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01/12/2017

Les perruques carrées de Genève ont trouvé cela mauvais ; elles ont dit que Calvin défendait le bal expressément

... Nous avons là une parfaite illustration de ce qu'on nomme des faux-culs ; ceux-ci sont du XVIIIè siècle, mais la race n'en est pas éteinte, chrétiens, musulmans, bouddhistes, juifs et autres sectes savent très bien édicter des interdits, des tabous, et se conduire pour leurs intérêts personnels comme de fieffés salauds . Allah, Yahwe, Vichnou, Bouddha et Nanabozo sont grands ! mais le portefeuille est encore plus grand et a horreur du vide .

 Caricature : on ne descend pas du singe... on descend de Calvin !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

17 janvier 1763

Voyez, mes anges, si ceci vous amusera, et s’il amusera M. le duc de Praslin. Les laquais des Français et des Anglais, ou bien des Anglais et des Français, qui sont à Genève, ont voulu donner un bal aux filles en l’honneur de la paix. Les maîtres ont prodigué l’argent ; on a fait des habits magnifiques, des cartouches aux armes de France et d’Angleterre, des fusées, des confitures : on a fait venir des gélinottes et des violons de vingt lieues à la ronde, des rubans, des nœuds d’épaule, et Vive MM. les ducs de Praslin et de Bedfort  dessinés dans l’illumination d’un beau feu d’artifice. Les perruques carrées de Genève ont trouvé cela mauvais ; elles ont dit que Calvin défendait le bal expressément ; qu’ils savaient mieux l’Écriture que M. le duc de Praslin ; que d’ailleurs pendant la guerre ils vendaient plus cher leurs marchandises de contrebande . En un mot, toutes les dépenses étant faites, ils ont empêché la cérémonie 1.

Alors la bande joyeuse a pris un parti fort sage . Vous allez croire que c’est de mettre le feu à la ville de Genève, point du tout ; les deux partis sont allés célébrer leur orgie sur le territoire de France (il n’y a pas bien loin). Rien n'a été plus gai, plus splendide et plus plaisant . Cela ne vous paraîtra peut-être pas si agréable qu’à nous ; mais nous sommes de ces gens sérieux que les moindres choses amusent.

Je me flatte que mes anges ont reçu mon testament en faveur de Mlle d’Epinay 2, par lequel je lui donne et lègue les rôles d’Acanthe et de Nanine. Si elle veut encore celui de Lise, dans l’Enfant prodigue, je le lui donne par un codicille, révoquant à cet effet tous les testaments antérieurs.

Dieu vous ait, mes bons anges, en sa sainte et digne garde ! Respect et tendresse.

V.»

1 Les archives de Genève n'ont pas fait mention de cet événement , sans doute trop mineur .