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20/01/2025

Il y a des absurdités qu'il ne faut réfuter que dédaigneusement, et légèrement

... C'est bien ainsi qu'il faut traiter les dires de Mélenchon, triste sire, aigri et malveillant : https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/01/19/jean-...

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« A Marie-Louise Denis

17è juillet 1769

Je suppose , ma chère amie, que vous avez reçu toutes mes lettres . Je n'en ai point reçu de vous depuis le 4 juillet .

Je crois que vous connaissez M. le comte de Schomberg, maréchal de camp . C'est un des meilleurs officiers qu'il y ait en France , où une branche de sa maison est établie depuis longtemps, et un très aimable philosophe . Il faut à mon gré ou vivre seul,ou vivre avec de tels hommes et avec vous ; il arriva à Ferney le 14 au soir avec une lettre de M. le duc de Choiseul qui le regarde comme un de ses meilleurs amis , et il est bien digne de l'être . Il y en avait une aussi de Mme la duchesse de Gramont 1. À l'égard de Mme la duchesse de Choiseul, elle n'y fait pas tant de façon. Elle écrit par la poste et contresigne .

M. de Choiseul qui a donné au roi un royaume et un pape paraît avoir plus de gaieté et plus d'esprit que jamais . De si beaux succès doivent en effet mettre un ministre de bonne humeur .

Notre commandant M. de Jaucourt est venu avec M. de Schomberg à Ferney . Je n’étais pas trop de bonne humeur, moi chétif, quand ils arrivèrent . Je n’étais que tranquille. J'avais eu je ne sais quel étourdissement, je ne sais quel éblouissement, une si grande faiblesse, un pouls si extraordinaire que j'avais tout l'air d'être à la fin de ma singulière carrière, et du songe de ma vie . Cet accident est passé, mais j'avais fait mon paquet 2 . Je les ai tous deux informés des détails de toute l’aventure du cuistre mitré d'Annecy . Ils ont bien compris qu'il fallait avoir un procès avec ce misérable, ou prendre le parti que j'ai pris .

Mon dessein était, ma chère amie, de vous venir prendre au mois d'octobre, de passer quelques jours à Paris, et de vous emmener dans votre château de Ferney ; mais dans la crise où a été ma santé, et dans celle où sont actuellement mes petites affaires avec l'incomparable trésorier de M. le duc de Virtemberg, je ne pourrai probablement prendre d'autre parti que celui de vous attendre . Je vous développerai toutes mes idées quand je serai un peu pus au fait de mes affaires et de moi-même . Vous arrangerez tout pour le mieux . La faiblesse où je suis ne me permet aujourd’hui que d'attendre et de me résigner .

Le premier président de Nicolay m’avait promis de m’envoyer les pièces du procès que son corps soutient aujourd'hui contre le Parlement, mais la sagesse ordinaire du roi a éteint cette petite querelle . C'est une pièce à peu près comme celle des Guèbres, elle ne sera point jouée . L'opéra-comique du Déserteur 3 sera la seule chose qui occupera le public .

M. le maréchal de Richelieu devrait bien faire jouer la Pandore de La Borde pour la fin de son année . On dit que la musique en est très belle . D'ailleurs, cette fête convient à un mariage plus qu'on ne le croirait d'abord, c'est l'amour et l'espérance . Ces deux divinités consolent de tous les maux dont on dit que les dieux ont affligé notre petit monde . Le spectacle d'ailleurs serait très beau, et fournirait, à mon avis une des pus belles fêtes qu'on eût jamais données. Probablement cette fête n’aura pas lieu puisque La Borde croit avoir besoin que j'en écrive au maréchal, premier gentilhomme des fêtes . Ce serait plutôt M. de Richelieu qui devrait prier M. de La Borde . Je suis si étranger à ce pays-là, si peu au fait des saints et des saintes du jour, et si hors de combat, qu'il ne m'appartient guère de me mêler auprès de M. de Richelieu ni des affaires ni des plaisirs . On dit qu'il est plus jeune que jamais, mais moi je suis plus vieux que jamais . Je lui écris pourtant un petit mot touchant la boîte de Pandore et l'argent qu’il vous doit 4. Je vous dirai toujours : « Ne négligez point la succession de Guise ». Il est ridicule et inconcevable que vous ne touchiez rien de douze ans d'arrérages qu'on vous doit lorsque vous êtes la première créancière . Ces discussions de partage sont un champ où les procureurs et les gens d'affaire font d'énormes moisons. Ils devraient bien au moins vous permettre de glaner ce qui vous appartient . Que ne chargez-vous de cette affaire un  procureur qui glanera aussi, et qui vous fera payer ? N'en avez-vous pas parlé à votre neveu d'Hornoy ? Aurez-vous passé dix-huit mois à Paris sans pouvoir mettre ordre à l’injustice qu'on vous fait ? Cette affaire très sérieuse me fait presque oublier la petite tracasserie de cette Histoire en deux volumes que la malignité et l'ignorance s'efforçaient de m'attribuer . Je n'ai pas cru que ce ridicule pût mériter une sérieuse attention ; j'ai traité la chose avec un peu de mépris dans les papiers publics . Il y a des absurdités qu'il ne faut réfuter que dédaigneusement, et légèrement .

Voudriez-vous bien me faire l'amitié de me mander ce que c'est que M. Nogué, beau-frère de M. de La Borde ? Quelle dignité a-t-il dans le royaume de France ? De quoi est-il chargé ?

Je vous embrasse de tout mon cœur, ma chère amie, quand j'aurais repris un peu de ma tête je vous écrirai un peu plus au long . »

1 Lettres non connues .

3 Le Déserteur , de Sedaine a été créé au Théâtre-Italien le 6mars 1769 avec un grand succès .

Voir : https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/36709-le-deserteur-de-sedaine-et-monsigny-par-ponce

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_D%C3%A9serteur_(op%C3%A9ra)

4 La lettre du 19 juillet 1769 à Richelieu ne parle que de Pandore : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-23.html

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