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21/01/2015

prescrire une méthode générale que je tâcherais de proportionner aux différents tempéraments, en donnant, par exemple, des doses plus fortes aux tempéraments plus robustes ?

... Voltaire nous fait une démonstration de médecine holistique avant l'heure , avec de pauvres moyens, mais le coeur y est .

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 Et pour qui est le remède de cheval ?

 

 

« A Monsieur le docteur Théodore Tronchin

à Genève

[janvier 1760]

Mémoire

Les maladies continuent dans les campagnes, ce sont des fièvres doubles tierces , ou continues avec redoublement . Plusieurs malades sont attaqués d'un flux de sang, sont fort agités, et ont beaucoup d'inquiétude dans les jambes . Le domestique qui m'est mort aux Délices, et qui avait éprouvé ces symptômes commença, dès qu'il se sentit attaqué, par aller se faire saigner à Genève, sans consulter personne ; prit beaucoup de quinquina et augmenta beaucoup son mal . Un de ses frères, fermier dans le pays, lui amena un médecin fort fameux du village de Chêne . Cet illustre médecin qui je crois ne sait pas lire, a fait languir le malade tout le moins qu'il a pu .

J'ai traité le jeune garçon dont je prends soin en suivant de point en point les ordres de monsieur Tronchin . Il est dans la convalescence ; je traiterai de même les fièvres qui ne sont point accompagnées de flux de sang, mais pour ces dernières qui courent aussi dans Genève, et dont monsieur Tronchin a connu le caractère, pourrait-il avoir la bonté de me prescrire une méthode générale que je tâcherais de proportionner aux différents tempéraments, en donnant, par exemple, des doses plus fortes aux tempéraments plus robustes ?

Notre pays de Gex n'est pas assez peuplé pour y tuer nos laboureurs et nos vignerons .

Mon cher docteur, quand je vins ici je ne m'attendais pas que je serai en vie en 1760, et que j'aurais soin de la vie des autres . Vous avez raison de dire que la vie qui reste aux Français est bien malheureuse . On les a traités comme le médecin de Chêne a traité mon domestique . N'êtes-vous pas dans le cas de souffrir beaucoup des remèdes de nos ministres ? n'avez-vous pas une suppression d'annuités et de billets ? J'ai peur que le mal ne soit incurable .

A dimanche .

V. »

 

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