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07/08/2018

il faut défendre les faibles

... Voltaire le dit, Voltaire le fait .

Malheureusement les occasions de le faire ne manquent pas, comme ici : https://www.20minutes.fr/monde/2317843-20180806-video-eta...

 Le taudis où étaient retenus les 11 enfants «qui ressemblaient à des réfugiés du Tiers-monde» à Amalia (Nouveau-Mexique), le 4 août 2018.

 Les humains peuvent être de sacrés salopards . Quelques-uns , comme Voltaire, agissent pour le bien, et  c'est la majorité, sinon ...

 

« A Etienne-Noël Damilaville

14 auguste [1763]

Mon cher frère, ma philosophie est réduite à ne vous parler que de procès depuis quelque temps . Les vingtièmes et les dîmes ont été mes problèmes, et voici un nouveau procès que vous m'annoncez, au sujet d'une farce anglicane . S'il y avait une étincelle de justice dans messieurs de la justice , ils verraient bien que l'affectation de mettre mon nom à la tête de cet ouvrage est une preuve que je n'en suis point l'éditeur, ils verraient que le titre qui porte Genève est encore une preuve qu'il n'a pas été imprimé à Genève . Mais Omer ne connait point les preuves . Je me crois obligé de le prévenir . J'envoie à mon neveu d'Hornoy, conseiller au parlement, un pouvoir 1 de poursuivre criminellement les éditeurs du libelle , et à vous mon cher frère j'envoie cette déclaration 2 que je vous supplie de faire mettre dans les Petites affiches en cas de besoin, et dans tous les papiers publics, le tout pour sauver l 'honneur de la philosophie .

Je vous ai dépêché parmi les paperasses immenses dont je vous ai accablé, une procédure concernant les jésuites mes voisins . Le serrurier de mon village ayant travaillé pour eux fut payé en deux voies de bois de chauffage . Les créanciers d'Ignace se sont imaginés que ce pauvre homme avait acheté des jésuites une grande forêt . Ils l'ont assigné à venir rendre compte au parlement de Paris . J'ai donc produit les défenses de mon serrurier : car il faut défendre les faibles ; et je vous les ai adressées pour mon procureur Pinon du Coudray . À quoi faut-il passer sa vie ! Et quel embarras je vous donne ! Il faut que vous soyez bien philosophe pour le souffrir .

Vive felix 3; et écr l'inf .

Nous l'écr – nous l'écr. »

1 Ce pouvoir a disparu, mais le texte figure dans l'édition Clogenson : « Ayant appris qu'on a imprimé à Paris et qu'on débite sous mon nom une prétendue tragédie anglaise intitulée Saül et David, je prie mon neveu M. d'Hornoy, conseiller au parlement, de bien vouloir donner de ma part un pouvoir au sieur Pinon du Coudray, procureur, de poursuivre criminellement les auteurs de cette manœuvre et de cette calomnie. / Fait aux Délices près de Genève, 13 auguste 1763./Voltaire. »

2 C'est l'avertissement qu'on a retrouvé dans la lettre du même jour à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/08/06/il-n-est-pas-permis-de-tromper-ainsi-le-public-6070887.html

3 Vis heureux .

il n’est pas permis de tromper ainsi le public.

... Ce qui n'est pas le reproche qu'on peut faire à ces deux enflures (au sens premier) que sont Booba et Kaaris, roquets qui bavent l'un sur l'autre publiquement depuis assez / trop longtemps  ; qu'ils remercient les juges de les avoir mis à l'ombre en ce temps de canicule (temps de chien justement ) . Il en est qui aiment leurs chansons [sic] et leurs personnes, tous les goûts sont dans la nature, y compris le mauvais .

