16/03/2012
Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France
Qu'on leur arrache la langue, comme on a arraché ces légumes, pauvres innocents, eux qui vont passer à la casserole !
NDLR : quand le caillou est cuit, le jeter sur ce fichu voisin qui dit du mal de vous .
Lire sans tarder :
« A madame de FONTAINE
13 août [1755]
Ma chère nièce, vous êtes charmante.1 Vous courez, avec votre mauvaise santé, aux Invalides pour des Chinois. Tout Pékin est à vos pieds. Je me flatte qu'on jouera la pièce telle que je l'ai faite, et qu'on n'y changera pas un mot. J'aime infiniment mieux la savoir supprimée qu'altérée.
Les scélérats d'Europe 2 me font plus de peine que les héros de la Chine . Un fripon, nommé Grasset, que M. d'Argental m'avait heureusement indiqué, est venu ici pour imprimer un détestable ouvrage, sous le même titre que celui auquel je travaillai il y a trente ans, et que vous avez entre les mains. Vous savez que cet ouvrage de jeunesse n'est qu'une gaieté très-innocente. Deux fripons de Paris, qui en ont eu des fragments, ont rempli les vides comme ils ont pu, contre tout ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré. Grasset, leur émissaire, est venu m'offrir le manuscrit pour cinquante louis d'or, et m'en a donné un échantillon aussi absurde que scandaleux. Ce sont des sottises des halles, mais qui font dresser les cheveux sur la tête. Je courus sur-le-champ de ma campagne à la ville, et, aidé du résident de France, je déférai le coquin, il fut mis en prison, et banni, son bel échantillon lacéré et brûlé, et le Conseil m'a écrit pour me remercier de ma dénonciation. Voilà comme il faudrait partout traiter les calomniateurs. Je ne les crains point ici , je ne les crains qu'en France.
Il me semble, ma chère nièce, que vous n'avez pas votre part entière, et M. d'Argental a encore trois guenilles pour vous 3. Je vous demande pardon d'avoir imaginé que vous eussiez pu adopter l'idée que M. d'Argental a eue un moment1; j'espère qu'il ne l'a plus.
Ayez soin de votre santé, et aimez les deux solitaires qui vous aiment tendrement. Je vous embrasse, ma chère enfant, du fond de mon cœur. »
1 Tout ce qui suit figurait dans l'ancienne lettre du 23 mai, et, sauf deux paragraphes, était reproduit encore dans celle-ci.
23:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
je ne conseille pas à ceux qui m'ont rendu de mauvais offices de m'en rendre encore
A ceux-là, point de pardon .
Qu'ils aillent au diable !
http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=qdrGIXdI4CI
Que les monstres les patafiolent !
http://www.youtube.com/watch?v=Om1LygHB06g&feature=endscreen
Qu'ils brûlent en enfer !
http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=1sQjgcwWdTo
« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON 1
Le 13 août 1755.
Si monseigneur le cardinal est instruit de la calomnie, n'est- il pas juste qu'il le soit de ma conduite? C'est ce que j'ai laissé à votre prudence et à votre amitié, suivant le temps et l'occasion.
Si le malheur incroyable que l'abbé Pernetti 2 m'a fait craindre m'arrivait en effet, en ce cas vous auriez toujours la bonté de me faire tenir mon bien en quelque endroit que je fusse, à mesure qu'il vous rentrerait et que j'aurais des besoins nouveaux. Mais j'espère que nous n'en serons pas réduits à cette extrémité si funeste et si peu méritée. Je ne demande qu'à finir mes jours en paix dans l'agréable retraite que votre esprit noble et conciliant m'a procurée.
Les belles-lettres ne servent qu'à empoisonner la vie, et il n'y a de bon en fait de lettres que celles de change. J'ai dépensé plus de quarante mille écus depuis que je suis ici, le reste servira à me faire mourir en paix ailleurs, si la calomnie vient me persécuter au pied des Alpes. Mais je ne conseille pas à ceux qui m'ont rendu de mauvais offices de m'en rendre encore, s'ils ne veulent que je rende leur nom exécrable à la postérité. Je suis un peu en colère, mais j'ai raison.
