03/12/2016
Je renoncerais volontiers aux épiceries et à la morue, mais il n'y a pas moyen de se passer du café que le docteur défend
... Pour vivre bien, surtout ne pas voir de médecin, se garder du pharmacien, éviter l'infirmier et tous les ...pathes de la création, manger et boire du vin sans remords , du café peu ou prou, en gardant le sourire .
« A Jean-Robert Tronchin Banquier
à Lyon
A Ferney 29 30 novembre [1761] 1
Par la vierge Marie monsieur notre religion est plus chère que la vôtre . J'ai lâché au sieur Perrache 2 un billet de 1200 livres pour un christ de cinq pieds et demi 3. On croirait que cela m'a valu des bénédictions . Point du tout . Mille livres de café et d'épiceries que je faisais venir de Hollande, viennent d'être englouties dans votre lac protestant . Il faut se contenter de la vie éternelle, car pour cette vie passagère, elle est pleine d'anicroches . J'ai donc recours à vous en mes détresses . Comment ferez-vous pour nous faire avoir une grosse balle de café ? en avez-vous en France ? y a-t-il encore quelque chose ? comment s'y prendra-t-on dorénavant pour avoir seulement un clou de girofle ? Je renoncerais volontiers aux épiceries et à la morue, mais il n'y a pas moyen de se passer du café que le docteur défend . Ayez donc la charité de nous dépêcher une balle, pour réparer les sottises du lac de Genève .
Nous vous embrassons tous, vous et M. Camp, pour qui Mlle Corneille a toujours un faible . Adieu, monsieur, pardonnez à l'importun de Ferney qui devra à vos bontés huile, chocolat, café, outre un christ de 5 pieds et demi .
Votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Date portée deux fois sur le manuscrit .
2 Antoine-Michel Perrache, sculpteur et ingénieur, qui fit les plans du quartier de Lyon qui porte son nom .
3 Nouveau détail qui a pu inspirer le Pot pourri, chapitre 5 ; voir : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-101503&M=tdm
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