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14/11/2017

Si on ne prend pas ce parti , tout sera infailliblement perdu ; c'est l'avis de ...

... pas moins de quinze mille scientifiques dans « Mise en garde des scien­tifiques à l’humanité : deuxième avertissement. » Les humains ont la tête dure,  il peut leur en cuire (au sens propre)  dans peu de temps .

http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/quinze-m...

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« A Gabriel Cramer

On a reçu deux feuilles des Éclaircissements 1 qui ne se suivent pas . La page 16 finit par ce mot L'Histoire, et la page 17 commence par ce et déploie . Ce qui est dans la page 15 est répété dans les pages 16, 17, 18 et 19 . L'imprimeur s'est trompé, et a pris sans doute une ancienne feuille a, pour la nouvelle .

Au reste, on imprime à Paris ces Éclaircissements, mais si monsieur Cramer veut les ajouter à l'Histoire générale, il fera très bien de se dépêcher d'achever cette histoire qui est attendue avec quelque impatience . L'Errata est tout prêt . On va en faire un pour les dix volumes qui précèdent ; mais il serait essentiel de réimprimer Mariamne selon la nouvelle leçon, en observant de mettre autant de pages pour la nouvelle Mariamne que pour l'ancienne, ce qui est très aisé, et ce qui ne nuira pas à l'édition .

Quant au Traité sur la tolérance, il paraît que monsieur Cramer pourra y employer la presse qui a servi à l'Histoire du czar, cette histoire étant incessamment finie . En attendant il est prié de renvoyer le manuscrit, auquel il faut ajouter des notes nouvelles .

On a reçu une lettre de M. Marin 2, par laquelle il se plaint de n'avoir pu trouver de libraire qui lui ait pu fournir deux souscriptions pour Mme la princesse de Tallemont 3. Il est absolument nécessaire que monsieur Cramer ait la bonté de presser ses correspondants, et de faire insérer un nouvel avertissement dans les journaux . Mais surtout il faut rafraîchir le mémoire des souscripteurs qui n'ont pas fourni leur contingent . On ne peut s'y prendre que par des lettres circulaires, imprimées, et envoyées à l'adresse des personnes qui ont promis beaucoup, et qui ne donnent rien . Si on ne prend pas ce parti , tout sera infailliblement perdu ; c'est l'avis de M. et Mme d'Argental ; ils sont fort étonnés que M. Philibert ne les ai point vus, et n'ait pris aucune mesure pour ces souscriptions . Cette entreprise ne peut réussir que par beaucoup d'empressement et de soins .

Caro je suis très en peine de votre hydrocèle 4 mais ce n'est surement qu'un peu d'eau extravasée . S'il en faut venir à un petit coup de lancette vous ne serez certainement pas réduit à l'état de Daumart . Je vous prie de me faire donner de vos nouvelles . Je vous embrasse de tout mon cœur, et je salue toute votre famille .

V.

4 janvier au soir [1763]. »

2 François-Louis-Claude Marin , signalé à V* par Thieriot en 1758 ., occupe en 1763 alors une position clé dans les services de la censure et spécialement du commerce des livres ; il rendit à V*des services très importants au mépris des devoirs de sa charge . Pourtant , seule la publication non autorisée des Lois de Minos , en 1773, lui causa quelques ennuis passagers . On le retrouvera aux prises avec Beaumarchais qui fit de lui des portraits féroces . Voir : http://data.bnf.fr/11914585/francois-louis-claude_marin/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64976583/f11.image

3 On ne trouve pas le nom de cette princesse dans la liste des souscripteurs .

la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses

... Ami Voltaire, les Français sont encore et toujours comme ça au XXIè siècle, et les plus remarquablement attachés à cette misérable coutume sont nos politiciens . Il est des coutumes plus néfastes me direz-vous, mais il en est de plus louables heureusement , et vous le savez bien .

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney , 3 janvier 1763 1

Mon illustre magistrat, mon respectable ami, j’ai le cœur serré de la lecture de votre second mémoire . Que je vous plains ! Que les derniers pas de votre belle carrière sont pénibles ! Mais enfin vous êtes sage . Tâchez de finir cette affaire à quelque prix que ce soit et ménagez-vous des heures heureuses sur la fin de ce jour d'orages qu'on appelle la vie . Je voudrais voir le mémoire de votre adverse partie ; et quand je songe que cette adverse partie est un fils, un premier président qui vous doit ce qu'il a et ce qu'il est, je suis bien affligé .

Je vous promets de venir vous voir l'année prochaine, si je suis en vie . Vous savez que jusqu'ici je n'ai pas eu un moment dont je pusse disposer .

Je me flatte que votre procès contre monsieur votre fils vaut mieux que celui que vous entreprenez pour votre dessinateur . Vous en appelez à M. de Caylus, c'est précisément , à ce qu'on me mande, M. de Caylus qui l'a condamné . Pour moi je ne le condamne point, il m'est très indifférent que des figures soient grandes ou petites, et même qu'elles soient bien ou mal faites . On n'examine point les estampes des tragédies qu'on ne peut lire ; et les souscripteurs n'ont que trop d'estampes et de papier pour leur argent .