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Match de nuls !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

O mes anges ! après avoir beaucoup écrit de ma main, je ne peux plus écrire de ma main. Je ne m’aviserai pas de vous envoyer corrections, additions, pour la tragédie de mes roués [Octave ou le Triumvirat]. Une autre farce vient à la traverse. On prétend que notre ami Fréron, très attaché à l’Ancien testament, a fait imprimer la facétie de Saül et David qui est dans le goût anglais, et qui ne me parait pas trop faite pour le théâtre de Paris [Le relieur Pierre Hallé , qui avait été condamné en 1757 « au caveau et banni pour trois ans pour avoir imprimé des ouvrages impies et scandaleux » a été emprisonné le 8 août pour avoir eu 62 copies « de la tragédie du Saül par Voltaire ; il sera relâché le 30 octobre 1763 .»]. Ce scélérat, plus méchant qu’Achitophel [Achitophel, conseiller du roi David, complota avec Absalon , fils de David, révolté ; il conseilla à celui-ci d'abuser des femmes de son père et autres mauvais conseils ; Absalon ne les suivit pas . Achitophel se pendit de dépit .] a mis bravement mon nom à la tête ; c’est du gibier pour Omer [Omer Joly de Fleury, procureur général du Parlement de Paris]. Je n’y sais autre chose que de prévenir Omer, et de présenter requête, s’il veut faire réquisitoire. Je me joins d’esprit et de cœur à Messieurs, en cas qu’ils veuillent poser sur le réchaud Saül et David, au pied de l’escalier du May [c’est là qu’on brulait les livres condamnés à la requête d’Omer] ; voir Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé Grizel .] C’étaient, je vous jure, deux grands polissons que ce Saül et David, et il faut avouer que leur histoire et celle des voleurs de grand chemin se ressemblent parfaitement. Maitre Omer est tout à fait digne de ces temps là. Quoi qu’il en soit, je déshérite mon neveu le conseiller au parlement [D’Hornoy, fils de Mme de Fontaine, devenue Marquise de Florian, à qui V* écrit la veille : « Il est important pour votre salut que votre oncle ne soit pas excommunié, attendu qu’étant mon héritier vous seriez damné aussi par le troisième concile de Latran. ». V* avait fermement insisté pour qu’il devint conseiller.], s’il n’instrumente pas pour moi dans cette affaire, en cas qu’il faille instrumenter.

Je lui donne tous pouvoirs par les présentes ; et mes anges sont toujours le premier tribunal auquel je m’adresse.

Je vous supplie donc d’envoyer chercher aux plaids mon gros neveu, et de l’assurer de ma malédiction s’il ne se démène pas dans cette affaire.

De plus, j’envoie à frère Damilaville un petit avertissement pour mettre dans les papiers publics, conçu en ces termes :

« Ayant appris qu’on débite à Paris sous mon nom, et sous le titre de Genève [à Damilaville : « S’il y avait une étincelle de justice dans messieurs de la justice, ils verraient bien que l’affectation de mettre mon nom à la tête de cet ouvrage est une preuve que je n’en suis point l’éditeur, ils verraient que le titre qui porte Genève est encore une preuve qu’il n’a pas été imprimé à Genève. »], je ne sais quelle farce, intitulée Saül et David, je suis obligé de déclarer que l’éditeur calomnieux de cette farce abuse de mon nom, qu’on ne connait point à Genève cette rhapsodie, qu’un tel abus n’y serait pas toléré, et qu’il n’est pas permis de tromper ainsi le public. »

Nul ange n’a jamais eu depuis le démon de Socrate un si importun client ; tantôt tragédies, tantôt farces, tantôt Omer, je ne finis point, je mets la patience de mes anges à l’épreuve. Si l’affaire est sérieuse, je les supplie d’envoyer chercher mon gros cochon de [ces trois mots rayés sur la copie Beaumarchais manquent aussi das les éditions suivantes ] neveu, sinon mes anges jetteront au feu la lettre qui est pour lui ; en tout cas, je crois qu’il sera bon que frère Damilaville fasse mettre dans les papiers publics le petit avertissement daté de la sainte ville de Genève. Il faut être bien méchant pour avoir mis mon nom là. Mes méchancetés à moi, se terminent au Pauvre Diable, au Russe à Paris, aux Pompignades, aux Bertiades [Pamphlets contre Lefranc de Pompignan et contre Berthier], à L’Écossaise ; mais aller au criminel ! ah fi !

Respect et tendresse au bout de vos ailes.

V.

Et M. le duc de Praslin a-t-il gagné son procès pour la Gazette littéraire ? [ Post scriptum rayé aussi sur la copie Beaumarchais . V* se réjouira du gain du procès le 1er février 1764, le duc de Choiseul-Praslin s’étant heurté à l’hostilité du Journal des Savants en particulier ]

14è auguste 1763. »