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01/07/2022

un impudent est celui qui ayant dit, écrit et fait tant de sottises, veut qu'on lui érige une statue

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« A Jean -André de Luc

[février 1767] 1

Monsieur de Luc doit faire convenir M. J.-J. R. de la valeur du mot imprudent . L'imprudent est celui qui, pouvant vivre heureux chez lui, s'est mis au point de n'avoir ni feu ni lieu . Qui a changé de religion trois fois . Qui s'est pâmé de joie en communiant de la main de M. de Montmolin, et qui le lendemain , a écrit contre son prédicant . Qui a barbouillé une comédie et qui , ensuite, a barbouillé du papier contre la comédie . Qui s'est mêlé de laver les prédicants de Genève de l'accusation de socinianisme et qui ensuite a imprimé qu'ils étaient sociniens . Qui s'est fait avocat pour et contre sans en être prié de personne, comme l'avocat Breniquet . L’imprudent est celui qui s'est brouillé avec tous ses amis et avec ses bienfaiteurs . On conseille à J.-J. de ne plus se contredire, de tâcher de vivre heureux, et alors il sera prudent, mais comme il n'a jamais eu la simplicité de la colombe il ne faudra pas qu'il ait la prudence du serpent .

N.B. – Si dans la lettre de […] , à monsieur de Luc il y a impudent et non imprudent 2 il faut encore le faire convenir qu'un impudent est celui qui ayant dit, écrit et fait tant de sottises, veut qu'on lui érige une statue... »

1 Copie par Dupan ; édition Gustave L. Van Roosbroeck, « An unknown letter of Voltaire about J.-J. Rousseau », avril 1923, qui date de 1766.

2 Avant de transcrire cette lettre qu'il adressait à Mme Freudenreich, Dupan écrit à celle-ci : « Je vous ai envoyé, madame, la lettre de Rousseau du 31 janvier où il est parlé de l'impudence ordinaire de Volt. Quelques copistes ont ajouté une r à ce mot et en ont fait imprudence . Volt a trouvé l'injure plus forte . Il peut être quelquefois beau, dit-il, d'être impudent à l'âge de soixante-treize ans, mais à cet âge il n'est pas permis d'être imprudent . Et le lendemain, il envoya ce qui suit à la personne qui lui avait parlé de cette lettre . » En fait , la lettre de Rousseau, écrite de Wooton à Ivernois ( et non à de Luc) commence dans l'original (conservé à Neuchâtel ) comme suit : « Jamais, monsieur, je n'ai écrit ni dit ni pensé rien de pareil aux extravagances qu'on vous dit avoir trouvées écrites de ma main dans les papiers de M. Lenieps, non plus rien de ce que M. de Voltaire publie, avec son impudence ordinaire, être écrit et signé de moi dans les mains du ministre Montmolin . »