Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/01/2009

Manu, Carole, frère et soeur de coeur

Hier soir, j’ai échappé aux séries plus ou moins policières, plus ou moins « gore » (souvent plus que moins d’ailleurs ) et j’ai vu qu’il y avait encore quelques espoirs à avoir dans l’humanité . Il est vrai que j’ai encore eu les boules en voyant le reportage sur la guerre de la bande de Gaza ;  triste spectacle que celui d’humains fous : de peur, de colère, d’incompréhension . Puis zapping aidant, j’ai vu les Français qui se débrouillent avec des revenus très modestes ( ce n’est pas rassurant dans ce cas de se sentir concerné ) : système D, utilisation du réseau social, bon cœur, bon courage . Carole Bouquet, femme somptueusement belle, a montré aussi qu’elle n’est pas seulement du monde « paillettes » et « bling bling » et qu’elle peut s’engager dans la défense des sans abris, n’hésitant pas à faire jouer ses relations, tout comme Voltaire le faisait dans la défense des victimes d’injustice et le « piston » pour ceux qu’il voulait aider . Des âmes  « bien pensantes » , puisque de droite majoritaire, se sont visiblement émues d’une telle démarche qu’ils mettent au rang de publicité personnelle de star en mal de reconnaissance ! Messieurs, je ne vous salue pas, je vous déteste,  vous qui , il n’y a pas si longtemps , faisiez des courbettes et du lèche-bottes à vos électeurs , promettant à tour de bras ce que vous seriez incapables de donner, frileux de vous engager dans une politique qui réduise la misère ! Restez dans vos bureaux douillets, nourris par les impôts que vous décidez de faire payer à ce peuple que vous ne voyez même pas .

Ensuite, joie et tristesse se sont mêlées au reportage sur Manu ( de la République, la place )et sa compagne ; émotion de voir les duretés des jetés à la rue et l’amour qui arrive et qui fait espèrer un avenir meilleur . Manu, tu as fait des « co… », tu le sais, tu le regrettes, ; tu es meilleur que ceux qui vont s’étonner que Benoit lève l’excommunication des évêques à deux sous intégristes et meilleur que les intégristes qui d’un seul coup vont perdre un statut de martyrs de la foi à courte vue .

 

Voltaire qui a beaucoup fréquenté le clergé se serait encore réjouit.

 

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier, Abbé d’Olivet, de l’Académie Française, à Paris

 

                           

                   Mon cher Cicéron, qui ne vivez pas dans le siècle des Cicéron, n’allez pas faire comme l’abbé Sallier [ mort le 9 janvier ], et l’abbé de Saint-Cyr [ mort le 14 janvier ]; vivez  pour empêcher que la langue et le  goût ne se corrompent de plus en plus ; vivez et aimez moi. Je vous prie d’avoir la bonté de me recommander de temps en temps à l’Académie, comme un membre encore plus attaché à son corps qu’il n’en est éloigné ; dites-lui que je respecterai, et que j’aimerai jusqu’au dernier moment de ma vie ce corps, dont la gloire m’intéresse. Tâchez, mon cher maître, de nous donner un véritable académicien, à la place de l’abbé de Saint-Cyr, et un véritable savant à la place de l’abbé Sallier. Pourquoi n’aurions –nous pas cette fois M. Diderot ? Vous savez qu’il ne faut pas que l’Académie soit un séminaire et qu’elle ne doit pas être la cour des pairs. Quelques ornements d’or à notre lyre sont convenables ;  mais il faut que les cordes soient à boyau, et qu’elles soient sonores.

 

                   On m’a mandé que vous aviez été à une représentation de Tancrède. Vous ne dûtes pas y reconnaître ma versification ; je ne l’ai pas reconnue non plus . Les comédiens qui en savent plus que moi, avaient mis beaucoup  de vers de leur façon dans la pièce. Ils auront à la reprise la modestie de jouer ma tragédie telle que je l’ai faite.

 

                   Je ne peux m’empêcher de vous dire ici que je suis saisi d’une indignation académique quand je lis nos nouveaux livres. J’y vois qu’une chose est au parfait, pour dire qu’elle est bien faite. J’y vois qu’on a des intérêts à démêler vis-à-vis de ses voisins, au lieu d’avec ses voisins ; et ce malheureux mot de vis-à-vis employé à tort et à travers.

 

                   On m’envoya il y a quelque temps une brochure, dans laquelle une fille était bien éduquée, au lieu de bien élevé. Je parcours un roman du citoyen de Genève moitié galant, moitié moral, où il n’y a ni galanterie, ni vraie morale, ni goût ; et dans lequel il n’y a d'autre mérite que celui de dire des injures à notre nation . L’auteur dit qu’à la comédie les Parisiens calquent les modes françaises sur l’habit romain. Tout le livre est écrit ainsi ; et à la honte du siècle, il réussira peut-être.[ Voltaire est en train d’écrire les Lettres de M. de Voltaire sur la Nouvelle Héloïse, qui paraitront sous le nom de Ximenes ]

 

                   Mon cher doyen, le siècle passé a été le précepteur de celui-ci ; mais il a fait des écoliers bien ridicules. Combattez pour le bon goût. Mais voudrez-vous combattre pour les morts ?

 

                   Adieu, je voudrais que vous fussiez ici, vous m’aideriez à rendre Mlle Corneille digne de lire les trois quarts de Cinna, et presque tout le rôle de Chimène et de Cornélie ; je dis presque tout, et non tout, car je ne connais aucun grand ouvrage parfait ; et je crois même que la chose est impossible.

 

                   Le Suisse V.

                   Au château de Ferney 22 janvier 1761 »

Les commentaires sont fermés.