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10/01/2019

La campagne est un port d’où l’on voit tous les orages

... Et le pape bénissant urbi et orbi réunit tout le monde sous la même eau bénite . Les tempêtes des villes envoient leurs vagues scélérates sur le reste du pays qui doit pourtant continuer à les nourrir . A ne pas oublier .

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« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

6è janvier 1764 à Ferney

Non seulement j’ai craint de vous importuner, monseigneur, mais je n’ai pu vous importuner. Mes fluxions sur les yeux ont si fort augmenté, que je suis devenu un petit Tirésie, ou un petit Tobie. Le vieux de la montagne ne sera pas longtemps le vieux de la montagne . Mais, pour égayer la chose, je me suis mis à faire des contes et à les dicter . Il y en a un qu’on a imprimé à Paris 1 aussi mal que les Quatre Saisons. Je n’ai point osé l’envoyer à un prince de la Sainte Église romaine. Je l’aurais autrefois présenté à Babet, et je l’aurais priée d’y jeter quelques-unes de ses fleurs. Mais si Votre Éminence veut s’amuser d’un conte plus honnête, je lui en enverrai un 2 pour ses étrennes . Elle n’a qu’à dire. Je ne peux et ne dois vous parler que de belles-lettres ; ainsi je prendrai la liberté de vous demander si vous avez lu le discours de votre nouveau confrère 3 à l’Académie. Il m’a paru qu’il y avait de bien belles choses dans l’Éloge du duc de Sully 4, qui, après avoir rendu de grands services à la France, alla vivre à la campagne, et finit sa belle vie comme Scipion à Linterne. La campagne est un port d’où l’on voit tous les orages.

Suave mari magno turbantibus æquora ventis, 5etc.

On m’envoie de Paris une Lettre d’un honnête quakre à un frère du célèbre M. de Pompignan . Je ne sais si Votre Éminence l’a vue ; c’est une réponse très courte à un gros ouvrage ; mais tout cela est déjà oublié : et que n’oublie-t-on pas ? Toutes les pièces nouvelles sont déjà hors de la mémoire des hommes. Il n’en est pas de même de celles de Pierre Corneille ; l’édition est entièrement finie ; Votre Éminence aura incessamment ses exemplaires. Elle a vu, par quelques échantillons, dans quel esprit j’ai travaillé ; je n’ai voulu être ni panégyriste ni censeur , je n’ai songé qu’à être utile. C’est précisément en ne songeant qu’à cela qu’on s’attire quelquefois des reproches , mais je suis endurci . Mon cœur ne l’est certainement pas , il est plein de l’attachement le plus respectueux pour Votre Éminence.

Le vieux de la montagne . »

1 Ce qui plait aux dames .

2 Les Trois manières .

3 Marmontel .

5 Il est doux d'apercevoir sur la mer immense, quand les vents agitent les flots , etc ; Lucrèce, De natura rerum, II, 1 .

Comme il y a eu en dernier lieu de petites réformes au bureau des postes

... tel le prix des timbres, et les nouveaux services à la personne (terme consacré) que peuvent/doivent rendre nos facteurs/préposés, je pense que d'ici la fin de l'année, en fonction des déserts médicaux on pourrait bien leur demander aussi de nous ausculter . On n'arrête pas le progrès !

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Avec ou sans sucre ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6è janvier 1764

Comme il y a eu en dernier lieu de petites réformes au bureau des postes, je crains que mes anges n’aient pas reçu de gros paquets que je leur ai adressés sous l’enveloppe de M. de Courteilles, en mémoires.

Je leur ai adressé aussi des petits paquets ; et le dernier ne contenait, si je ne me trompe, qu’une lettre pour le neveu de Pierre. L’avant-dernier contenait ma réponse aux seigneurs de la troupe au sujet d’Olympie, et je demandais les ordres de mes anges. Je leur ai précédemment envoyé un conte à dormir debout et des Tolérance.

Lorsque mes anges auront un moment de loisir, je les supplierai de vouloir bien m’accuser la réception de mes guenilles.

On m’a écrit qu’on voulait voir Olympie à Versailles ; mais je ne le crois pas. D’ailleurs il faut une salle de spectacle fort vaste pour représenter cette pièce, et autant qu’il m’en souvient, il n’y avait à Versailles qu’un théâtre de polichinelle . Je souhaite à mes anges une brillante santé, que je n’ai point.

Respect et tendresse. »

 

les gens de l’autre monde, dont j’ai l’honneur d’être, ne sont pas des correspondants bien exacts

... Et j'en demande bien pardon à tous, avec une attention particulière à Mam'zelle Wagnière qui pourra confirmer .

Quant à l'autre monde, oserais-je vous présenter ci-dessous un possible futur colocataire qui a eu le bonheur de correspondre avec Voltaire : JAPDLMG pour les intimes .

 

 

« A Joseph-Augustin-Prosper de La Motte-Geffrard 1

A Ferney 5 janvier 1764

Je vous demande bien pardon, monsieur, de répondre si tard, mais les gens de l’autre monde, dont j’ai l’honneur d’être, ne sont pas des correspondants bien exacts. Je ne suis plus qu’une ombre ; non seulement j’ai perdu le peu qui me restait de santé, mais je suis presque entièrement privé de la vue . Je me flatte que dans un mois l’édition de Corneille, dont vous me faites l’honneur de me parler, sera publiée par MM. Cramer à Genève, et bientôt après par leurs correspondants à Paris et dans les provinces. Si vous avez souscrit, c’est à eux qu’il faudra s’adresser. Je ne me suis mêlé que d’éplucher des vers, ce qui est une besogne délicate et peu agréable . Je suis infiniment sensible aux bontés que vous me témoignez.

J’ai l’honneur d'être bien respectueusement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »