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05/01/2018

il faut avoir soin que les lignes soient également espacées

... Tenez vous le pour dit, vous politicards de tous poils qui vous gargarisez de la ridicule formule "il faut faire bouger les lignes". Pour autant que je sache, à mon modeste niveau, je ne vois que les poissons pour faire réellement bouger les lignes .

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 5 février 1763]

Je renvoie à Caro la feuille V., de l'Histoire, et la feuille X de Pertharite, avec l’errata du tome trois . Le reste me paraît aller assez bien, mais il faut avoir soin que les lignes soient également espacées .

Je supplie monsieur Cramer de m'envoyer trois exemplaires de la feuille V de l'Histoire générale , vingt-quatre exemplaires des Éclaircissements historiques 1, et de ne pas perdre un moment pour ce qui regarde la tolérance et les rogatons que je lui ai envoyés ; je l'embrasse de tout mon cœur .

N. B. qu'il y a un mot à corriger à la page 315 de la feuille V de l'Histoire . »

Si les avocats n'ont pas le droit de plaider, il n'y aura donc plus ni droit ni loi en France

... Ce qui heureusement n'est pas le cas en France, mais  nombre de pays connaissent les arrestations arbitraires y compris celles d'avocats . La liste en est longue . Et je plains notre président d'avoir à fréquenter des chefs d'Etats qui pratiquent plus la schlage que la justice .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[vers le 4 février 1763] 1

J'ai pris la liberté , mon cher frère, d'écrire à M. d'Aguesseau et à M. de Crosne la lettre dont je vous envoie copie 2. Je ne sais si MM. de Beaumont, Mariette et Loyseau ne feraient pas bien de présenter requête contre l’insolence du présidial de Montpellier qui a fait saisir leurs factums . Il me semble que c'est outrager à la fois le conseil à qui on les a présentés et les avocats qui les ont faits . Si les avocats n'ont pas le droit de plaider, il n'y aura donc plus ni droit ni loi en France . Je m'imagine que ces trois messieurs ne souffriront pas un tel outrage . Il n'appartient qu'au juges devant qui l'on plaide de supprimer un factum en le déclarant injurieux et abusif, mais ce n'est pas assurément aux parties à se faire justice elles-mêmes . J'espère surtout que cette démarche du présidial de Montpellier, commandée par le parlement de Toulouse sera une excellente pierre en faveur des Calas . On ne doit plus regarder les juges du Languedoc que comme des criminels qui cherchent à écarter les preuves de leur crime aux yeux de leur province .

 

Je rouvre ma lettre pour supplier mon frère de faire parvenir mon certificat de vie à M. de Laleu, notaire, car enfin je suis en vie encore, et c'est assurément pour vous aimer . »

j’ai toujours souhaité que les femmes gouvernassent

... Le monde n'en serait peut-être pas bien meilleur, mais à coup sûr il ne serait pas plus mauvais ( ma mère persiste a être contre un gouvernement féminin, préjugé d'un autre âge, victime d'un formatage qui fait encore des siennes ).

Ami Voltaire, tu avais presque trois siècles d'avance ! bravo !!

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach 1

Au château de Ferney par Genève

4 février 1763

Madame, j’aime mieux avoir l’honneur d’écrire à Votre Altesse Sérénissime d’une main étrangère, que de ne vous point écrire du tout. Je deviens presque aveugle, et il ne faut pas l’être quand on veut faire sa cour à Carls-rueh . J’apprends avec bien de la douleur que Votre Altesse Sérénissime a été malade tout comme une autre ; la beauté et le mérite ne guérissent de rien ; les médecins ne guérissent pas davantage  il n’y a que le régime qui rétablisse la santé.

Je ne suis point en état, madame, de venir me mettre à vos pieds ; que feriez-vous d’un vieil aveugle ? Mais si quelqu’un de mes enfants peut trouver grâce devant vos yeux, ils viendront demander votre protection.

Je marie dans quelques jours la nièce de Pierre Corneille à un jeune gentilhomme de mon voisinage . La consolation de la vieillesse est de rendre la jeunesse heureuse. S’il faisait plus beau, et si j’étais moins décrépit, je mènerais la noce danser devant votre château, comme faisaient les anciens troubadours ; nous y chanterions les plaisirs de la paix, dont l’Allemagne avait besoin comme nous.

J’espère, dans quelques semaines, envoyer à vos pieds le second tome de la vie de Pierre-le-Grand, ne pouvant le porter moi-même. Votre Altesse Sérénissime y verra des choses assez curieuses ; mais ma plume ne vaut pas vos crayons, et mes peintures ne valent pas vos pastels.

La czarine régnante a grande envie d’imiter la reine Christine, non pas en abdiquant, mais en cultivant les arts et les sciences ; on la dit fort belle et fort aimable . Voilà quatre impératrices tout de suite ; cela tourne un peu la loi salique en ridicule. Pour moi, madame, depuis que j’ai eu l’honneur de vous faire ma cour, j’ai toujours souhaité que les femmes gouvernassent.

Agréez le profond respect avec lequel je serai toute ma vie,

madame,

de Votre Altesse Sérénissime,

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »