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21/02/2022

Ô anges ! je n’ai jamais tant été au bout de vos ailes

... Si cet énergumène de Zemmour fait appel à St Michel archange* comme chef des troupes angéliques qui doivent nous défendre du démon -donc tous ceux qui ne sont pas de son avis-, sur quel camp diabolique le fait-il aller combattre du côté de l'Ukraine ? Ce truqueur patenté a le trouillomètre à zéro et faute d'avoir 500 signatures de maires il fait appel aux anges guerriers . Je ne doute pas que d'ici peu il se réclame des signatures de zombies, dont il a déjà la trombine .

* Pour info : https://www.universalis.fr/encyclopedie/michel/

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Il n'y a pas que les anges qui soient fâchés par l'énergumène

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

20 novembre 1766

Divins anges, vous vous y attendiez bien ; voici des corrections que je vous supplie de faire porter sur le manuscrit.

Maman Denis et un des acteurs 1 de notre petit théâtre de Ferney, fou du tripot, et difficile, disent qu’il n’y a plus rien à faire, que tout dépendra du jeu des comédiens ; qu’ils doivent jouer Les Scythes comme ils ont joué Le Philosophe sans le savoir 2, et que les Scythes doivent faire le plus grand effet, si les acteurs ne jouent ni froidement ni à contre-sens.

Maman Denis et mon vieux comédien de Ferney assurent qu’il n’y a pas un seul rôle dans la pièce qui ne puisse faire valoir son homme. Le contraste qui anime la pièce d’un bout à l’autre doit servir la déclamation, et prête beaucoup au jeu muet, aux attitudes théâtrales, à toutes les expressions d’un tableau vivant. Voyez, mes anges, ce que vous en pensez . C’est vous qui êtes les juges souverains.

Je tiens qu’il faut donner cette pièce sur-le-champ, et en voici la raison. Il n’y a point d’ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu’on ne m’impute . Les livres de cette espèce pleuvent de tous cotés. Je serai infailliblement la victime de la calomnie si je ne prouve l’alibi. C’est un bon alibi qu’une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! peut-il faire à la fois cinq actes, et cela, et cela encore ? » Les honnêtes gens alors crient à l’imposture.

Je vous supplie, ô anges bienfaiteurs ! de montrer la lettre ci-jointe 3 à M. le duc de Praslin, ou de lui en dire la substance. Il sera très utile qu’il ordonne à un de ses secrétaires ou premiers commis d’encourager fortement M. du Clairon à découvrir quel est le polisson qui a envoyé de Paris aux empoisonneurs de Hollande son venin contre toute la cour, contre les ministres, et contre le roi même, et qui fait passer sa drogue sous mon nom 4.

Comme j'en étais là, je reçois votre lettre du 13 . je pense absolument comme M. le duc de Praslin, qu'il ne faut pas imprimer les lettres de Jean-Jacques tirées du dépôt 5 , avec l’authenticité d'une permission du ministère . Mais il faudra bien les imprimer et rectifier les dates, si Jean-Jacques ose nier son écriture, ce 6 qu'il fera sans doute en se prévalant de la méprise sur ces dates, on peut avoir eu ces lettres originales des héritiers de M. du Theil . Elles ne sont point censées devoir être dans le dépôt des Affaires étrangères, parce qu'elles ne regardent point les affaires d’État, et que ce n'est qu'une discussion entre un maître et un valet menacé de coups de bâton .

La lettre sous mon nom au docteur Pansophe est probablement de l'abbé Coyer . Si je l'avais écrite, je serais bien loin de la désavouer, elle est digne des Provinciales .

Mais prenez garde que je mentirais si ayant eu le bonheur d’écrire cette lettre charmante à Jean-Jacques je disais à M. Hume que je n'ai pas écrit à Jean-Jacques depuis 7 ans .

Cela est très vrai . Je ne mens point, ma lettre à M. Hume ne contient que des faits incontestables, et des faits qu'il m'était important d'éclaircir . Ce malheureux m'avait calomnié, et il a fallu me justifier 7 .

Voici la destination que je fais, selon vos ordres, des rôles pour l’académie royale du Théâtre-Français.

Ô anges ! je n’ai jamais tant été au bout de vos ailes.

V.

N. B. Il y a pourtant dans la Lettre au docteur Pansophe des longueurs et des répétitions. Elle est certainement de l’abbé Coyer.

N. B. Voulez-vous mettre mon gros neveu, l’abbé Mignot, du secret ? »

1 Voltaire lui-même.

4 Il s’agit toujours des lettres qui donnèrent lieu à l’Appel au public ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/589

5Elles sont publiées dans les Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume (novembre 1766 ) : https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume

6 Ici se termine la quatrième page du manuscrit original ; la suite a été prise de la copie Beaumarchais-Kehl .

7 Les quatre paragraphes qui précèdent ont été biffés sur la copie Beaumarchais-Kehl et de ce fait manquant dans toutes les éditions . Cette suppression est caractéristique : les éditeurs de Kehl suppriment ce qui peut témoigner d'une hostilité trop violent à l'intérieur du groupe des « philosophes ».

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