garde la lettre […] frère du Genevois manque dans toutes les éditions .

3 Louis-David Duval [1727-1788] était établi à Saint Saint-Pétersbourg depuis 1754 . son correspondant à Genève était l'un de ses frères, Gédéon [1716-1787] ou David [1711-1791]. Voir : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=louis+david&n=duval&oc=2

et : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=gedeon&n=duval&oc=1

et : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&iz=22759&p=david&n=duval&oc=8

 

Pardonnez à un pauvre malade, s'il ne vous dit pas avec plus d'étendue combien il vous estime

... Si peu !

Déclaration valable pour neuf des onze candidats à la présidence .

Pauvre malade ! C'est effectivement avec un mental très atteint que se termine bientôt pour moi cette période électorale (en attendant les législatives), mental atteint et c'est peu dire  après tant de bourrage de crâne, de demi-vérités, de vrais mensonges, de quelques idées qui tiennent la route, de combats stériles et simulés .

 Pauvres malades ! ainsi sont ces quelques-uns qui prennent leurs vessies pour des lanternes éclairant le monde et qui crient haut et fort "je serai au deuxième tour" ; on connait le déni de grossesse, le déni de fourvoiement existe aussi, tout comme l'égo surdimensionné .

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« Au comte Filipo Mazzuchelli

à Brescia

Lombardia

Aux Délices, par Genève 4è juin 1762 1

J'étais très malade, monsieur, lorsque je reçus l'honneur de votre lettre et votre dissertation ; je suis encore dans un état bien douloureux ; il m'empêche de vous répondre de ma main, mais il ne m'empêche pas de sentir tout votre mérite , j'y suis aussi sensible qu'au plaisir que m'a fait votre ouvrage . Pardonnez à un pauvre malade, s'il ne vous dit pas avec plus d'étendue combien il vous estime . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi . »