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29/09/2012

J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis heureux

... Ce que je dirai dans un peu moins d'une année, si les petits cochons ne me mangent pas .

 Dès ce jour mon blogounet entame sa cinquième année, tout comme celui de LoveVoltaire (à quelques jours près), et ce sont plus de cent cinquante mille visites et plus de trois cent dix mille pages lues qui, au fond de moi, m'encouragent .

A ceux qui me sont fidèles et à ceux qui arrivent sur ce blog par hasard, je ne demande qu'une chose : lisez Voltaire avec esprit, avec coeur, vous ne le regretterez pas .)

PS (Pensée Subliminale) : Les commentaires créent du lien, usez-en, s'il te-vous plait !

 

pomme raisin7471.JPG

 Cueillons ! cueillons !

 Au chateau de Voltaire, ces deux là n'ont pas froid aux ...

 

 

“A M. le comte d'ARGENTAL.
Conseiller d'honneur du Parlement

 rue de la Sourdière

 à Paris

 
A Monrion, près de Lausanne, 6 février 1757.

Moi, aller à Pétersbourg, mon cher ange . Savez-vous bien que ma petite retraite des Délices est plus agréable que le palais d'été de l'autocratrice? Si Dosmont joue la comédie, je la joue aussi ; et je fais le bonhomme Lusignan dans huit jours. Cela me convient fort,
Car à revoir Paris je ne dois plus prétendre;
Vous voyez qu'au tombeau je suis prêt à descendre.
(Zaïre, acte II, scène 3 , Lusignan.)1

Nous avons un bel Orosmane, un fils 2 du général Constant 3, qui a soupé avec vous à Argenteuil avec MIle du Bouchet 4. Votre tragédie de Robert-François Damiens, et de tant de fous, n'est donc pas encore finie Je ne sais pas pourquoi les comédiens ne hasardent pas Mahomet dans ces circonstances.

 Vous avez une belle âme d'aimer toujours le tripot au milieu de toutes les atrocités qui vous entourent. Les plus sages sont assurément ceux qui cultivent les arts, et qui aiment le plaisir tandis que les autres se tourmentent.
Le roi de Prusse m'a écrit de Dresde une lettre très-touchante. Je ne crois pourtant pas que j'aille à Berlin plus qu'à Pétersbourg je m'accommode fort de mes Suisses et de mes Genevois. On me traite mieux que je ne mérite. Je suis bien logé dans mes deux retraites. On vient chez moi on trouve bon qu'en qualité de malade je n'aille chez personne. Je leur donne à dîner et à souper, et quelquefois à coucher. Mme Denis gouverne ma maison. J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis heureux. Vous m'avouerez que ce Dosmont a tort de vouloir que je quitte tout cela pour l'aller entendre à Pétersbourg. S'il avait vu mes plates- bandes de tulipes au mois de février, il ne me proposerait pas ses glaces.
On dit que Mlle Dumesnil et Lekain se sont en effet surpassés dans Sémiramis. L'abbé 5 coadjuteur de Retz n'aurait-il pas mieux fait d'aller là qu'à son abbaye ?
Adieu, mon cher et respectable ami. Il n'y a que vous de sage, j'y compte aussi les anges.
Le Suisse VOLTAIRE.”
 

 2 David-Louis Constant de Rebecque, connu sous le nom de Constant d'Hermenches (1722-1785) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=david+louis;n=constant+de+rebecque

 3 Samuel Constant de Rebecque (1676-1756) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=samuel;n=constant+de+rebecque

 4 Mme d'Argental, née du Bouchet. Son mariage datait de 1737, semblait n'être pas connu de tout le monde . L'hôte doit donc être Constant l'aîné .

 5 L'abbé de Chauvelin, alors exilé pour avoir donné sa démission de conseiller de la troisième chambre des enquêtes. (CL.)

 

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