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13/08/2011

cette même philosophie ne lui ferait pas haïr un pays libre .

Note rédigée le 12 septembre 2011 .

 

regard d enfant.jpg

Image / clin d'oeil à LoveV, choisie pour faire le pendant à la photo que vous pourrez voir sur :

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph...

 

 

 

 

 

« A Jacques-Abram-Elie Clavel de Brenles 1

 

A Colmar , le 13 août [1754]

 

 

Mon voyage de Plombières, Monsieur, et l'état languissant où je suis toujours, m'ont empêché de vous dire plus tôt combien je vous sais gré de servir les trois dieux 2 qui président à votre ménage, Mme de Brenles et vous, vous en ajoutez un quatrième qui embellit les trois autres, c'est l'esprit, et l'esprit éclairé . Que votre charmante compagnie reçoive ici mes remerciements et mon admiration ! Que ne puis-je venir voir tous vos dieux ! J'ai avec moi, à Colmar, une nièce qui est veuve d'un officier du régiment de Champagne 3; elle aime les lettres, elle les cultive comme Mme de Brenles . Son amitié pour moi l'a engagée à être ma garde malade . Elle est assez philosophe pour ne pas refuser de se retirer avec moi dans quelque terre, et cette même philosophie ne lui ferait pas haïr un pays libre . Cette précieuse liberté et votre voisinage seraient deux belles consolations de ma vieillesse ; vous savez qu'il y a longtemps que j'y pense . On dit qu'il y a actuellement une assez belle terre à vendre, sur le bord du lac de Genève 4. Si le prix n'en passe pas deux cent mille livres de France, l'envie d'être votre voisin me déterminerait . Une moins chère conviendrait encore, pourvu que le logement et la situation surtout fussent agréables . Que ce soit à cinq ou six lieues de Lausanne , il n'importe : tout serait bon, pourvu qu'on y fût le maître, et qu'on pût avoir l'honneur de vous y recevoir quelquefois . S'il y a , en effet, une terre agréable à vendre dans vos cantons, je vous prie, Monsieur, d'avoir la bonté de me le mander ; mais il faudrait que la chose fût secrète . J'enverrais une procuration à quelqu'un qui l'achèterait d'abord en son nom . Vous n'ignorez pas les ménagements que j'ai à garder . Je ne veux rien ébruiter,5 rien afficher, et je ne dois me fermer aucune porte .

 

Je compte avoir l'honneur, Monsieur, de vous envoyer, par la première occasion, un nouveau tome de l'Histoire universelle, que je publie expressément pour condamner les deux premiers que l'on a si indignement défigurés, et que j'espère donner moi-même quand il en sera temps .

 

La vérité, quelque circonspecte qu'elle puisse être, a besoin de la liberté ; si je peux venir à bout de goûter les charmes de l'une et de l'autre avec ceux de votre société, je croirai ne pouvoir mieux finir ma carrière . Je supplie les deux nouveaux mariés de me conserver leurs bontés, et de compter sur mes respectueux sentiments .

 

Voltaire . »


2 Voir lettre du 21 mai à de Brenles à la suite de son mariage avec Etiennette-Suzanne Chavannes: « Il faut trois dieux dans un ménage, / L’Amitié, l'Estime et l'Amour ; / On dit qu'on les vit l'autre jour / Qui signaient votre mariage . »

Page 220 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411354g/f223.image.r=.langFR

3Marie-Louise Mignot veuve Denis, nièce et compagne de V*.

5 Les jésuites de la haute-Alsace espionnaient V* et parvinrent à l'empêcher de s'installer aux environs de Colmar , comme il en avait eut d'abord l'idée .

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