Voilà donc les Anglais qui prennent nos vaisseaux. Je renvoie mes maçons et mes charpentiers. Pourquoi donc deux nations commerçantes se font-elles la guerre? Elles y perdent l'une et l'autre. Il est honteux que les négociants de tous les pays n'aient pas établi entre eux la neutralité, comme faisaient autrefois les villes hanséatiques. Il faudrait laisser les rois se battre avec leurs grands diables de soldats, et que le reste du monde se mit enfin à être raisonnable. »
1 Lettre en réponse à celle de J.-R. Tronchin du 10 août : page 280 : http://books.google.fr/books?id=UEwpAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
2 L'abbé Jacques Pernetti, historiographe de la ville de Lyon , est l'auteur de « Lettres philosophiques sur les physionomies ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pernetti
15:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/03/2012
malgré toutes les horreurs qui m'environnent, je ne me jetterai pas dans le lac
« A M. POLIER DE BOTTENS
Aux Délices, 12 août [1755]
Vous m'avez fait venir sur votre lac, mon cher monsieur, et malgré toutes les horreurs qui m'environnent, je ne me jetterai pas dans le lac. Sachez les faits, et voyez mon cœur.
1° Quiconque viendra m'apporter un écrit tel que Grasset m'en a présenté un, je le mettrai entre les mains de la justice, parce que je veux bien qu'on rie de saint Denis, et que je ne veux pas qu'on insulte Dieu.
2° Corbi n'est point un être de raison c'est un homme très- connu , c'est un facteur de librairie à Paris. Grasset lui offrit, au mois de mai, quatre mille exemplaires d'un manuscrit qu'il devait acheter à Lausanne.
3° Un conseiller d'État de France m'envoya la lettre de Grasset à Corbi, et Grasset, intimidé, n'imprima rien à Lausanne.
4° Une femme nommée Dubret, qui demeure à Genève, dans la même maison que Grasset, vint, il y a un mois, me proposer de me vendre ledit manuscrit pour quarante louis d'or.
5° Grasset, le 26 juillet, vint me l'offrir pour cinquante louis; et, pour m'engager, il me montra un échantillon fait par le laquais d'un athée, échantillon écrit de sa main, et dont il avait eu soin de faire trois copies.
6° Je le fis mettre en prison, il est banni, et, s'il revient à Genève, il sera pendu.
7° A l'interrogatoire, il a décelé un capucin défroqué, nommé Maubert.
8° Le capucin Maubert a répondu à la justice qu'il tenait le manuscrit de M. de Montolieu 1; et lui et Grasset ont dit que M. de Montolieu l'avait acheté cent ducats, et voulait le vendre cent ducats, soit à moi, soit à Mme de Pompadour, par le canal de M. de Chavigny.
9° Il est faux que M. de Montolieu ait acheté ce manuscrit cent ducats, puisqu'il dit à Lausanne qu'il le tient de son fils, lequel le tient, dit-il, de Mme la margrave de Baireuth.
10° J'instruis M. de Montolieu de tout ce que dessus.
11° Je vais écrire au roi de Prusse, au prince Henri, à madame la margrave, tous les trois savent bien que mon véritable ouvrage, fait il y a trente ans, et qu'ils ont depuis dix ans, ne contient rien de semblable, ni aux platitudes de laquais dont le manuscrit de M. de Montolieu est farci, ni aux horreurs punissables dont on vient de l'infecter.
12° Si on veut le vendre à Mme de Pompadour, on s'y prend tard il y a longtemps que je le lui ai donné.
13° Ce n'est point Mme la margrave de Baireuth qui a donné au fils de M. de Montolieu les fragments ridicules qu'il possède, c'est un fou nommé Tinois 2.
14° Tout le conseil de Genève a approuvé unanimement ma conduite, et m'a fait l'honneur de m'écrire en conséquence.
15° M. de Montolieu n'a autre chose faire qu'à détester le jour où il a connu Maubert, lequel Maubert, tout savant qu'il est, s'est avisé de placer le portrait de Calvin dans un poëme qui a pour époque le xiv siècle; lequel Maubert, enfin, est le plus scélérat renégat que la Normandie ait produit.
