Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/11/2019

Je n'ai point voulu vous remercier, madame, sans avoir joui de vos bienfaits

... Honni soit qui mal y pense !

Résultat de recherche d'images pour "joui de vos bienfaits"

 

 

 

« A Marie-Anne Fiquet du Boccage

Ferney 19è septembre 1764

Je n'ai point voulu vous remercier, madame, sans avoir joui de vos bienfaits . C’est en connaissance de cause que je vous réitère les sentiments d'estime et de reconnaissance que je vous avais voués dès longtemps . J'ai lu la très jolie édition 1, dont vous avez voulu me gratifier . Je ne connaissais point vos agréables lettres sur l'Italie ; elles ont supérieures à celles de Mme de Montaigu 2. Je connais Constantinople par elle, et Rome par vous ; et grâce à votre style , je donne la préférence à Rome . Je ne m'attendais pas, madame, de voir mon petit ermitage auprès de Genève, célébré par la main brillante qui a si bien peint les vignes des cardinaux 3. Les grands peintres savent également exercer leur talents sur les palais et sur les chaumières .

Soyez bien sure, madame, que je suis aussi reconnaissant qu'étonné de l’extrême bonté avec laquelle vous avez bien voulu parler de moi . Je ne nie pas que je ne sois infiniment flatté de voir mon nom dans vos lettres, qui passeront à la postérité ; mais mon cœur, j'ose le dire, est encore plus sensiblement touché de recevoir ces marques d'amitié de la première personne de son sexe et de son siècle . J'ose dire, madame, que personne n'a plus senti votre mérite que moi ; mais je ne me bornerai pas à vous admirer, j'aimais votre caractère autant que votre esprit, l'éloignement des lieux n'a point diminué ces sentiments . Mme Denis les partage, elle est pénétrée comme moi de ce que vous valez ; recevez les hommage de l'oncle et de la nièce, vous êtes au-dessus des éloges, vous devez en être fatiguée ; on est bien plus sûr de vous plaire quand on vous dit qu'on vous est très tendrement attaché, et c'est bien certainement ce que je suis, avec le plus sincère respect .

V. »

2 Sur les lettres de Mme Marie Wortley Montagu, voir lettre du 21 septembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/17/il-cherit-ses-sujets-comme-il-est-aime-d-eux-c-est-un-pere-e-6085187.html