12/11/2013
messieurs; je vous ai comparés aux petites filles, qui s'imaginent que les hommes sont toujours debout
... Un peu de gaudriole ne peut nuire quand elle vient à propos chez Voltaire, soit ! dans la vie courante , idem , avec tact et mesure .
Mesdames et damoiselles vous le savez bien, l'homme est plus souvent roseau que chêne !
« A Claude-Etienne DARGET.
Aux Délices, 4 octobre [1758]
Je vous remercie, mon cher et ancien compagnon de Potsdam, d'avoir renvoyé la pancarte. Elle ne m'a pas paru si terrible; mais il est bon de prendre ses précautions dans un temps où l'on pend les gens pour des paroles.1
Est-il permis du moins de vous écrire que, tous tant que vous êtes à Paris, vous ne savez ce que vous dites avec votre prétendue seconde bataille des Russes, et leur prétendue victoire? Chimères toutes pures, messieurs; je vous ai comparés aux petites filles, qui s'imaginent que les hommes sont toujours debout 2. Vous pensez qu'on donne des batailles tous les jours. Cette cruelle guerre n'est pas prête à finir. Je m'unis à votre Te Deum pour la déconfiture des pirates anglais près de Saint-Malo ; c'est toujours une consolation.
Vous souvenez-vous du petit Francheville, qui avait passé de mon taudis au palais du prince de Prusse?3 Le prince Henri lui conserve ses appointements il m'a promis de me venir voir. Le roi de Prusse m'a écrit deux lettres depuis son affaire avec les Russes. Je vous assure qu'il n'a pas le style d'un homme vaincu.
Je n'abandonne point du tout Pierre le Grand, quoiqu'on ait battu les troupes de sa fille; je suis trop fidèle à mes engagements.
Je n'ai jamais reçu le paquet du 25 de juillet 4 dont vous parlez; mais je recevrai avec la plus grande satisfaction les lettres que vous voudrez bien écrire à votre ancien ami le campagnard, et heureux campagnard. »
1 Voir lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/vous-croyez-donc-qu-on-s-egorge-tous-les-jours-comme-les-pet.html
2 Ce passage a sans doute été adouci par l'éditeur ; voir le début de la lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot .
3 Voir lettre 2973 tome III Les Lettres de Voltaire Pléiade page 521, note 5 . André du Fresne de Francheville, fut secrétaire de V* en 1752 : voir page 628 : http://books.google.fr/books?id=CHJVaqS5BzEC&pg=PA628&lpg=PA628&dq=andr%C3%A9+de+francheville+henri+de+prusse+voltaire&source=bl&ots=FhgPf22BLT&sig=9K8bnLWtD07HvsKMJ_mE1eqSpLM&hl=fr&sa=X&ei=LTuCUq3pIqml0QWYsoD4CQ&ved=0CDAQ6AEwAA#v=onepage&q=andr%C3%A9%20de%20francheville%20henri%20de%20prusse%20voltaire&f=false
et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/264-joseph-dufresne-de-francheville
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