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22/04/2017

Je donne au public beaucoup plus que je n’avais promis

... Nos chers (et certains même très onéreux) fonctionnaires ne semblent pas près d'entendre ceci de la bouche de l'élu présidentiel (faute d'être providentiel ! ) qui, ainsi que le prouve l'histoire, est rarement en capacité de donner ce qu'il a promis . [NDLR - James dit "il" car il n'envisage pas du tout une présidente, pas plus d'extrême droite que d'extrême gauche] .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5 juin 1762 1

Mes divins anges je suis à vos pieds, et j'y mets messieurs de la poste . Je vous dois quinze francs pour leur insolence, permettez-moi celle de vous les payer ; mais permettez-moi une autre insolence . Nous supplions madame d'Argental de vouloir bien nous envoyer la sœur de la cuvette charmante 2 qu'elle avait eu la bonté d'ordonner avec tant de goût .

Je suis aussi honteux que pénétré de toutes vos bontés ; je vous remercie de celles de M. le comte de Choiseul.

M. Duclos me mande qu’on a rendu les annonces des Cramer, si ridiculement saisies. Mes commentaires sont très sévères, et doivent l’être, parce qu’il faut qu’ils soient utiles ; mais après avoir critiqué en détail, je prodigue les éloges en gros, j’encense Corneille en général, et je dis la vérité à chaque ligne de l’examen de ses pièces.

Je donne au public beaucoup plus que je n’avais promis ; vous aurez bientôt le Jules César de Shakespear, traduit en vers blancs, imprimé à la suite de Cinna, et la comparaison de la conspiration contre César avec celle contre Auguste ; vous verrez si je loue Corneille, et Shakespear vous fera bien rire.

La Place n’a pas traduit un mot de Shakespear 3.

Vous aurez aussi la traduction de l’Héraclius de Calderon, et vous rirez bien davantage. Que les Français ne sont-ils dans la tactique ce qu’ils sont dans le dramatique !

Tronchin ne sait ce qu’il dit . Le lait d’ânesse m’a fait mal ; j’ai eu le malheur de travailler ; mais il est trop affreux de ne rien faire.

J’apprends dans l’instant qu’on vient d’enfermer dans des couvents séparés la veuve Calas et ses deux filles. La famille entière des Calas serait-elle coupable, comme on l’assure, d’un parricide horrible ? M. de Saint-Florentin 4 est entièrement au fait ; je vous demande à genoux de vous en informer. Parlez-en à M. le comte de Choiseul ; il est très aisé de savoir de M. de Saint-Florentin la vérité ; et, à mon avis, cette vérité importe au genre humain.

La poste part ; je vous adore. »

1 Dans l'édition de Kehl, manquent les passages suivants , biffés sur le manuscrit : « je suis à vos pieds […] tant de goût . [début] et Je ne manquerai pas […] M. de Courteilles . [vers la fin ].

2 Sur cette cuvette ou « vaisseau » destiné à Jean-Robert Tronchin, voir lettre du 8 février 1762 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/29/son-vaisseau-pour-les-verres-est-malheureusement-le-plus-bea-5904773.html

3 C'est exact .

4 Saint-Florentin avait dans son ministère la maison du roi, les affaire religieuses, le Languedoc, Montauban, et aussi les postes, où son premier commis était Chaban .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ph%C3%A9lypeaux_de_Saint-Florentin

 

il fallait que je prisse la liberté de vous adresser la réponse

... à vous ô sondeurs d'opinions de toutes sortes, y compris celle du redoutable NSPP* !

Il fallait ! il fallait ! vous en avez de bonnes avec vos questions ! vous vous contenterez du résultat des urnes qui ne laissera plus de doute , lui .

* Ne Se Pro-nonce Pas (même s'il s'é-nonce, apostolique ).

Image associée

 

 

 

 

« Au prince Dimitri Mikhaïlovitch Golitsuin 1

[4 juin 1762 ?]

Monsieur,

Ayant reçu une lettre de M. de Shouvalow , chambellan et lieutenant général de Sa Majesté impériale, j'ai été instruit en même temps qu'il fallait que je prisse la liberté de vous adresser la réponse . Je suis persuadé monsieur que le nom de M. de Shouvalow sera mon excuse auprès de vous et que vous vous chargerez avec plaisir du soin de lui faire tenir cette lettre . Oserais-je vous supplier, monsieur, de vouloir bien m'en accuser la réception et le départ ? Je vous aurais beaucoup d'obligation .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre . »