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27/06/2012

Les Français sont accoutumés à sacrifier de tout leur cœur quelque chose de plus à leurs princes

... Sauf une -trop- modeste augmentation salariale !

Quant à sacrifier son superflu, encore faut-il en avoir ! Pour nos "princes" dirigeants ou patrons, encore faut-il qu'ils le méritent !

Mais on peut essayer ceci :  "Matignon gèle 1 milliard d'euros de crédits dès juillet. La taxe sur les transactions financières est doublée, à 0,2 %." : http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/020...

Il est courant, aux échecs, de pratiquer des sacrifices pour sauvegarder les princes que sont la Reine et le Roi, le gain de la partie étant la récompense. Lorsqu'il s'agit d'humains, le rôle de pion sacrifié perd beaucoup de son attrait, l'instinct de survie étant fort et les princes étant de surcroit les seuls bénéficiaires .

sacrifice- chess.jpg






« A M. Théodore TRONCHIN

médecin. 1

Aux Délices, 18 avril [1756]

Depuis que vous m'avez quitté,
Je retombe dans ma souffrance
Mais je m'immole avec gaité,
Quand vous assurez la santé
Aux petits-fils des rois de France.


Votre absence, mon cher Esculape, ne me coûte que la perte d'une santé faible et inutile au monde. Les Français sont accoutumés à sacrifier de tout leur cœur quelque chose de plus à leurs princes. Monseigneur le duc d'Orléans et vous, vous serez tous deux bénis dans la postérité.

Il est des préjugés utiles,
11 en est de bien dangereux
Il fallait, pour triompher d'eux,
Un père, un héros courageux,
Secondé de vos mains habiles.
Autrefois à ma nation
J'osai parler dans mon jeune âge
De cette inoculation 2

Dont, grâce à vous, on fait usage.
On la traita de vision;
On la reçut avec outrage,
Tout ainsi que l'attraction 3.
J'étais un trop faible interprète
De ce vrai qu'on prit pour erreur,
Et je n'ai jamais eu l'honneur
De passer chez moi pour prophète.
Comment recevoir, disait-on,
Des vérités de l'Angleterre
Peut-il se trouver rien de bon
Chez des gens qui nous font la guerre ?
Français, il fallait consulter
Ces Anglais qu'il vous faut combattre
Rougit-on de les imiter,
Quand on a si bien su les battre?
Egalement à tous les yeux
Le dieu du jour doit sa carrière;
La vérité doit sa lumière
A tous les temps, à tous les lieux.
Recevons sa clarté chérie,
Et, sans songer quelle est la main
Qui la présente au genre humain,
Que l'univers soit sa patrie.


Une vieille duchesse anglaise aima mieux autrefois mourir de la fièvre que de guérir avec le quinquina, parce qu'on appelait alors ce remède la poudre des jésuites. Beaucoup de dames jansénistes seraient très-fâchées d'avoir un médecin moliniste. Mais, Dieu merci, messieurs vos confrères n'entrent guère dans ces querelles. Ils guérissent et tuent indifféremment les gens de toute secte.
On dit que vous prendrez votre chemin par Lunéville. Faites vivre cent ans le bienfaiteur 4 de ce pays-là, et revenez ensuite dans le vôtre. Imitez Hippocrate, qui préféra sa patrie à la cour des rois.
Vos deux enfants me sont venus voir aujourd'hui; je les ai reçus comme les fils d'un grand homme. Mille compliments à M. de Labat, si vous avez le temps de lui parler.
Je vous embrasse tendrement. »

1 Théodore Tronchin, fils d'un riche banquier de Genève, y naquit en 1709, fut élève de Boerhaave, et devint lui-même un célèbre médecin. Il est mort à Paris le 30 novembre 1781.

2 Lettre XI sur l'insertion de la petite vérole , 1727, page 111 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113389/f121.image.r=.langFR

3 Lettre XV, histoire de l'attraction , page 132 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113389/f142.image.r=.langFR

4 Stanislas, surnommé le Bienfaisant.

 

Commentaires

Merci pour ces extrait d'échange épistolaire qui sont extrêmement intéressante!

Marie.

Écrit par : assistante maternelle | 27/06/2012

Heureux que Voltaire vous plaise !
Ce n'est cependant pas une surprise tant cet homme est exceptionnel .

Bonnes lectures

Écrit par : james | 27/06/2012

Les commentaires sont fermés.