Que d'horreurs pour m'escroquer cinquante louis . En voilà beaucoup, mon cher monsieur; je commence à croire que Rousseau pourrait avoir raison, et qu'il y a des gens que les belles- lettres rendent encore plus méchants qu'ils n'étaient; mais cela ne regarde que les ex-capucins. Maubert est ici aussi connu qu'à Lausanne; mais la justice n'a pu le punir, puisqu'il a montré qu'il était l'agent d'un autre.
Adieu, mon cher ami; je suis las de dicter des choses si tristes 3.
Somme totale, qu'y a-t-il à faire maintenant? Rien. Puisse M. de Montolieu jeter au feu son damnable manuscrit, faire pendre Maubert s'il le rencontre, l'oublier s'il ne le rencontre pas, et n'avoir jamais de commerce avec lui!
Adieu; Mme Denis et moi, nous sommes malades, nous viendrons à Monrion quand nous pourrons, nous vous embrassons tendrement. »
1Voir page 517 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411352q/f520.image.r=.langFR
2 Sur Tinois, voir page 69 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f72.image.r=.langFR
et page 211 , où il est question aussi d'un nommé Richier qui fut secrétaire indélicat de V* après Tinois .
17:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
14/03/2012
Vous serez assurément, monsieur, le très-bien venu, le très- bien reçu, et le très-mal logé
Très tonique "Bienvenue à bord" de Soldat Louis : http://www.youtube.com/watch?v=4BCBYwMikvY
Très lamentable constat : http://ministeredelacrise.blogs.liberation.fr/logement/20...
« A M. Gabriel SENAC DE MEILHAN 1
au PARC ROYAL, A LYON.
Aux Délices, route de Lyon,
à Genève, 12 août [1755]
Vous serez assurément, monsieur, le très-bien venu, le très- bien reçu, et le très-mal logé dans mon petit ermitage. Je ferai mon possible pour loger aussi l'officier qui veut avoir aussi la bonté de venir 2. Je serai charmé de voir le digne fils d'un homme que j'estime depuis si longtemps, et de pouvoir vous marquer, monsieur, tous les sentiments que vous m'avez inspirés. Je suis bien malade et bien faible, mais j'oublierai tous mes maux avec vous.
Votre très-humble et obéissant serviteur,
Le Suisse V. »
1 Fils du premier médecin du roi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_S%C3%A9nac_de_Meilhan
Et voir : Les Autographes en France et à l'étranger, par M. de Lescure; Paris, 1865, page 336. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109194k/f347.image
23:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/03/2012
Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer
... dit l'ex-président/candidat ! Et il fallut alors sur TF1 voir sa mine de faux jeton et son rappel hautain et méprisant envers l'outrecuidante journaliste .
A quel propos ?
http://www.melty.fr/nicolas-sarkozy-clash-avec-laurence-f...
Qu'en est-il vraiment ?
Je n'en sais rien, mais le mensonge est tellement rituel dans ces grosses foires d'empoigne que sont les élections présidentielles, qu'il se pourrait que N. S. ( Nos Sous ) soit mouillé à l'insu de son plein gré ? Non ?
La soif de pouvoir fait oublier souvent de quelle main vient l'eau du verre . Qu'importe le flacon , pourvu que ...
D'autre part, sa "franchise" a permis d'avoir un florilège de lieux communs et enfonçages de portes-ouvertes ; remarquable (et lamentable) exercice de représentant de commerce avec, entre autres trucs, cette exécrable et imbécile répétition du prénom de l'interlocuteur.
Coin coin coin coin ! Cause toujours , tu m'intéresses !
J'arrête ici, sinon je sens que je vais devenir grossier .
« A M. Jean-Robert TRONCHIN, de LYON 1
8 août 1755.
Les La Beaumelle et autres ont eu la barbarie de me poursuivre jusqu'au pied des Alpes. Ils ont fait courir partout un manuscrit digne de la plus vile canaille, sous le nom de la Pucelle d'Orléans. Voici ce qu'on y trouve. C'est de Charles VII, roi de France, dont il s'agit. Le laquais qui a composé ces vers n'est pas obligé de savoir que Charles VII n'est point de la branche des Bourbons.
Charle amoureux d'une gueuse fanée
Dort en Bourbon la grasse matinée.
