Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/09/2017

je suis extrêmement content de votre manière de penser équitable et tolérante

... A qui peut-on encore dire cela ?

 

 

« Au ministre Paul-Claude Moultou

[octobre-novembre 1762] 1

J'ai le malheur , monsieur, de n'être pas plus content des lettres de Warburton que du livre de Bollingbroke 2. Mais je suis extrêmement content de votre manière de penser équitable et tolérante, et très reconnaissant de votre bonté .

Je persiste toujours à croire que M. Bruce 3 gronde un peu trop notre pauvre Mme Calas . Il ne changera pas le caractère de cette femme, et il ne lui donnera point d'esprit . Plaignons-la, servons-la, et ne la contristions point . L'affaire va cent fois mieux que je n'avais osé l'espérer . Je vous avoue que si on réforme , comme je le crois , l'abominable arrêt des assassins visigoths en robe noire, ce sera pour moi une consolation bien touchante .

Je deviens bien sourd, mais je n'en suis pas moins sensible . Je le suis surtout à votre extrême mérite .

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien dire à Mme la duchesse d'Anville que sans mes oreilles, je serais à ses pieds tous les jours . Soyez bien persuadé de ma respectable estime .

V.

1 L'édition Taillandier est incomplète et date de mars 1763 ; Lettres inédites place la lettre entre deux autres des 2 et 7 mars . Pour la date retenue ici, on observera que la duchesse d'Anville quitta Genève peu après le 13 novembre 1762 .

 

je souffre mon mal plus patiemment , puisque le vôtre diminue .

... Sympathie, empathie, des qualités voltairiennes que certains disent chrétiennes alors qu'elles ne sont , normalement,  d'aucune obédience religieuse .

 Image associée

 

 

« A Philippe Debrus

[octobre-novembre 1762] 1

Je suis bien consolé, mon cher monsieur, par votre convalescence, et je souffre mon mal plus patiemment , puisque le vôtre diminue .

J'ose vous prier de ménager un peu la sentimentalité 2 et la faiblesse de cette pauvre Mme Calas . Il me paraît qu'elle fait tout ce qu'elle peut . Jouissons de la satisfaction que nous devons attendre de voir bientôt l'infâme arrêt de Toulouse réformé, et ne troublons point une espérance, si bien fondée, par de vaines craintes . M. d'Argental a la bonté de me rendre compte de tout ce qui se passe . En vérité, les choses vont beaucoup mieux que je n'osais l'espérer . Je vous dirai bien des choses, dès que je pourrai sortir . »

1 Original avec endos « 1762 août », suivi par les éditions, mais c'est trop tôt par rapport aux espérances dont il fait état ici .

2 Les lexicologues datent l'apparition de ce mot du début du XIXè siècle, à tort ; cet usage par V* leur a échappé .

pour arriver à la paix que nous attendons, et qui clora le tout, il faut un peu de temps

...

 

 

« A Gabriel Cramer

[octobre-novembre 1762]

Mon cher Gabriel saura que je n'ai ici rien de l'état de l'Europe depuis Louis XIV .

Qu'il faut un peu de temps pour insérer la guerre de 1741 dans ce fatras, et que pour arriver à la paix que nous attendons, et qui clora le tout, il faut un peu de temps .

Qu'il faut songer à Corneille sérieusement, et presser la cadence, qu'il faut faire parler aux gros souscripteurs à Paris .

Qu'il faut m'employer pour les 25 exemplaires Shouvalow artillerie .

Mon cher Gabriel est prié d'imprimer et faire distribuer la feuille patriotique 1 ci-jointe .

On dit une certaine dame borgne 2 et un certain homme aveugle . »

2 Mme de Pompadour dont les yeux étaient atteints ; l' « aveugle » est-il alors le roi ?