20/09/2012
Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons
... Avant que je mange les pissenlits par la racine ! Certains disent "bâtir, passe encore mais planter à cet âge ", ce qui m'inquiète un peu connaissant la rapidité de la croissance de ces cucurbitacées ; oserait-on insinuer que je ne passerai pas l'été prochain ?
Toujours est-il que les courges et citrouilles qui devaient orner le ventre du géant du château de Voltaire ont dû se métamorphoser en carrosses discrètement, car nous avons eu des fleurs, oui, mais des citrouilles point . Misère à poil, pas de gratin de courge, pas de soupe au potiron .
Cessons ces divagations, ô melon hallucinogène
Hiiipss !!
« A madame Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de BAIREUTH
A Monrion, janvier (1757).
Madame, souffrez que je vous réitère mes vœux pour la santé de Votre Altesse royale, et que je la remercie de ce qu'elle a bien voulu m'assurer, par M. le marquis d'Adhémar 1, de la continuation de ses bontés. Je prends la liberté de lui envoyer des nouvelles de Paris qui pourront lui paraître extraordinaires, et qui exerceront sa philosophie.
J'ignore si Votre Altesse royale a reçu les exemplaires de l'histoire 2 que je mets à ses pieds. Je me flatte que le roi son frère 3 continuera à fournir les plus beaux monuments de l'histoire moderne. Mais c'est à César qu'il appartient d'écrire ses Commentaires.
Je suis encore persuadé qu'il se souviendra qu'il m'a tiré de ma patrie; que je quittai pour lui mon roi, mon pays, mes charges, mes pensions, ma famille.
Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons 4, et je demanderais la protection de Votre Altesse royale s'il était à Berlin. Mais il a autre chose à faire qu'à honorer de ses melons mes potagers.
Que Votre Altesse royale et monseigneur daignent toujours agréer le profond respect et les prières de
Frère VOLTAIRE »
1 Antoine Honneste de Monteil de Brunier , marquis d'Adhémar, officier dans le régiment d'Heudicourt-cavalerie, dit le Saint et qui selon Mme de Graffigny, semblait tomber toujours des nues et « ne savait pas plus les usages que s'il venait du Monomotapa » . Il était « ami des philosophes ».
4 V* sollicité par Frédéric II de se rendre auprès de lui craignait de perdre dans sa cour sa liberté et son repos . Il refusa d'abord sous prétexte de la rigueur du climat de Berlin . D'Argens, La Mettrie et d'Algarotti furent chargés par le roi de lui écrire et le rassurer sur ce point . Darget , secrétaire du roi, joignit aux lettres un certificat en vers accompagné de deux melons cueillis au mois de juin à Potsdam . Voir lettre (236) du 10 juin 1749 de Frédéric à V* : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/22/text/
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