Et saint Louis, le saint et bon apôtre,
A ses Bourbons en pardonne bien d'autre.
Les Richelieu l'ont nommé m...
Voilà pourtant ce qu'on ose m'attribuer. Un nommé Grasset, qui est d'ailleurs un voleur public, est venu me proposer de me vendre ce beau manuscrit cinquante louis d'or. Je l'ai sur-le-champ déféré à la justice, lui et son manuscrit. Il a été flétri et banni. On dit qu'il s'est retiré à Lyon, et qu'il va passer à Trévoux.
Je vous supplie, monsieur, de faire lire cet écrit ou la substance à monseigneur le cardinal de Tencin et à M. de Rochebaron, s'il est possible, afin de prévenir de grandes calomnies et de grands malheurs. Pardonnez au trouble où ma douleur me plonge. Quelque absurde, quelque impertinente que soit la calomnie, elle est toujours très à craindre. M. l'abbé Pernetti m'a mandé que ces horreurs couraient dans Lyon. Il me mande aussi qu'il est constant que le roi demandera mon éloignement de Genève. Je crois le roi trop juste pour m'imputer des vers que les laquais de Paris rougiraient d'avoir faits. Je crois le cardinal de Tencin trop juste pour m'en accuser, pour persécuter un innocent dont il n'a pas assurément à se plaindre. »
1 Voir : Revue suisse, 1855, page 279 : http://books.google.fr/books?id=UEwpAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
23:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
Le dessein de m'escamoter est le moindre de ses crimes
... se disait in petto une certaine Marine Le P* en évoquant le grand chef de l'UMP, N. S* ( Notre Sauveur autoproclamé ), qui se serait trouvé bien de ne l'avoir plus dans les pattes ( qu'il a fort petites au demeurant ) !
Retrouvons le sourire avec Dany le Marron (mélange de rouge et de vert) :
http://sarkozynews.canalblog.com/archives/2010/04/18/17617922.html
A sa décharge, c'était en avril 2010 ! Quel visionnaire !!
« A M. POLIER de BOTTENS
Aux Délices, 8 août [1755]
Vous verrez, mon cher monsieur, quel homme est ce Grasset par la copie 1 ci-jointe. Le dessein de m'escamoter est le moindre de ses crimes; mais quiconque a inséré, dans le manuscrit qu'il voulait me vendre, les morceaux aussi plats qu'abominables dont je me suis plaint, est cent fois plus criminel que lui. Bousquet se plaint qu'on a mis en prison son associé; qu'il juge à quel associé il a affaire . Il l'envoie à Marseille . Dieu veuille que ceux qui s'intéressent au commerce de Bousquet n'aient pas à s'en repentir!
Voilà un tissu d'horreurs qui me ferait croire que J.-J. Rousseau a raison. Si les belles-lettres ne corrompent pas les mœurs, elles n'ont pas, au moins, rectifié celles des misérables qui ont voulu me perdre par de si infâmes imputations. On dit que La Beaumelle, et un nommé Tinois, ont fabriqué toutes les plates indignités qui sont dans l'ouvrage que vous avez vu. Faut-il que je sois la victime de ces canailles! Quand pourrai-je avoir le bonheur de vous voir? »
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comment les hommes peuvent être si méchants
« A M. de BRENLES.
Aux Délices, 5 août [1755]
Mais dites-moi donc, mon cher philosophe, comment les hommes peuvent être si méchants, comment on a pu faire un tissu de tant de bêtises et de tant d'horreurs, et comment Maubert a pu s'unir avec Grasset pour un aussi affreux scandale. Dès que Grasset vint me montrer l'échantillon de la pièce, tous mes amis me conseillèrent de déférer cette plate infamie à la justice. Grasset ne s'est tiré d'affaire qu'en disant qu'il tenait la feuille de Maubert, et Maubert a répondu qu'il la tenait de Lausanne. Si tout le reste est comme ce que j'ai vu, c'est l'ouvrage d'un laquais. J'ai rempli mon devoir en me plaignant juridiquement; mais je ne goûte de consolations qu'en déposant mes plaintes dans le sein de votre amitié. Je vous embrasse de tout mon cœur. Quand pourrai-je vous voir à Monrion?
V. »
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