08/07/2017
Tantum relligo potuit suadere malorum ! / Tant la religion a pu conseiller de crimes !
... Et pour le moins d'injustices, comme au Salvador --le mal nommé-- : http://www.20minutes.fr/monde/2101431-20170708-salvador-3...
Comment peut-on conserver de telles lois qui défient l'entendement et oppriment les femmes ? Un machisme imbécile et lâche est donc le terrible point commun de ces intégristes religieux , tant chrétiens que musulmans ou autres infâmes !
Croisement hautement dangereux
« A Bernard-Louis Chauvelin
Aux Délices 13 août [1762]1
Vous connaissez donc aussi, monsieur, le prix de la santé par les maladies ! Vous avez donc souffert comme moi ! Il y a quelque cinquante ans que je fais le métier, et je n’y suis pas encore entièrement accoutumé. Je vous crois bien persuadé que les rois et les représentants des rois n’ont rien de mieux à faire que de se bien porter. On parle d’une colique violente qui a délivré Pierre Ulric 2 du petit désagrément d’avoir perdu un empire de deux mille lieues. Il ne manquera plus qu’un Ninias à votre Sémiramis pour rendre la ressemblance parfaite. J’avoue que je crains d’avoir le cœur assez corrompu pour n’être pas aussi scandalisé de cette scène qu’un bon chrétien devrait l’être. Il peut résulter un très grand bien de ce petit mal. La Providence est comme étaient autrefois les jésuites ; elle se sert de tout. Et d’ailleurs, quand un ivrogne meurt de la colique, cela nous apprend à être sobres.
Si vous n’avez pas les mémoires des Calas, ordonnez par quelle voie vous voulez qu’on vous en adresse. Cette aventure est bien mince en comparaison de tout ce qui se passe chez les grands de la terre, mais enfin c’est quelque chose qu’un vieillard, qu’un père de famille, accusé d’avoir pendu son fils par dévotion, et roué sans aucune preuve. Tantum relligo potuit suadere malorum ! 3 Voici, en attendant, deux petites relations 4 qui pourront vous amuser quelques moments ; elles supposent des mémoires précédents . Mais ces mémoires enfleraient trop le paquet.
La tragédie des Calas, et celle qui se joue depuis Pétersbourg jusqu’en Portugal, ne m’ont pas fait abandonner la famille d’Alexandre 5. Je n’ai pas cru devoir laisser imparfait un ouvrage sur lequel vous avez daigné m’honorer de vos conseils . Vous m’avez rendu chère cette pièce à laquelle vous avez bien voulu vous intéresser. Si jamais il vous prend envie de la relire, vous n’avez qu’à commander.
Pierre Corneille m’occupe encore plus que Pierre Ulric. C’est une terrible tâche que d’être obligé d’avoir toujours raison dans quatorze tomes.
Il faut donc renoncer à l’espérance de voir vos excellences dans nos jolis déserts. Cependant le théâtre est tout prêt ; et quand madame l’ambassadrice voudra faire pleurer des Allobroges, il ne tiendra qu’à elle. Il faudra que mademoiselle votre fille joue Joas dans Athalie, et moi, si l’on veut, je ferai le confident de Mathan, Qui ne sert ni Baal ni le Dieu d’Israël 6. Ma piété en sera effarouchée ; mais il faut se faire tout à tous 7.
Que votre excellence me conserve ses bontés . J’en dis autant à madame l’ambassadrice, à qui ma nièce présente la même requête. »
1 Une main tardive a noté sur le manuscrit « à M. de Shouwalof » qui fut accepté jusqu'à ce que Beuchot note : « toute la fin de cette lettre [à partir du paragraphe 3] me porte à croire qu'elle est adressée au marquis de Chauvelin ». Moland en fit alors une lettre séparée ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-23-123140158.html
2 Empoisonné et étranglé .
3 Tant la religion a pu conseiller de crimes ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .
4 Histoire d’Élisabeth Canning et des Calas .
5 Olympie .
6 Adapté d'Athalie, III, 3 .
7 Adapté de la Première Épître aux Corinthiens, IX, 22 ; voir : https://bible.catholique.org/1ere-epitre-de-saint-paul-apotre-aux/3369-chapitre-9
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