on va faire de si grands efforts cette année qu'il faudra tout l'esprit de M. le contrôleur général pour trouver, l'année qui vient, de l'argent au trésor royal
30/05/2014
... Remplacez "royal" ( et par la même occasion , si le coeur vous en dit remplacez Royal ! ) par "public", et vous voyez, que la France soit en guerre armée (XVIIIè siècle et suivants, et précédents ) ou en guerre économique (XIXè, XXè, XXIè siècle), le résultat est identique : il faut trouver des sous, du pèze, du flouze, des picaillons, de l'oseille par tous les moyens et pas question de perdre du temps à rechigner, ça ne fait qu'empirer la dette .
Vous voulez des espèces sonnantes et trébuchantes ? des clous !
« A Jean-Robert Tronchin
[6è avril 1759]
Vous verrez, monsieur, par cette lettre pour M. le baron de Beckers 1, envoyé extraordinaire de Son Altesse Sérénissime Électorale palatine, et son premier ministre d’État, de quoi il s'agit . Je vous supplie de souffrir en paix la manière dont j'y parle de vous , et de vouloir bien avoir la bonté d'accompagner ma dépêche d'un petit mot de certificat, conforme à ce que j'écris à M. le baron de Beckers . Je vous supplie de vouloir bien cacheter le tout et de le lui faire tenir à Paris . J'ai oublié sa demeure, mais les lettres aux ministres étrangers sont rendues aussi exactement qu'elles sont ouvertes .
Je viens encore de faire quelques petites acquisitions à Ferney . Quand l’Électeur palatin, le duc de Virtemberg et le roi me payeraient aussi mal qu'on fait à Cadix, nous aurons toujours le lait de nos vaches Mme Denis et moi pour nous nourrir ; il n'y a que cela de bien sûr dans ce monde . On peut mourir de faim avec des rois, mais jamais avec des terres . Il me paraît qu'on va faire de si grands efforts cette année qu'il faudra tout l'esprit de M. le contrôleur général pour trouver, l'année qui vient, de l'argent au trésor royal .
J'embrasse tendrement mon cher correspondant .
V. »
1 Cette lettre n'est pas connue ; elle ne fut sans doute pas transmise, car en en accusant la réception le 9 avril, Jean6robert Tronchin fit des objections, fondées sans doute, aux réclamations que V* présentait à Beckers . Voir lettre du 11 avril 1759 à Jean-Robert Tronchin : « … J'ai donné sur le champ avis au baron de Beckers de la générosité avec laquelle l’Électeur palatin en a usé et je remercie même M. de Beckers qui n'y a contribué en rien . Ainsi vous avez très bien fait de ne lui point envoyer ma lettre, qui n'est plus de saison . »
Voir aussi lettre du 16 mars 1759 au baron von Beckers : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/01/vous-verrez-que-le-temps-se-consume-en-frais-et-que-chaque-moment-accumule.html
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