11/11/2013
j'ai besoin d'un honnête procureur normand. En connaîtriez-vous quelqu'un dont je pusse employer la prose ?
... Tout comme le grand François, à Oyonnax, qui nous a régalé [sic] d'un discours lui aussi en prose pondu, je le pense à 95%, par un pisse-copie élyséen . Sans aucun risque, je mettrais ma main au feu que ce n'était pas Sérillon [ouf ! ] qui tenait la plume .
Ce discours va donner du grain à moudre à tous les exégètes en mal d'analyses de coupeurs de cheveux en douze , et, pour une fois ne sera pas suivi d'une rétractation, coutumière hélas !
Qu'on l'aime ou pas, je suis bien certain qu'il y a peu de ses critiques qui oseraient prendre sa place .
A Chevry
« A Pierre-Robert le Cornier de CIDEVILLE.
ancien conseiller au parlement de Rouen
rue Saint Pierre
à Paris
et s'il n'y est pas
à sa terre de Launay
à Rouen
Aux Délices, 4 octobre [1758]
Que les Russes soient battus, que Louisbourg soit pris, qu'Helvétius ait demandé pardon de son livre, qu'on débite à Paris de fausses nouvelles et de mauvais vers, que le parlement de Paris ait fait pendre un huissier pour avoir dit des sottises, ce n'est pas ce dont je m'inquiète; mais M. Angot de Lézeau,1 et quatre années qu'il me doit, sont le grave sujet de ma lettre. Peut-être M. Ango me croit-il mort; peut-être l'est-il lui-même. S'il est en vie, où est-il ? S'il est mort, où sont ses héritiers? Dans l'un et l'autre cas, à qui dois-je m'adresser pour vivre?
Pardonnez, mon ancien ami, à tant de questions. Je me trouve un peu embarrassé; j'ai essuyé coup sur coup plus d'une banqueroute. Notre ami Horace dit tranquillement
Det vitam, det opes; aequum mi animum ipse parabo.2
Vraiment je le crois bien . Voilà un grand effort! Il n'avait pas affaire à la famille de Samuel Bernard et à M. Ango de Lézeau. Ce petit babouin crut faire un bon marché avec moi, parce que j'étais fluet et maigre; vivimus tamen, et peut-être Ango occidit dans son marquisat.3
Qu'il soit mort ou vivant, il me semble que j'ai besoin d'un honnête procureur normand. En connaîtriez-vous quelqu'un dont je pusse employer la prose ?
Mais vous, que faites-vous dans votre jolie terre de Launai ? bâtissez-vous? plantez-vous? avez-vous la faiblesse de regretter Paris ? ne méprisez-vous pas la frivolité, qui est l'âme de cette grande ville? Vous n'êtes pas de ceux qui ont besoin qu'on leur dise
Omitte mirari beatae Fumum et opes strepitumque Romae 4.
Cependant on dit que vous êtes encore à Paris ; j'adresse ma lettre rue Saint-Pierre, pour vous être renvoyée à Launai, si vous avez le bonheur d'y être. Adieu; je vous embrasse.
Nisi quod non simul essem, caetera laetus.5
V. »
1 Vers le mois de juin 1733, V* donna à rente viagère au marquis Angot ou Ango de Lézeau, qui s’était marié en 1732, la somme de 18000 francs ; mais, comme on dit il lui joua le tour de vivre encore quarante cinq ans après ce marché . Au mois de juillet 1755 le marquis devait encore 2300 francs d'arréage à V*. Voir lettre du 19 juin 1733 à Cideville, page 391 : http://books.google.fr/books?id=CKQGAAAAQAAJ&pg=PA327&lpg=PA327&dq=Angot+de+L%C3%A9zeau&source=bl&ots=QI_LhDLv13&sig=CJOIg7xNwE5Q4kQFtiJCojGIKEI&hl=fr&sa=X&ei=YW2BUoWpEIL20gWkpYDYDw&ved=0CDoQ6AEwAw#v=onepage&q=Angot%20de%20L%C3%A9zeau&f=false
2 Avec quelques inversions : Que [Jupiter] me donne la vie, qu'il me donne des ressources : pour l'égalité d'âme, c'est à moi-même à me l'assurer . Horace, Épîtres, I, xviii, 112 .
3 Pourtant nous vivons, [et peut-être Angau] a péri [dans son marquisat .]
4 Voir lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/v...
Cesse d'admirer la fumée, les richesses et le bruit de l'opulente Rome.
5 Si ce n'est que nous ne sommes pas ensemble, pour le reste je suis heureux .Horace, Épîtres, I, x, 50.
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