09/01/2020
je crois qu'il est de mon devoir de vous soumettre mes intentions et mes intérêts
... Ainsi parle Carlos Ghosn, branche pourrie de la classe des magnats de l'industrie . J'enrage devant le déluge de qualificatifs admiratifs des journalistes concernant son "évasion" qui, en fait, n'est que ridicule, d'une banalité affligeante quand on parle d'un multimillionnaire capable d'acheter des sbires, sans compter . Combien de temps va-t-on écouter, et s'intéresser à cet escroc ? On est loin de Latude .
« A Louis-Eugène, prince de Wurtemberg
A Ferney, 13 novembre 1764 1
Monseigneur,
Quoique je présume que Votre Altesse Sérénissime m'accorde liberté de conscience, ce n'est pourtant pas d'affaires spirituelles que j'aurai l'honneur de l'entretenir, mais bien de temporelles . Prêt à passer un contrat avec monseigneur le duc votre frère, je crois qu'il est de mon devoir de vous soumettre mes intentions et mes intérêts . Ces intérêts sont principalement ceux de ma nièce qui a tout quitté pour me suivre dans mes retraites . J'établis quelques rentes sur sa tête et sur celle d'une autre nièce .
Ces rentes sont principalement hypothéquées sur les domaines de Montbéliard, de Franche-Comté et d'Alsace . Je crois que ces terres sont substituées à Votre Altesse Sérénissime suivant l’ancien règlement de votre illustre maison . Je sais encore mieux quelle serait votre générosité dans le cas où le duché vous appartiendrait . Aussi je ne demande que votre agrément et votre approbation qui me tiendront lieu de tout . Mon sincère attachement à Votre Altesse Sérénissime et vos bontés autorisent ma démarche . Une fluxion sur les yeux, qui m'ôte presque entièrement la vue, m'empêche d’écrire de ma main . Le secret de votre bonté pour moi n'en sera pas moins scrupuleusement gardé .
Agréez avec la bienveillance ordinaire le respect avec lequel j’ai l'honneur d'être
monseigneur
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. » .
1 Cette lettre est complétée par une autre dont l'original est conservé et qui, quoique signée de Marie-Louise Denis, a certainement été dictée par V* . C'est pourquoi il a paru bon d'en donner le texte ici : « A Ferney le 20 novembre 1764 / « Monseigneur, / Si mon oncle n'était pas malade, il viendrait certainement remercier Votre Altesse Sérénissime de ses bontés . Permettez que j'aie l'honneur de vous écrire à sa place . Nous comptons lui et moi sur la générosité de vos sentiments . / Il a placé quelques rentes sur ma tête entre les mains de monseigneur le duc votre frère . Ces rentes ne sont point établies sur le duché de Virtemberg, mais sur les domaines d’Alsace et de Franche-Comté . Je ne sais si le contrat n'est pas passé actuellement . / J'ignore si ces terres sont substituées à Votre Altesse Sérénissime . J’ose la supplier de daigner m'en instruire . S'il arrivait un malheur dont votre seul avènement au duché pourrait nous consoler, je suis sûre qu'une âme aussi élevée que la vôtre ne me ferait jamais repentir de voir mon bien placé sur les terres de votre illustre maison . / Il ne s'agit pour moi que de dix-huit à vingt mille livres de rentes viagères, et quand même il y en aurait davantage, Votre Altesse Sérénissime ne voudrait pas sans doute que j'en fusse un jour dépouillée . / Nous sommes bien loin mon oncle et moi d'oser compromettre en rien la magnanimité de Votre Altesse Sérénissime . Un mot conforme à votre manière de penser si juste et si noble nous sera une caution plus sûre que tous les contrats et toutes les formalités des parlements d'Alsace et de Besançon, et ce mot sera enseveli dans le secret . / Mon oncle ne peut dans l'état où il est aller dans ces deux provinces . Il croit d'ailleurs les formalités très inutiles avec des princes dont les sentiments égalent la naissance . Je me flatte que je joindrai toute ma vie la reconnaissance au respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, / monseigneur / de Votre Altesse Sérénissime / la très humble et très obéissante servante / Denis . »
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