Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2017

Quelle honte ! quelle guerre ! les ministères de Philippe III et de Philippe IV ne se conduisirent pas plus misérablement que les Espagnols d’aujourd’hui

... Résultat de recherche d'images pour "espagne et catalogne le 19/10/2017 humour"

Angela et Emmanuel en choeur " Hey Theresa ! les Catalans sont aussi cinglés que les Anglais . Brexit et Catalexit, vous êtes faits pour vous entendre , isn't it ?" 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10 décembre 1762

Mes divins anges, vous avez beau faire, on ne commande point au diable . Les sorciers seuls ont ce privilège, et c’est le diable qui me commande. Il s’empara de moi il y a bientôt dix-huit mois, et me fit faire en six jours la sottise que vous savez 1. J’étais ivre de mon ouvrage au septième ; mais l’âge m’a rendu un peu défiant, et surtout je me défie de moi-même. Mes chers anges, je vous parlais d’attendre au carême ; à présent je vous supplie de remettre à Pâques. Plus on attend, plus valent les tragédies. Vous ne chômerez point cet hiver. Vous avez Eponine, dont on dit beaucoup de bien. Il y a force tragédies, force comédies ; vous aurez le plaisir de voir des succès et des chutes. Souffrez que, cet hiver, je me donne tout entier à mon paradis de Ferney, au csar Pierre, à Corneille, à l’Histoire générale . Quand j’aurai fait tout cela, et que ma tête sera libre, alors vous aurez tant de vers qu’il vous plaira.

Sachez de plus, ô anges ! qu’il y a sur le métier un ouvrage à l’occasion des Calas 2 qui pourrait être de quelque utilité, à ce que disent les bons cœurs, et pour lequel on vous demandera votre suffrage et votre protection.

Je vous remercie historiquement de m’avoir confirmé la cession de la Floride. Quelle honte ! quelle guerre ! les ministères de Philippe III et de Philippe IV 3 ne se conduisirent pas plus misérablement que les Espagnols d’aujourd’hui 4.

Oh ! que votre aimable duc de Praslin a bien fait de finir tant de pauvretés ! Il a rendu service au genre humain, et surtout aux Français. Je me soucie très peu du Canada . Je ne l’ai jamais aimé , mais la paix nous devenait nécessaire comme le manger et le dormir. Je l’en remercie encore, et je suis enchanté que ce soit votre ami qui ait fait une si bonne œuvre.

Vous me dites toujours que je ne réponds point aux chefs d’accusation que je me tais sur Zulime, sur Mariamne. Je reverrai Mariamne et Zulime quand je r'aurai 5 ma tête, j’entends ma tête poétique. A présent je suis tout prose ; me voilà cunctateur. Attendons : Zulime, Mariamne, Olympie, tout cela viendra si je vis.

Savez-vous que je suis bien vieux ? Le duc de Villars, quoique plus jeune, est plus vieux que moi . Il a des convulsions de Saint-Médard à le faire canoniser par les jansénistes. Il souffre héroïquement ; il a dans les maux plus de courage que son père. Il y a bien des sortes de courage.

Eh bien vienne l'épouseur de Marie Corneille . Nous les marierons pour peu qu'il en ait l'envie .

Mais que dites-vous de Luc et de son compliment 6 au roi d'Angleterre ? »



1 Olympie .

2 Traité sur la tolérance .

4 Les cinq derniers mots ont été rajoutés sur le manuscrit entre les lignes .

5 L'édition de Kehl remplace ce verbe par retrouverai .

6 On ne sait à quel compliment V* fait ici allusion, la dernière lettre de Frédéric II à George II remontait au 30 août 1757 .

J'espère, monsieur, que les arrangements dont nous convenons ne vous déplairons pas . J'aurais souhaité qu'ils eussent été faits plus tôt

... Et moi aussi !

 Résultat de recherche d'images pour "le temps c'est de l'argent humour"

 

 

« A Jean-Jacques Mallet Négociant

à Marseille

Au château de Ferney 9è décembre 1762 1

J'espère, monsieur, que les arrangements dont nous convenons ne vous déplairons pas . J'aurais souhaité qu'ils eussent été faits plus tôt . L'argent qu'il en a coûté pour bâtir et démolir ensuite une muraille assez longue, et pour faire un chemin devenu inutile, aurait été employé à des embellissements qui auraient rendu votre séjour et le mien plus agréables . Vous serez le maître du pré que vous désirez . Le nouveau chemin que je fais vous sera beaucoup plus commode étant presque vis-à-vis de votre maison . Vos possessions seront plus arrondies . Vous aurez de grandes promenades à droite et à gauche . Les arbres que j’ai déjà plantés feront des berceaux assez bas qui ne pourront nuire ni à votre vue , ni à la mienne 2.
Il sera aisé, d'ailleurs, de faire , si vous le voulez, une porte de communication . Mme Denis en profitera et cultivera plus commodément la société de madame Mallet dont elle sent tout le prix . Nous lui présentons nos très humbles obéissances .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Original signé avec cachet « Genève » et mention « Ferney 9è décembre 1762 . M. de Voltaire rép[ondu] le 28.1763. Sur Ferney . »

Le même jour le consistoire de Genève inscrivit : « A comparu Jean-Pierre fils de feu Jean Calas de Toulouse, sur la permission qui lui en a été accordée par monsieur le modérateur, né de parents protestants, mais baptisé dans l’Église romaine, auquel monsieur le modérateur a représenté la faute qu'il avait faite de promettre d'embrasser la religion catholique romaine ; sur quoi ledit Calas a témoigné son regret et c'était l'horrible circonstance où il s'est rencontré dans le mois de novembre 1761 qui l'avait engagé à faire cette promesse […] Après quoi il a té interrogé sur divers points qui nous séparent d'avec l’Église romaine, et ayant paru instruit et renoncé aux erreurs du papisme, et il a été reçu membre de notre communion . »Registres du consistoire, R87, p. 142.

2 Par la suite, et la mésentente, ces arbres donneront le Cache-Mallet, vis à vis de ce que Mallet fit pousser : le Cache-Voltaire . Voir page 150 : http://www.persee.fr/doc/globe_0398-3412_2003_num_143_1_1478