05/02/2016
Tout doit être sacrifié au bien du pays, et tout le sera sans doute
... J'adore ce futur et le doute introduit par ce "sans doute" qui laissent toute opportunité face au sacrifice pour le bien du pays . On croirait une promesse électorale ; nos élus et futurs élus n'ont malheureusement pas la qualité de Voltaire qui joignit les actes aux paroles . Et les faits montrent qu'il ne suffit pas non plus se targuer d'être d'une promotion "Voltaire" de l'ENA pour être digne de ce grand homme , n'est-ce pas petit François and C°?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d'%C3%A9narques_par_p...
Qu'avez-vous sacrifié pour le bien du pays ?
En colère, moi ?
« A Louis-Gaspard Fabry, maire et
subdélégué
à Gex
Monsieur, si le vent est moins violent dimanche, je vous prie à dîner à deux heures précises ; nous viendrons à Ferney exprès pour vous ; vous ne devez pas douter de mon amitié, et je compte sur la vôtre . L'affaire des marais sera très aisée à arranger, elle est très importante .
Mon malheureux parent qui est paralytique depuis un an, ne l'est que pour être allé à la chasse, auprès de ce marais pernicieux ; on a enterré il y a un mois, à Ferney, un jeune homme que la même cause avait réduit au même état ; un de mes gens a été grièvement malade, tous les bestiaux qui paissent auprès de ce lieu infecté sont d'une maigreur affreuse . Vous savez que le village de Magny est désert ; ce marais fait tous les jours des progrès, et s'étend jusque dans mes terres . La négligence impardonnable des habitants et des seigneurs des environs, mettra enfin la contagion dans une province déjà assez malheureuse . J'en ai rendu compte à monsieur le contrôleur général, et au premier médecin du roi, qui a trouvé la chose très sérieuse . Je vous ai demandé, monsieur, pour commissaire dans cette partie . Je suis très persuadé que vous vous joindrez à nous avec tout le zèle que vous avez pour le bien public . Quelque parti qu'on prenne, je serai très content, pourvu que le marais soit desséché au printemps . Tout doit être sacrifié au bien du pays, et tout le sera sans doute, puisque vous avez la bonté d'entrer dans cette opération absolument nécessaire . Nous vous présentons Mme Denis et moi, nos très humbles obéissances ; soyez persuadé monsieur, que c'est avec les sentiments les plus vrais, et l'attachement le plus sincère, que je serai toute ma vie
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
Aux Délices 5è février 1761. »
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