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09/08/2010

je me cherche des crimes pour justifier votre indifférence. Je vois bien qu'il n'y a point de passion qui ne finisse

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 Comme toute grande coquette, se faire désirer ...

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie


 

A Ferney, 9 auguste 1774


 

Madame,


 

Je suis positivement en disgrâce à votre cour. Votre Majesté Impériale m'a planté là pour Diderot ou pour Grimm ou pour quelque autre favori. Vous n'avez eu aucun égard pour ma vieillesse. Passe encore si Votre Majesté était une coquette française, mais comment une impératrice victorieuse et législatrice peut-elle être si volage ?


 

Je me suis brouillé pour vous avec tous les Turcs [voir tout ce que V* a écrit depuis 1768 sur eux et le sultan depuis le début de la guerre russo-turque], et même encore avec M. le marquis Pugatshew [$], et votre oubli est la récompense que j'en reçois! Voilà qui est fait, je n'aimerai plus d'impératrice de ma vie.


 

Je songe cependant que j'aurais bien pu mériter ma disgrâce. Je suis un petit vieillard indiscret qui me suis laissé toucher par les prières d'un de vos sujets nommé Rose, Livonien de nation, marchand de profession, déiste de religion, qui est venu apprendre la langue française à Ferney. Peut-être n'a-t-il pas mérité vos bontés que j'osais réclamer pour lui.


 

Je m'accuse encore de vous avoir ennuyée par le moyen d'un Français dont j'ai oublié le nom [« L'avocat Dumesnil qui voulait aider (l'impératrice) à faire des lois » et dont V* reparlera le 19 octobre], qui se vantait de courir à Pétersbourg pour être utile à Votre Majesté et qui sans doute a été fort inutile.


 

Enfin je me cherche des crimes pour justifier votre indifférence. Je vois bien qu'il n'y a point de passion qui ne finisse.[$$] Cette idée me ferait mourir de dépit si je n'étais pas tout près de mourir de vieillesse.


 

Que Votre Majesté, Madame, daigne donc recevoir cette lettre comme ma dernière volonté, comme mon testament. Signé votre admirateur, votre délaissé, votre vieux Russe de Ferney.


 

V. »

$ Insurrection menée par le pseudo-tsar Pougatchev ; en janvier Catherine écrivait : «  Je m'attendais à y voir [à Silistrie] les oisifs fort occupés d'un voleur de grand chemin qui pille le gouvernement d'Orembourg, et qui tantôt pour effrayer les paysans prend le nom de Pierre III et tantôt celui de son employé ».



 

$$ Le 4 septembre Catherine répond : « … quoique très plaisamment vous prétendiez être en disgrâce à ma cour, je vous déclare que vous ne l'êtes point … Je vous révêre tout comme par le passé … Mais en vérité … j'aurais envie de me plaindre à mon tour des déclarations d'extinction de passion que vous me faites... »

 

 

Dernière coquetterie : http://www.deezer.com/listen-1370548

 

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