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12/10/2021

la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit

... C'est bien entendu celle qui doit être, incontestablement . La réalité nous montre parfois des faits douteux et des lois boiteuses, sources d'interprétations , régals des avocats, échappatoires des prévenus , n'est-ce pas Nicolas ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 juillet 1766 1

Votre ami, monsieur, est toujours aux eaux de Rolle en Suisse, et les médecins lui ont conseillé un grand régime. Vous pouvez toujours m’écrire chez M. Souchay, à Genève, tant pour les affaires de Bugey que pour le vingtième. Nous vous supplions très instamment, M. Frégol 2 et moi, de nous envoyer, à l’adresse de M. Souchay la consultation des avocats, les conclusions du procureur général, comme aussi l’avis du rapporteur, les noms des juges qui ont opiné pour, et ceux des juges qui ont opiné contre, afin que nous puissions nous conduire avec plus de sûreté dans la révision de cette affaire.

Nous espérons tirer un grand parti de la consultation des avocats ; nous espérons même de vous envoyer, avant qu’il soit peu, un mémoire raisonné qu’on nous dit être fait sur la bonne jurisprudence, touchant le fait et le droit.

S’il y a quelque chose de nouveau, nous vous prions de vouloir bien en parler à MM. les conseillers Mignot et d’Hornoy, qui vous donneront sans doute les éclaircissements nécessaires. Nous nous recommandons à votre amitié et à votre bonté, étant très particulièrement, monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Jean-Louis Wagnière et compagnie

procureurs chez M. Souchay

à Genève, au Lion-d'Or. 3»

1 Copie contemporaine ; l'édition de Kehl comporte des variantes de détail .

2 Texte de la copie de Darmstadt ; celle de Kehl et éditions portent Frégote .

3 Louis Moland dans l'édition Garnier de 1883 donne comme signature « J.-L. B. et compagnie. » et note « Ce qui signifie J.-L. Boursier et compagnie. « 

Arlequins anthropophages ! ... Je ne veux pas respirer le même air que vous

... Prêtres et comparses pédophiles, violeurs et tueurs de femmes et enfants, soyez bannis de la société à jamais .

Framasphere*

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux eaux de Rolle, en Suisse

par Genève 16è juillet 1766

Je me jette à votre nez, à vos pieds, à vos ailes, mes divins anges. Je vous demande en grâce de m’apprendre s’il n’y a rien de nouveau. Je vous supplie de me faire avoir la consultation 1 des avocats ; c’est un monument de générosité, de fermeté, et de sagesse, dont j’ai d’ailleurs un très-grand besoin. Si vous n’en avez qu’un exemplaire, et que vous ne vouliez pas le perdre, je le ferai transcrire, et je vous le renverrai aussitôt.

L’atrocité de cette aventure me saisit d’horreur et de colère. Je me repens bien de m’être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d’un pays où l’on commet de sang-froid, et en allant dîner, des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c’est là ce peuple si doux, si léger, et si gai ! Arlequins anthropophages ! je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, et de la Grève à l’Opéra-Comique , rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens 2 qu’il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare . Je ne veux pas respirer le même air que vous.

Mes anges, je vous conjure, encore une fois, de me dire tout ce que vous savez. L’inquisition est fade en comparaison de vos jansénistes de grand’chambre et de tournelle. Il n’y a point de loi qui ordonne ces horreurs en pareil cas ; il n’y a que le diable qui soit capable de brûler les hommes en dépit de la loi. Quoi ! le caprice de cinq vieux fous suffira pour infliger des supplices qui auraient fait trembler Busiris !3 Je m’arrête, car j’en dirais bien davantage. C’est trop parler de démons, je ne veux qu’aimer mes anges. »

1 Un Mémoire à consulter pour le sieur Moinel et autres accusés est suivi d’une Consultation datée du 27 juin 1766, et signée Cellier, d’Outremont, Muyart de Vouglans, Gerbier, Timbergue, Benoist fils, Turpin et Linguet. Le Mémoire et la Consultation font partie du Recueil intéressant publié par Devérité.

Voir : https://www.furet.com/livre-pod/recueil-interessant-sur-l-affaire-de-la-mutilation-du-crucifix-d-abbeville-ed-1776-louis-alexandre-deverite-9782012766914.html

et : https://www.pba-auctions.com/lot/18549/3906062

2 Il y avait cinq accusés, le chevalier de La Barre, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse, et d’Étallonde de Morival ; le premier et le dernier avaient été condamnés à être brûlés, mais d’Étallonde était contumace. La Barre seul fut exécuté.

3 Busiris était un roi mythique d'Egypte qui immolait aux dieux des victimes humaines : https://fr.wikipedia.org/wiki/Busiris_(mythologie)