Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/09/2021

Ce sont des plaideurs acharnés qui plaident poliment : ils ne sont pas assez puissants pour s’égorger

... Tous les candidats de toutes les élections passées, présentes et à venir correspondent à cette description en régime démocratique, pour les autres l'égorgement ou la fusillade sont de mise sans remord .

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

À Ferney, par Genève, 21 juin 1766

Madame,

Votre Altesse Sérénissime sait que mon état me permet bien rarement d’écrire . Elle daigne y compatir. L’occasion qui se présente me rend un peu de force. Il s’agit de faire du bien, de secourir des innocents infortunés, et de désarmer la superstition. Qui sera à la tête de cette entreprise, si ce n’est madame la duchesse de Saxe-Gotha ? Daignez lire ce mémoire, madame, et votre cœur généreux sera touché.

Permettez que votre auguste nom honore la liste des princes qui veulent bien secourir la famille dont j’ai dû prendre les intérêts. La société humaine bénira tous ceux qui daigneront favoriser une si juste cause.

La ville de Genève, à laquelle Votre Altesse Sérénissime a paru s’intéresser, est toujours dans le même état. Elle attend que les médiateurs décident de sa destinée et qu’ils lui donnent des lois, puisqu’elle n’a pas su s’en donner elle-même. Rien n’est plus divisé et plus tranquille que cette petite république. Les deux partis ennuient leurs juges par des mémoires très longs et très embrouillés. L’animosité et la haine sont respectueuses et honnêtes. Ce sont des plaideurs acharnés qui plaident poliment : ils ne sont pas assez puissants pour s’égorger.

Il en est à peu près de même dans le duché de Virtemberg. C’est tout le contraire, madame, dans vos États , tout y est tranquille parce que vous y êtes adorée.

Je me flatte, madame, que votre santé s’est raffermie dans le printemps, et que vous êtes toujours aussi heureuse que vous méritez de l’être. Toute votre auguste famille contribue à votre félicité . Je fais toujours mille vœux pour elle. Je n’oublie jamais la grande maîtresse des cœurs. Daignez me conserver des bontés qui font la consolation de mes derniers jours, et que Votre Altesse Sérénissime daigne agréer le profond respect et l’attachement inviolable que je lui conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie. 

V.»

Les bienfaiteurs de l’humanité doivent être connus. Leur nom sera cher à tous les esprits tolérants et toutes les âmes sensibles

... Ce qui les rendra détestés d'une grande part de notre globe, hélas ! Les malfaisants ont aussi leurs têtes de gondoles .

https://association-camille-guerin.com/bienfaiteurs-de-lh...

Les Bienfaiteurs de l'Humanité - Savants et Inventeurs - N°4

 

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel

A Ferney, le 21 juin 1766

Monseigneur,

Les maladies qui persécutent ma vieillesse sans relâche m’ont privé longtemps de l’honneur de renouveler mes hommages à Votre Altesse Sérénissime. Souffrez que l’amour de la justice et la compassion pour les malheureux m’inspirent un peu de hardiesse. Ce sont vos propres sentiments qui encouragent les miens. J’ai pensé qu’un esprit aussi philosophique que le vôtre, et un cœur aussi généreux, protégeraient une cause qui est celle du genre humain.

Permettez, monseigneur, que votre nom soit publié au premier rang de ceux qui auront daigné aider les défenseurs de l’innocence à la secourir contre l’oppression. Les bienfaiteurs de l’humanité doivent être connus. Leur nom sera cher à tous les esprits tolérants et toutes les âmes sensibles.

Je suis persuadé que Votre Altesse Sérénissime sera touchée après avoir lu seulement la page qui expose le malheur des Sirven. Plusieurs personnes se sont réunies dans le dessein de poursuivre cette affaire comme celle des Calas. Nous ne demandons qu’un léger secours. Nous savons que vos sujets ont le premier droit à vos générosités. La moindre marque de vos bontés sera précieuse. Que ne puis-je les venir implorer moi-même, et être témoin du bonheur qu’on goûte dans vos États ? Je suis réduit à ne vous présenter que de loin le profond respect et le dévouement inviolable avec lequel je serai jusqu’au dernier moment de ma vie, etc.

Voltaire. »