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11/01/2018

le bel art de la déclamation, c’est-à-dire dans l’art de se rendre maître des cœurs

... et souvent des esprits !

Nombreux  sont  les embrigadés à l'écoute  de discours charmeurs ou flamboyants, irrationnels ou non, moutons de Panurge tout juste bons à tondre , religieux et politiques confondus .

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Yo ! Comment se faire pigeonner !

 

 

«  Au marquis Francesco Albergati Capacelli, Senatore

à Bologna

A Ferney 14è février 1763 1

Que vous êtes heureux, monsieur, et que je suis malheureux ! Vous et vos amis vous faites de beaux vers ; vous avez votre beau théâtre parmi de jeunes seigneurs et de jeunes dames qui se perfectionnent dans le bel art de la déclamation, c’est-à-dire dans l’art de se rendre maître des cœurs. Pour moi, je deviens sourd et aveugle de plus en plus. La ville de Genève ne me fournit presque plus d’acteurs ni d’actrices ; j’avais fait venir Lekain, qui est le meilleur comédien de Paris ; mais il a fallu bientôt le rendre à la capitale : en un mot, je crois que je ferai bientôt une grange de mon théâtre, et que j’y mettrai des gerbes de blé au lieu de lauriers.

J’avais un peu de honte de me donner du plaisir à l’âge de soixante et dix ans, mais j’ai été un peu rassuré par un vieux fou qui en a soixante et dix huit, et qui joue la comédie, étant paralytique . Il s’appelle Mauricius , c'est ne vous déplaise, un Hollandais, député des États généraux de Hambourg ; il m’a mandé qu’il jouait Lusignan dans Zaïre avec beaucoup de succès ; qu’il se faisait porter sur un brancard, et qu’en un mot on n’avait pas besoin de jambes pour jouer la comédie ; il a raison, mais on a besoin d’yeux et d’oreilles.

Je crois qu’on aura incessamment à Paris une pièce du peintre de la nature, notre cher Goldoni. Je souhaite que tous les Français soient en état de sentir tout son mérite. Vous recevrez immanquablement de moi un petit hommage avant le printemps .

Un homme qui entend parfaitement l’italien 2 me mande qu’il est extrêmement content de la pièce dont notre cher Goldoni a honoré notre théâtre.

Ah ! monsieur, si je n’avais pas bientôt soixante et dix ans, je serais bientôt à Bologna la grassa.

La riverisco di cuore 3

V.»

 

 

 

1 Le manuscrit original porte la mention « f[ran]co Milano » ; Albergati avait écrit le 9 janvier 1763 . Suite à la copie Beaumarchais-Kehl, les éditions ont des parties manquantes ou modifiées , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-7.html

2 Voir lettre du 9 janvier 1763 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/22/v... ; la pièce étant jouée en italien .

3 Bologne l'opulente . Je vous révère de tout mon cœur .

je demande pour elle et pour moi la plus grande diligence

... pourrait dire le modeste Donald Trump lors de ses déplacements en couple au Far West !

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L'un des deux est nocif pour la planète !

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier, Procureur

à Gex

Je prie monsieur Balleidier de me mander ce qu'il a fait, ou ce qu'il fera, touchant le chemin de Prégny à Genève qui devient impraticable .

Je le prie aussi très instamment de chercher dans les minutes qui sont entre les mains de M. Perronet, tous les papiers qui concernent Ferney, et d'engager M. Perronet à me les confier . Je lui serai très obligé .

Mme Burdet insiste fort sur la subhastation 1; je demande pour elle et pour moi la plus grande diligence .

Voltaire

A Ferney 14è février 1763.2 »

2 D'après l'original signé, avec pour la date 13 corrigé en 14.

être heureux par la possession de sa femme

... et non pas celle d'un autre !

Même si le terme "possession", à sens unique, choque certaines âmes féministes, le mariage (sacré ? ) et son contrat sont bien là pour l'entériner, bon gré mal gré, depuis des siècles, toutes croyances religieuses confondues . Pour tous les réfractaires au mariage, la "possession" est parfaitement réciproque et librement consentie , vers infini et au-delà , sauf accident .

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"... le marié, rentré en possession de sa femme, ..." selon les termes consacrés

 

 

« A Jean-Baptiste-François de La Michodière 1

A Ferney , le 13 février 1763

Si j'avais des yeux, monsieur, j'aurais l'honneur de vous remercier de ma main, de la lettre dont vous avez bien voulu m'honorer . Recevez mes très humbles compliments pour vous et M. Thiroux de Crosne sur le mariage de madame votre fille 2. Celui de Mlle Corneille n'est pas si brillant ; je l'ai donnée à un jeune gentilhomme nommé Dupuits dont les terres sont voisines des miennes . Il n'est guère que cornette de dragons, mais il a un avantage commun avec M. de Crosne, celui d'être heureux par la possession de sa femme .

L'affaire que M. de Crosne rapporte est un peu éloignée des agréments dont il jouit ; elle est bien funeste, et je n'en connais guère de plus honteuse pour l'esprit humain . J'ai pris la liberté d'écrire à M. de Crosne sur cette affaire 3. Je dois me regarder en quelque façon comme un témoin ; il y a plusieurs mois que Pierre Calas, accusé d'avoir aidé son père et sa mère dans un parricide, est dans mon voisinage avec un autre de ses frères . J'ai balancé longtemps sur l'innocence de cette famille ; je ne pouvais croire que les juges eussent fait périr, par un supplice affreux, un père de famille innocent . Il n'y a rien que je n'aie fait pour m'éclaircir de la vérité . J'ai envoyé plusieurs personnes auprès des Calas, pour m'instruire de leurs mœurs et de leur conduite . Je les ai interrogés moi-même très souvent . J'ose être sûr de l'innocence de cette famille comme de mon existence . Ainsi j'espère que M. de Crosne aura reçu avec bonté la lettre que j'ai eu l'honneur de lui écrire . Ce n'est point une sollicitation que j'ai prétendu faire, ce n'est qu'un hommage que j'ai cru devoir à la vérité . Il me semble que les sollicitations ne doivent avoir lieu dans aucun procès, encor moins dans une affaire qui intéresse le genre humain . C'est pourquoi, monsieur, je n'ose même vous supplier d'accorder vos bons offices . On ne doit implorer que l'équité et les lumières de M . de Crosne . Vous avez lu les factums, et je regarde l'affaire comme déjà décidée dans votre cœur et dans celui de monsieur votre gendre .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect etc. »

2 Sa fille aînée Anne-Adélaïde-Angélique de la Michodière (1745- 1812 ) épouse le 24 janvier 1763 ,à Paris, Louis Thiroux de Crosne conseiller au parlement de Paris .