20/04/2015
La multitude épouvantable de livres qui s'accumulent de tous côtés ne permet peut-être pas qu'on entre dans beaucoup de détails
... Pas plus par écrits que par paroles . Qui pourrait encore se vanter d'être un Pic de La Mirandole sans le secours du Net ? personne bien sûr .
« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOV.
22 avril 1760 , par Genève
aux Délices.
Monsieur, la personne qui est allée à Francfort-sur-le-Mein, et qui s'est chargée de s'informer de l'aventure du paquet du mois de septembre ou octobre dernier, me mande qu'on attend de Hambourg, tous les jours, une édition de l'Histoire de Pierre le Grand, sous le nom des libraires de Genève. Cette nouvelle est assez vraisemblable vu le rapport ci-joint du directeur des postes de Strasbourg 1; les libraires de Genève ont tiré à grands frais huit mille exemplaires de leur édition, qui leur restent entre les mains. Je fais l'impossible depuis quatre mois pour les apaiser. Je suis toujours entièrement aux ordres de Votre Excellence. Le plus grand de mes plaisirs, dans ma vieillesse, est de travailler au monument que vous érigez au plus grand homme du siècle passé. La multitude épouvantable de livres qui s'accumulent de tous côtés ne permet peut-être pas qu'on entre dans beaucoup de détails. L'esprit philosophique qui règne de nos jours permet encore moins un fade panégyrique. Le milieu entre ces deux extrémités est difficile à garder ; mais je ne désespère de rien, monsieur, quand je serai aidé de vos conseils et de vos lumières. Ce sera par votre seul moyen que je pourrai parvenir à ne blesser ni la vérité, ni la délicatesse de votre cœur, ni le goût des gens de lettres, qui seuls décident, à la longue, de la bonté d'un ouvrage. Je souhaite surtout que votre Histoire de Pierre le Grand, dans laquelle je ne suis que votre copiste, puisse servir de réponse aux calomnies répandues contre votre nation et contre votre auguste souveraine, dans le recueil qui vient de paraitre. J'ai l'honneur d'être, avec le plus respectueux dévouement,
monsieur,
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire."
1 François-Louis Dufresnoy avait écrit à V* à ce sujet le 14 avril 1760 : « Je suis désolé des inquiétudes que vous occasionne le paquet que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser pour M. le comte de Keizerling . J'ai tout lieu d'espérer qu'il n'est pas perdu . J'écris à Vienne à M. de Sainte-Foix, secrétaire de l'ambassade pour en avoir des nouvelles . Vous me dites, monsieur, que le paquet n'est pas parvenu à Vienne ; je suis cependant assuré qu'il est parti à l'adresse de M. le comte de Choiseul ; mais il m'est impossible de m'en rappeler l'époque […] . Je me rappelle que je l'ai accompagné d'une lettre à M. de Sainte-Foix . Je lui mandais de quoi il était question […] si l'on vous mande vrai lorsqu'on vous assure que l'ouvrage s'imprime en Allemagne, le paquet a été volé , il ne sera pas impossible en ce cas de se faire rendre raison de cet attentat . La dépêche était adressée à M. de Choiseul . Si monsieur l'ambassadeur ne l'a pas reçue, le soupçon ne peut tomber que sur le bureau de Nuremberg . J'attends, monsieur, avec autant d'impatience que vous même , la réponse de monsieur de Sainte-Foix. ».
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