20/07/2010
dans un chariot détesté Par Satan sans doute inventé, Dans ce pesant climat belgique.
http://www.dailymotion.com/video/x66u4_francis-cabrel-encore-et-encore_music
"...Dans ce pesant climat belgique..." : météorologiquement parlant selon Voltaire, politiquement parlant selon notre XXIème siècle .
http://www.youtube.com/watch?v=8zAuUjvbFQI&feature=re...
"Je leur avais appris le partage..."dit Cabrel-Dieu : mais partager la Belgique, c'est comme partager une cacahuète pour dix personnes ! Mais, bon , enfin , ça les occupe un moment et pendant ce temps la France les amuse avec ses ministres et hommes politiques dont la conduite , si elle était contrôlée comme sur la route, mériterait un sévère retrait de points, et pour certains le retrait du permis de berner le peuple !
Mais, je rêve, nous sommes en France, "peuple léger et frivole" comme disait Volti, pays des "Welches", donc sauf révolution, rien ne bougera ...
« A Frédéric II
A La Haye ce 20 juillet à neuf heures du soir 1740
Tandis que Votre Majesté
Allait en poste au pôle arctique,
[au moins jusqu'à Koenigsberg]
Pour faire la félicité
De son peuple lituanique,
Ma très chétive infirmité
Allait d'un air mélancolique, dans un chariot détesté
Par Satan sans doute inventé,
Dans ce pesant climat belgique.
Cette voiture est spécifique
Pour trémousser et secouer
Un bourgmestre apoplectique ;
Mais certes il fut fait pour rouer
Un petit Français très éthique,
Tel que je suis sans me louer.
J'arrivai donc hier à La Haye après avoir eu bien de la peine à obtenir mon congé.[de Mme du Châtelet]
Mais le devoir parlait, il faut suivre ses lois.
Je vous immolerais ma vie.
Et ce n'est que pour vous digne exemple des rois
Que je peux quitter Émilie.
Vos ordres me semblaient positifs, la bonté tendre et touchante avec laquelle Votre Humanité me les a donnés, me les rendait encore plus sacrés. Je n'ai donc pas perdu un moment. J'ai pleuré de voyager sans être à votre suite, mais je me suis consolé puisque je faisais quelque chose que Votre majesté souhaitait que je fisse en Hollande.
Un peuple libre et mercenaire,
Végétant dans ce coin de terre
Et vivant toujours en bateau,
Vend aux voyageurs l'air et l'eau,
Quoique tous deux n'y valent guère ;
Là plus d'un fripon de libraire
Débite ce qu'il n'entend pas
Comme fait un prêcheur en chaire ;
Vend de l'esprit de tous états
Et fait passer en Germanie
Une cargaison de romans
Et d'insipides sentiments,
Que toujours la France a fournie.
La première chose que je fis hier en arrivant fut d'aller chez le plus retors et le plus hardi libraire du pays,[Van Duren, chargé d'imprimer l'Anti-Machiavel] qui s'était chargé de la chose en question. Je répète encore à Votre majesté que je n'avais pas laissé dans le manuscrit un mot dont personne en Europe pût se plaindre [#]. Mais malgré cela, puisque Votre Majesté avait à cœur de retirer l'édition [à sa lettre du 25 juin, Frédéric ajouta ce post-scriptum : « Pour Dieu, achetez toute l'édition de l'Anti-Machiavel. »], je n'avais plus ni d'autre volonté ni d'autre désir. J'avais déjà fait sonder ce hardi fourbe nommé Jean Vanduren, et j'avais envoyé en poste un homme qui par provision devait au moins retirer sous des prétextes plausibles quelques feuilles du manuscrit, lequel n'était pas à moitié imprimé : car je savais bien que mon Hollandais n'entendrait à aucune proposition. En effet je suis venu à temps , le scélérat avait déjà refusé de rendre une page du manuscrit. Je l'envoyai chercher, je le sondai, je le tournai dans tous les sens. Il me fit entendre que maître du manuscrit il ne s'en dessaisirait jamais pour quelque avantage que ce pût être, qu'il avait commencé l'impression, qu'il la finirait.
Quand je vis que j'avais affaire à un Hollandais qui abusait de la liberté de son pays, et à un libraire qui poussait à l'excès son droit de persécuter les auteurs, ne pouvant ici confier mon secret à personne, ni implorer le secours de l'autorité, je me souvins que Votre Majesté dit dans un des chapitres de l'Anti-Machiavel qu'il est permis d'employer quelque honnête finesse en fait de négociations. Je dis donc à Jean Vanduren que je ne venais que pour corriger quelques pages du manuscrit. Très volontiers, Monsieur, me dit-il, si vous voulez venir chez moi, je vous le confierai généreusement feuille à feuille, vous corrigerez ce qui vous plaira enfermé dans ma chambre en présence de ma famille et de mes garçons. J'acceptai son offre cordiale ; j'allai chez lui, et je corrigeai en effet quelques feuilles qu'il reprenait à mesure, et qu'il lisait pour voir si je ne le trompais point. Lui ayant inspiré par là un peu moins de défiance, j'ai retourné aujourd'hui dans la même prison où il m'a enfermé de même et ayant obtenu six chapitres à la fois pour les confronter je les ai raturés de façon et j'ai écrit dans les interlignes de si horribles galimatias, et des coq-à-l'âne si ridicules que cela ne ressemble plus à un ouvrage. Cela s'appelle faire sauter son vaisseau en l'air pour n'être point pris par l 'ennemi. J'étais au désespoir de sacrifier un si bel ouvrage, mais enfin j'obéissais au roi que j'idolâtre, et je vous réponds que j'y allais de bon cœur.
Qui est étonné à présent et confondu ? C'est mon vilain. J'espère demain faire avec lui un marché honnête, et le forcer à me rendre le tout, manuscrit et imprimé et je continuerai de rendre compte à Votre Majesté. »
#Un envoyé de Frédéric, Camas, avait dit à V* « qu'il y a un ou deux endroits qui déplairaient à certaines puissances » (lettre à Frédéric du 5 juillet). On peut penser que c'est un passage du chapitre cinq où il était question de la folie des conquérants et celui du chapitre 10 où est critiquée la vanité ruineuse des petits princes allemands.
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