Puisque la horde des fermiers généraux veut absolument avoir de mon argent, il faut bien payer cette contribution aux ennemis quand ils sont les plus forts

 ... Ce que l'on peut actualiser avec nos fermiers généraux du XXIè siècle, les percepteurs . L'Ancien Régime vit encore grâce (?) à eux . Le principe "payez d'abord" et "nous verrons ensuite si nous pouvons rembourser le trop perçu" perdure, hélas !

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

A Lausanne 3 février [ mars 1758] ¹

Je vous souhaite un bon et heureux voyage, mon très cher correspondant . Je vous supplierai quand vous serez à Paris de vouloir bien à votre loisir parler à l'ami Laleu, notaire . Je vous enverrai un petit mémoire pour lui . Vous verrez aisément à Paris quel est le train des affaires et vous pourrez vous déterminer à vendre ou à garder les annuités et les billets de loterie que vous avez bien voulu acquérir pour moi . Il n'y a nulle nouvelle sinon que Mgr le comte de Clermont a trouvé l'armée la plus délabrée, la plus indisciplinable et la plus pillarde qui soit au monde , ressemblant à une horde de Tartares plus qu'à des troupes françaises .

Puisque la horde des fermiers généraux veut absolument avoir de mon argent, il faut bien payer cette contribution aux ennemis quand ils sont les plus forts . Payez donc, et ayez la bonté de m'envoyer ces flambeaux que Mme Denis a voulu avoir absolument . M. Camp aura la bonté de m'envoyer à son loisir au mois d'avril les cinq cents louis d'or que j'ai demandés . J'aurai aussi par son moyen les tapis de Turquie pillés sur les Anglais . Je lui fais les plus sincères compliments et je vous embrasse tous deux du meilleur de mon cœur .

Mes respects je vous prie à son Éminence ² avant votre départ .

V. »