04/12/2020
Le petit bonhomme dont vous protégez l'ouvrage, a fait absolument tout ce que vous avez désiré, ainsi il commence à être content
... et va donc se retirer du JT de 13H : Jean-Pierre Pernaut change de casaque très bientôt : https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/elu-animateur-pref...
A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
12 août [1765]
Mes chers anges, j’avais pressenti combien vos deux belles âmes seraient affligées de la perte que vous avez faite 1. Toute notre petite société habitante du pied des Alpes, en partageant votre douleur, a cherché sa consolation dans l’idée que ce malheur ne changerait rien à votre situation ; et nous croyons en avoir l’assurance, quoique vous ne nous en ayez pas éclaircis dans la dernière lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire.
Le petit bonhomme dont vous protégez l'ouvrage, a fait absolument tout ce que vous avez désiré, ainsi il commence à être content . Il a envoyé une copie à M. de Chauvelin qui est depuis longtemps dans la confidence . Comme il y a une vingtaine de vers corrigés dans cette copie, M. de Chauvelin pourrait vous la faire tenir en la faisant passer par les mains de M. le duc de Praslin ; sinon vous pourriez m'envoyer par lui sous son cachet directement le paquet de la pièce que vous avez adressé sous mon nom à Genève . Je ne vois pas qu'en ce cas on osât arrêter le paquet, et il serait aisé de dire par un mot par M. de Sainte-Foix aux fermiers des postes . Pardon, tout est si prodigieusement changé que je n'y reconnais plus rien .2
Mlle Clairon va jouer, à basse note, Aménaïde et Électre3 sur mon petit théâtre de Ferney, qu’on a rétabli comme vous le vouliez. C’est contre les ordres exprès de Tronchin, qui ne répond pas de sa vie si elle fait des efforts, et qui veut absolument qu’elle renonce à jouer la tragédie. Aussi a-t-elle été obligée de lui promettre qu’elle ne remonterait plus sur le théâtre de Paris, qui exige des éclats de voix et une action véhémente qui la feraient infailliblement succomber.
Pour moi, qui suis encore plus malade qu’elle, je retourne me mettre entre les mains de Tronchin à Genève. Il est juste que je meure dans une terre étrangère, pour prix de cinquante années de travaux, et que Fréron jouisse à Paris de toute sa gloire.
Je vous supplie encore une fois, au nom de l’amitié dont vous m’avez toujours honoré, de me mander si vous croyez que les calomnies dont j’ai toujours été la victime ont fait une assez forte impression pour que je doive prendre le parti d’aller vivre dans un petit bien que j’ai vers la Suisse, ou plutôt pour y aller mourir. Je suis tout prêt, et je mourrai en vous aimant. »
1 Mort du duc de Parme ; voir lettre du 28 juillet 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/11/23/il-songera-tres-serieusement-a-tout-ce-que-vous-lui-faites-l-honneur-de-lui.html
2 Ce paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais manque dans toutes les éditions .
3 Personnages respectivement des tragédies Tancrède , et Oreste .
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