Beaucoup même de souscripteurs n'ont rien donné selon la louable coutume des Français, qui sont riches en paroles et généreux en promesses, tandis que les Anglais sont ordinairement l'un et l'autre en effet .

Venons à présent à notre petite affaire . Le billet que vous m'avez fait à Lyon entre les mains de MM. Tronchin et Camp, ne vaut rien en justice réglée et déréglée, parce que c'est une quittance plutôt qu'un billet, et que certainement monsieur votre fils ne le paierait pas, et que mesdames vos filles seraient en droit de le pas payer à Mlle Corneille ou à mes autres hoirs après que notre corps sera rendu aux quatre éléments .

La procuration que vous avez eu la bonté de m'envoyer ne peut suffire parce qu'elle ne spécifie point le temps où je vous ai prêté la somme de vingt mille livres, et qu'elle ne dit pas même que cet argent vous a été prêté .

De plus vous marquez par un petit billet séparé que la date du prêt est omise pour éviter le contrôle . Mais vous savez que les fermiers du domaine exigent toujours les droits de contrôle en province, soit que le contrat soit en règle, soit qu'il paraisse défectueux, et l'acte nul quand il n'a pas été contrôlé .

Observons encore que la date du prêt étant omise, l'intérêt de la somme hypothéquée ne pourrait courir que du jour du contrat ; et que s'il arrivait ce qu'on appelle un malheur ( par courtoisie ) , à vous et à moi, ce qui peut très bien arriver, quinze ou seize mois d’arrérages seraient infailliblement perdus pour Mlle Corneille ou pour mes héritiers, lesquels ne seront pas riches attendu que je n'ai presque que du viager, et ma terre de Ferney qui est plus agréable qu'utile .

Je soumets toutes ces raisons à votre prudence et à votre amitié, et je vous supplie de vouloir bien faire un acte légal à Paris où l'on ne paie point de droits de contrôle . Je vous envoie le modèle de cet acte qui peut être dressé entre vous et le notaire, sans qu'il soit besoin de ma procuration , et si on en voulait absolument une, je l'enverrais sur le champ à la réception de vos ordres .

Il faut que je vous dise tout, pardonnez-moi mon respectable ami . Il me revient de plusieurs endroits que votre terre de La Marche ne suffit pas pour remplir les droits prétendus ou à prétendre de monsieur votre fils et de mesdames vos filles . On affecte de répandre que vous vous êtes fait un peu d'illusion dans vos espérances, et qu'on peut abuser de votre facilité . Je ne peux croire qu’ayant si longtemps et si bien décidé des affaires des autres, vous n'avez pas mis dans les vôtres propres toute la clarté et toute la sûreté qui doivent y être .

Je m'en rapporte mon digne magistrat à votre sagesse, à la connaissance parfaite que vous devez avoir de vos affaires ; à votre intégrité et à votre compassion pour l'héritière de Corneille, qui n'a de fortune que ces vingt mille livres, et l'espérance vague du produit d'une souscription . Pardonnez-moi je vous en conjure la liberté que je prends de vous donner avis des bruits publics ; et n'imputez cette liberté qu'à mon tendre attachement . Je ne peux vous exprimer ma surprise et ma douleur de la conduite de monsieur votre fils envers vous . N'y a-t-il nul accommodement à faire ? Le malheureux billet que vous lui avez donné portant approbation et quittance de toute sa gestion ne vous condamnerait-il pas dans la rigueur de la justice, qui n'examine pas si vous avez été surpris ou non, si vous avez signé ou non votre ruine, si vous avez fait cette reconnaissance à la hâte ou avec mûre délibération ? Quel recours pourrait avoir un homme de votre âge et de votre rang ? Je n’en vois aucun . Legem tibi dixisti 2. Vous mettez en évidence les procédés cruels qu'on a eus avec vous , mais irez-vous plaider contre votre signature ? Encore une fois, il ne m'appartient pas de m'ingérer dans vos affaires, et d'oser vous donner un conseil . Je me borne à des souhaits, au vif intérêt que je prends à tout ce qui vous touche et au tendre et respectueux dévouement que je conserverai pour vous toute ma vie .

Je vous proteste que je ne crois aucun des bruits qu’on sème malignement à Dijon . Mais encor une fois j'ai cru qu'il était du devoir de ma respectueuse et tendre amitié de vous en donner avis . On dit que vous avez mis La Marche en vente et que ces fausses rumeurs ont été répandues exprès pour empêcher l'acquisition . Votre ville de Dijon ne vaut pas grand-chose , à ce que les bonnes gens assurent, mais vous n'en êtes que plus respectable pour moi qui vous adore .

V.

Le diable est dans les parlements d'Aix et de Dijon, mais où n'est-il pas ? »

1 Manuscrit olographe appartenant à feu Armand Godoy, de Lausanne .

2 Tu as dit la loi dans ta propre cause ; c'est-à-dire qu'en donnant sa signature, Fyot a pronnocé contre lui-même dans sa propre cause .